Souhil Meddah, expert financier : «L’investissement doit se poser dans un espace beaucoup plus macroéconomique»
Entretien réalisé par Mohamed Ait S.
La Patrie news :A la faveur de la nouvelle loi sur l’investissement, l’Agence algérienne de promotion de l’investissement, sera placée désormais sous l’autorité du Premier ministre. Un gage d’une meilleure transparence et de meilleurs résultats ?
M. Souhil Meddah :L’objectif ou le souhait d’atteindre des résultats probants à travers une gestion efficace des dossiers d’investissement peut compter graduellement sur les reformulations structurelles annoncées. Il peut également compter sur les offres et assistance qu’on souhaite introduire, via des accompagnateurs techniquement spécialisées ou ayant toute la latitude en réseau pour intervenir ou faire intervenir toutes les parties concernées dans un dossier d’investissement et de manière très coordonnée et synchronisée.
Cependant, il ne peut pas entre autres compter uniquement sur les recadrages administratifs répétés, car l’instrument administratif demeure un moyen efficace pour organiser les taches, pour les archiver, les contrôler, de les coordonner ou les transférer à toutes parties, le cas échéant, mais il n’en demeure pas moins que la question de l’investissement doit aussi se poser dans un espace beaucoup plus macroéconomique et, ne doit pas uniquement inclure les décisions ou les livrables fournies par un seul département ministériel.
Cette nouvelle configuration revient après une phase de conceptualisation, qui au détriment des résultats précédents connus, décide de se détacher du conseil national d’investissement – CNI -, pour que les prérogatives reviennent vers l’ANDI reconfigurée en ANPI. Sachant que les véritables questions n’étaient pas d’ordre organisationnel, mais plutôt sur les contenus des processus d’investissement et surtout, sur le rôle des structures d’accompagnement, comme étant des facilitateurs institutionnels ou en s’imposant de fait comme des partenaires en négociation, qui décident si un investissement vaut le coup d’être accepté ou non.
D’autre part, l’installation des guichets uniques est un élément qui garantit une efficience totale en coût et en temps, à condition que ce système soit doté de tous les moyens techniques de fonctionnement, moyens de coordination avec les autres services, de toutes les compétences capable de centraliser ou de consolider l’ensemble des règles et lois en vigueurs. Et aussi des délégations des pouvoirs qui permettent aux intervenants dans ces guichets, d’appliquer ou de faire appliquer pour tous les autres intervenants de l’écosystème, toutes les décisions destinataires au projet.
Le Président de la République a également chargé le Gouvernement de parachever les textes relatifs aux différentes agences chargées du foncier et de finaliser l’opération de recensement des assiettes foncières disponibles ou inexploitées afin de les mettre à la disposition des investisseurs de manière transparente et rationnelle. Un commentaire ?
Il est très important de recenser l’état du parc du foncier industriel, mais il est également important de prendre conscience que le monde de l’investissement n’attend pas. Un choix d’investissement se cadre sur trois variants importants qui sont, la Valeur actuelle nette (VAN) qui peut à tout moment être influencée soit par le cycle d’opportunité de l’investissement ou bien par des faits particulier, comme le cas de la situation géopolitique actuelle. Egalement le taux de rendement interne (TRI), qui de facto va agir sur le délai de récupération de l’investissement et enfin sur l’option de placement par des dépôts a terme ou d’achat de titres de créances. Cette option de placement doit actuellement être limitée que sur des taux marginaux par rapport à l’ensemble des flux, car notre tissu économique nécessite une industrialisation imminente et importante.
L’autre décision prise en Conseil des ministres, porte renforcement du système judiciaire pour protéger les investisseurs des abus bureaucratiques, à travers la création d’un mécanisme indépendant de haut niveau, composé de magistrats et d’experts économiques et financiers. Un atout pour maitriser ce fléau de la bureaucratie qui gangrène l’investissement ?
C’est un dispositif qui doit être généralisé sur l’ensemble des processus sans qu’il soit traité dans un cercle restreint et de façon subjective, c’est-à-dire que le dépassement administratif doit être corrigé et régulé régulièrement, Mais ce qui est important aussi, c’est la nature et la taille de l’investissement sachant que chez nous, nous n’avons pas un antécédent d’investisseurs privés ayant la qualité de capitaines d’industries. Donc, il est important que les investisseurs ne se détachent pas de la réalité qu’ils entretiennent, ni même compter sur des dons ou des soutiens financiers sans une contrepartie en capitaux propres qui sous statutairement justifié.
D’un autre côté, il est très important de protéger les représentants de l’administration, tout en leur accordant des prérogatives qui a la limite de leur compétence, ne doivent pas dépasser les limites de la liberté d’investir.
M. A. S