Taux de change : nécessité de réduire les spéculations dans le marché informel
Plus que jamais, et compte tenu d’une série de paramètres dont la dépréciation du dinar, les autorités monétaires sont appelés à mettre une politique optimale du taux de change. Dans une analyse comparative, Rakhrour Youssef, Djedi Larbi, Cheloufi Omeyr de l’Université de Laghouat, affirment qu’ «une dépréciation du taux de change augmente les prix des importations car les importateurs ajustent immédiatement leurs prix proportionnellement à la hausse de leurs coûts». Ils soulignent qu’une «appréciation de taux de change effectif réel entraine une hausse de l’indice des prix à la consommation et les prix à l’importation mais leur réaction s’amortit au fil du temps».
En effet, dans nombre des économies ouvertes, la stabilité des taux de change est devenue un objectif intermédiaire fondamental. Il s’agit selon les trois universitaires de trouver le taux de change d’équilibre. Certes, un taux de change faible favorise les exportations mais il est une source de tensions inflationnistes et n’incite pas à l’amélioration des gains de productivité des entreprises nationales, protégées de la concurrence internationale. Un taux de change trop élevé, lui, renchérit les exportations et «risque de conduire les entreprises le moins concurrentielles à la faillite.
Côté Banque d’Algérie, on explique que les ajustements qu’a connus le taux de change du dinar avaient pour objectif de «prévenir toute appréciation du taux de change effectif réel dommageable pour la stabilité macroéconomique à moyen terme». Aussi, «la relative flexibilité du cours du dinar sur le marché interbancaire des changes permet d’absorber, en partie, l’effet de la chute des prix du pétrole. Les interventions de la Banque d’Algérie sur ce marché s’inscrivent dans cet objectif stratégique».
Ces ajustements ont-ils suffi ? Les experts voient les choses autrement à s’attendent à une politique de change offensive. Cette politique, explique M. Lekkam, universitaire, est «toujours restrictive même si on parle d’un marché des changes pseudo-libéral à travers les mécanismes du marché interbancaire de change».
Outre les banques, appelées à «jouer le rôle de ‘‘passerelle’’ en vue de la réussite de la politique monétaire ainsi que la politique de change», l’universitaire préconise l’installation d’un marché des changes à terme dans les plus brefs délais par la Banque Centrale. Objectif : permettre une meilleure gestion du marché des changes et évitera les fortes spéculations dans le marché informel des changes.
Une autre condition déterminera, selon M. Lekkam la politique du change : la promotion d’un vrai marché boursier en Algérie qui permettra de «drainer les capitaux étrangers et vraisemblablement une meilleure gestion du risque de change». A ses yeux, les autorités monétaires algériennes en adoptant la politique de flottement dirigé de la monnaie nationale, «doivent assurer la stabilisation du taux de change réel du dinar à son niveau d’équilibre qui participe à la promotion d’un climat favorable à l’investissement».
Maya Merzouk