Tensions Franco-Algériennes : La Provocation de Bruno Retailleau et le Faux-Semblant de l’« Enlèvement » d’Amir DZ

Tensions Franco-Algériennes : La Provocation de Bruno Retailleau et le Faux-Semblant de l’« Enlèvement » d’Amir DZ

Par Abdelkader REGUIG*

Alors qu’une détente fragile semblait émerger entre Alger et Paris, les déclarations récentes de Bruno Retailleau, ministre français de l’Intérieur, ont précipité les relations bilatérales dans une « crise artificielle », construite autour d’une affaire d’enlèvement amplifiée à des fins politiques. Retour sur une escalade délibérée, éloignée des impératifs d’une diplomatie réaliste, où se déploie une stratégie du « « Good Cop / Bad Cop » (bon flic, mauvais flic )empruntée aux techniques de négociation américaines.
Retailleau : Un Saboteur en Territoire Diplomatique
Tandis que le ministre Jean-Noël Barrot, responsable de la diplomatie française, évoquait une « relance du dialogue » après des mois de frictions, le ministre de l’Intérieur il Bruno Retailleau a opté pour la confrontation en s’immisçant dans un domaine étranger à son portefeuille : les relations extérieures, traditionnellement dévolues au « Quai d’Orsay ». En imputant sans preuve formelle à un agent consulaire algérien une participation supposée à l’enlèvement d’Amir Boukhors (alias Amir DZ) – opposant exilé en France –, il a « bafoué les protocoles diplomatiques », substituant aux échanges discrets des menaces médiatisées. Une posture qu’il assume ouvertement : « J’incarne ce rôle de provocateur et de bête noire de l’Algérie », déclare-t-il, revendiquant un « rapport de force » contreproductif.

Une Crise Préfabriquée sur des Bases Fragiles par le provocateur ministre de l’intérieur Bruno Retailleau.
L’affaire, qualifiée abusivement de « complot terroriste », repose sur des accusations paradoxales. Retailleau lui-même concède qu’« aucun lien avec l’État algérien n’est établi ». Pourtant, l’arrestation d’un diplomate algérien a servi de prétexte à une surenchère. La réponse d’Alger, « expulsant douze agents français du ministère de l’Intérieur »dans un délai de 48 heures, marque une riposte sans précédent depuis 1962. Si Alger justifie cette mesure comme une réplique proportionnée, Paris la dépeint comme « excessive », tout en préparant des contre-mesures.

Un Prétexte à Géométrie Variable c’est
Le cas d’Amir DZ, influenceur critique envers Alger et protégé par le statut de réfugié politique en France, est instrumentalisé pour légitimer une rupture. En centrant le débat sur cette affaire aux preuves inconsistantes, le ministre Bruno Retailleau cherche à occulter les véritables enjeux : le « respect de la souveraineté Algérienne »
Cette crise révèle des jeux de Pouvoir et Arrière- pensées ainsi que des « divisions internes au pouvoir français ». Alors que Barrot tente de renouer le dialogue, Retailleau incarne une frange belliqueuse, soutenue par la droite (Laurent Wauquiez) et l’extrême droite, cherchant à mobiliser un électorat nationaliste via un discours anti-algérien. Une manœuvre qui s’inscrit dans sa course à la direction du parti Les Républicains et, à la magistrature suprême.
Mais cette stratégie ignore un fait majeur : l’Algérie, affranchie de sa dépendance économique passée, dispose désormais de leviers de rétorsion efficaces, comme l’exclusion des entreprises françaises des marchés publics.

Une Diplomatie en Échec.
La crise actuelle met en lumière les « dérives d’une diplomatie française fragmentée, où les luttes internes l’emportent sur la cohérence étatique. En privilégiant l’affrontement, Paris compromet des années de travail mémoriel et de coopération. Pour Alger, cela confirme la nécessité de diversifier ses alliances, loin des héritages postcoloniaux.
Alors que Jean-Noël Barrot prépare une visite à Alger pour apaiser les tensions, le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau semble défiant le chef du gouvernement et le président de la République , «en rappelant qu’en l’absence d’une ligne politique claire, les promesses de la nouvelle ère resteront lettre morte ».

« Le pouvoir tend à corrompre, et le pouvoir absolu corrompt absolument »

* Abdelkader REGUIG
Président de l’Ordre des Ingénieurs Experts Arabes. Genève Suisse
Émail: orarexe@ gmail.com