Souhil Meddah, expert financier : «les startups doivent s’ouvrir sur les domaines des voitures électriques»
Entretien réalisé par Yacine Bouali
Le Président Tebboune, présidant un Conseil des ministres ce dimanche, a insisté sur «la cylindrée du moteur des véhicules importés par les concessionnaires et qui ne doit pas dépasser 1,6 litres, les particuliers pouvant importer librement les véhicules dont la
cylindrée est supérieure à 1.6 litres». Quel commentaire en faites-vous ?
Cette délimitation des critères acceptés vis-à-vis des puissances des moteurs sera sans doute adossée aux conditions d’achat depuis l’étranger, notamment sur l’aspect financier, qui en fonction du coût, va permettre une optimisation des dépenses en devises sur le compte des réserves de change.
Cette décision s’annonce principalement comme un des leviers secondaires de régulation qui s’inscrivent dans le domaine du protectionnisme non tarifaire, avec une option monétaire.
Cette forme de protectionnisme peut également s’appliquer sur une durée très longue, sans que les fondements du marché des véhicules ne soient pénalisés, car même si la demande existe, le besoin n’est pas aussi vital au même titre qu’un simple désir.
D’autre part, il s’agit aussi d’anticiper également sur les coûts des achats des pièces de rechange, qui d’habitude coûtent plus chers pour les moteurs ayant une cylindrée plus importante.
Pour ce qui est des particuliers qui disposent des moyens d’importer les véhicules à grosses cylindrées, il est utile de rappeler que leur capacité doit se confirmer à travers leurs soldes monétaires en devises étrangères et non en dinar, pour ne pas trop solliciter le
marché parallèle de la devise.
M.Tebboune a également ordonné l’ «affectation d’un quota de 15% du total des véhicules importés aux véhicules électriques, à condition de réduire au minimum des véhicules diesel». Le défi est-il réalisable ?
Le domaine des véhicules électriques est un domaine futuriste très important, il s’agit d’un secteur révolutionnaire qui va sans doute bouleverser les domaines de consommation énergétique, d’éducation civique des personnes, de la pression sur les autres modes de
consommations et aussi sur les orientations des produits technologiques.
Mais cette virée vers les voitures électriques nécessite avant tout, un investissement sur les structures d’alimentation, des structures d’accueil spécialisées dans la maintenance et l’entretien, mais aussi d’une réglementation vis-à-vis des tarifs appliqués. Elle nécessite
aussi, un investissement dans le savoir qui doit s’amorcer en même temps de sa généralisation, afin de se lancer sur des industries de sous-traitance qui s’attachent à ce même domaine (des voitures électriques).
Dans le même ordre d’idées, j’invite nos futures startups de s’ouvrir sur les domaines des voitures électriques et des voitures sans chauffeurs, qui seront les nouvelles technologies de demain.
La politique des startups est une bonne chose, sauf qu’elle doit s’inscrire sur une anticipation des révolutions technologiques futures et non la reproduction des produits qui existent déjà !
Yacine Bouali