Tebboune examine aujourd’hui les prévisions de production des céréales : Comment remporter la guerre du blé ?
En assurant une plus grande collecte de blé, l’Algérie ne russisera certes pas à couvrir les besoins nationaux mais pourra au moins réduire la pression induite par le conflit russo-ukrainien, l’envolée des cours des céréales sur les marchés internationaux et la sécheresse.
Par Hayet Youba
Aucun pays ne peut prétendre être souverain et autonome si économiquement il est dépendant. La sujétion est double si le pays est incapable d’assurer sa sécurité alimentaire. Raison pour laquelle, le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboun fait de cette question une priorité absolue. Le président réunit aujourd’hui, les membres de son exécutif pour examiner, justement, la situation et les prévisions de production des céréales. Ce dossier est d’une extrême importance actuellement que les importations des céréales sont perturbées en raison de la guerre russo-ukrainienne. Ces deux pays représentent 30 % du commerce mondial de blé et avec l’arrêt de leurs exportations, l’Algérie à l’image des autres pays importateurs de blé est confrontée à la nécessité de trouver des sources alternatives. Certes, il y a le blé français mais pour l’heure, le pays a opté de recourir à son stock. C’est le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni qui l’a déclaré, le mois dernier, affirmant que « l’Algérie dispose d’un stock de céréales suffisant jusqu’à la fin de l’année en cours et ne sera pas affectée par les changements survenus au niveau mondial ».« L’Algérie a pris toutes les mesures pour assurer la couverture du marché national et répondre aux besoins des citoyens en céréales », avait ajouté le ministre. Mais cela est loin de suffire au vu de la grave crise de semoule et farine qui frappe le pays. D’ailleurs le prix de la semoule est passé du simple au double, en raison de la pénurie. Une augmentation enregistrée non pas seulement au niveau local mais aussi sur les marchés mondiaux. Que doit faire l’Algérie ? Va-t-on acheter au prix fort alors la feuille de route du gouvernement était de réduire, jusqu’en 2024, la facture d’importation des produits agricoles à hauteur de 2,5 milliards de dollars. Pour y arriver, le pays devait tout miser sur la production. Ce qui a d’ailleurs été fait et le ministère de l’agriculture prévoyait, en 2020-2021, une bonne production nationale de céréales qui allait permettra à l’Algérie de réduire ses importations en la matière. Mais la sécheresse en a voulu autrement et la quantité de céréales collectées n’avait atteint que 13 millions de quintaux de blé tendre et dur, très en deçà des attentes et des besoins de l’Algérie. D’ailleurs, l’Algérie qui est le second consommateur africain de céréale et 5e importateur mondial, importait annuellement une moyenne d’une dizaine de millions de quintaux de céréales car sa production locale n’arrivait à couvrir que 35% à 40% de ses besoins. Cette année, la moisson s’annonce sous de bons auspices surtout après les dernières pluies du printemps. D’ailleurs le ministre de l’agriculture annonce au moins 27 millions de quintaux, toutes variétés de céréales confondues, pour cette campagne, 2021-2022. Ce qui va permettre à l’Algérie de mieux gérer la crise du blé dont l’indisponibilité sur le marché international risque de durer longtemps. En assurant une plus grande collecte de blé, l’Algérie ne russisera certes pas à couvrir les besoins nationaux mais pourra au moins réduire la pression.
H.Y.