Tayeb Louh à la barre des accusés : « Que je sois accusé d’interférences dans les prérogatives des magistrats est une honte »
Tayeb Louh, ancien ministre de la Justice a été appelé à la barre des accusés juste après l’audition de l’ancien secrétaire général dudit département ministériel, également inculpé dans cette affaire. Sans surprise, l’ancien homme puissant du secteur de la justice a récusé tous les chefs d’inculpation retenus contre lui (abus de fonction, incitation à la falsification de documents officiels et incitation au favoritisme). « C’est un précédent grave (…) Ceux, qui ont actionné la justice contre moi devront assumer leurs responsabilités devant Dieu et devant les algériens » a-t-il vilipendé ses accusateurs dans sa réponse à la première question du juge de siège. Il a invoqué aussitôt le soubassement politique du procès, en affirmant qu’il est « sanctionné » pour avoir engagé une procédure judiciaire contre le fils d’un haut responsable dans la hiérarchie de l’Etat. Il n’a pas voulu en dire davantage, au motif qu’il lui est interdit de violer le secret d’une affaire en instruction. « J’ai été placé en mandat de dépôt pour avoir soi-disant donné des instructions à des magistrats, dans un contexte inconstitutionnel sous un chef de l’Etat non élu » a-t-il soutenu, puis de poursuivre : « Je paie le prix fort pour l’indépendance de la justice. Il aurait fallu me rendre hommage devant un tribunal que j’ai moi-même inauguré ». S’exprimant d’une voix outrée, l’ancien Garde des Sceaux ne semble pas s’accommoder de son statut de justiciable. Il n’a eu de cesse de relever, lors de son audition, le caractère abusif des poursuites judiciaires engagées contre sa personne. « Que je sois accusé d’interférences dans les prérogatives des magistrats est une honte. On cherche à salir ma réputation » s’est-il emporté sans s’aventurer à contredire les faits par des faits (échanges de textos considérés comme des instructions donnés à des magistrats pour blanchir Chakib Khellil et son épouse des charges retenues contre le couple en 2013). Du fond de la salle, une dame a interrompu brutalement l’interrogatoire. « Il ment. C’est lui qui est derrière l’injustice dont j’ai été victime ». Elle est immédiatement expulsée de l’audience par la force publique. Le président de la Chambre criminelle a suspendu l’audience.
Soulef Biskri