Tel-Aviv aurait proposé à Moscou et Washington un plan de sauvetage du régime déchu d’Assad
L’histoire ne s’écrit qu’après coup. Là n’en est pas le seul hic. Le privilège d’écrire cette histoire ne revient qu’aux vainqueurs. Idée classique et très forte qui avait inspiré le grand chef d’œuvre de Louis Aragon, Le fou d’Elsa. Selon le Wall Street Journal, dans la semaine précédant la chute d’Assad, l’entité israélienne aurait tenté de négocier avec l’administration Trump un accord qui aurait permis à la Russie d’investir en Syrie sans entrave si Assad marginalisait l’Iran. Lorsque l’équipe de Trump a rejeté cette proposition, Moscou aurait abandonné Assad, lassé de son leadership. Ces révélations, à tout le moins explosifs, sont toutefois à prendre avec des pincettes. La Syrie n’est en effet que l’ombre d’elle-même. En partie occupée et humiliée par les bourreaux des femmes et des enfants palestiniens. Pis, ou mieux, c’est selon, le spectaculaire rapprochement advenu entre les présidents russe et américain, Vladimir Poutine et Donald Trump, ne devrait guère servir à délier les langues. En attendantn la Russie s’efforce de maintenir son influence en Syrie malgré la chute du président Bachar al-Assad, quelques mois après que l’entité israélienne ait tenté de favoriser un accord qui consoliderait une telle présence, a rapporté le Wall Street Journal , alors que Moscou s’engage avec la nouvelle direction rebelle-terroriste contre laquelle elle s’est battue pendant la guerre civile syrienne qui a duré dix ans. Selon le Wall Street Journal, la Russie a entamé des négociations avec le nouveau gouvernement syrien dirigé par Hayat Tahrir al-Sham (HTS), dans le but de préserver ses bases militaires et ses intérêts économiques dans le pays. Ce rapprochement intervient malgré le soutien de longue date du président russe Vladimir Poutine à Assad, qui a notamment mené de vastes campagnes de bombardements contre les positions de HTS tout au long de la guerre civile. Le Wall Street Journal rapporte que la Russie a livré l’équivalent de 23 millions de dollars en monnaie syrienne à Damas le mois dernier, fournissant ainsi un soutien financier essentiel au nouveau gouvernement à court d’argent. Cette aide intervient alors que le Qatar et l’Arabie saoudite ont retardé leur aide financière promise, attendant apparemment des éclaircissements de la part de l’administration du président américain Donald Trump sur la levée éventuelle des sanctions contre les anciens rebelles du HTS. « L’avantage de la Russie dans ses négociations avec la Syrie est qu’elle n’est pas gênée par des préoccupations éthiques et qu’elle peut mettre en œuvre des décisions sans avoir besoin d’un consensus », a déclaré au Wall Street Journal Anna Borshchevskaya, chercheuse au Washington Institute et spécialiste de la politique de Moscou au Moyen-Orient . « La question clé est de savoir comment l’Occident va se positionner et s’engager avec la Syrie pour réduire les raisons de dépendre de la Russie. » Les négociations entre Moscou et Damas ont débuté en janvier, lorsque Mikhaïl Bogdanov, vice-ministre russe des Affaires étrangères, et Alexandre Lavrentiev, son envoyé en Syrie, sont arrivés en Syrie. Si elles se concentraient initialement sur la préservation de la base aérienne et navale russe de Khmeimim à Tartous, les discussions ont ensuite été élargies à des relations économiques plus larges. Les relations bilatérales ont pris de l’ampleur après le premier appel téléphonique entre Poutine et Ahmad al-Sharaa, le nouveau président syrien et ancien chef rebelle. A la suite de cet entretien, la Russie a envoyé un avion chargé de billets de banque et, selon la présidence syrienne, Poutine a invité le ministre syrien des Affaires étrangères à Moscou et s’est déclaré prêt à discuter des accords précédemment signés avec le régime Assad. Pour les nouveaux dirigeants syriens, diversifier les alliés au-delà de la Turquie est une priorité stratégique. Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a rapidement déployé des hommes d’affaires, des responsables et des forces militaires dans certaines régions du nord de la Syrie après la chute d’Assad, ce qui pourrait susciter des inquiétudes quant à une dépendance excessive à l’égard d’Ankara. Tous ces dossiers sensibles et brûlants à la fois sont à suivre de très près…
Kamel Zaidi