Tribune
Charniers de la colonisation française en Algérie : Ou le corps du crime
La guerre de libération nationale a été longue, sanglante, atroce !
Le Napalm, les gaz létaux, la torture, les viols ont fait des ravages sur les corps et sur les esprits des Algériens, mis à part les Harkis et leurs familles qui ont choisit le camp du Crime colonial pour se retourner contre leurs frères et sœurs et participer aux massacres aux rapines et aux viols.
Mais si libérer notre pays de la présence physique coloniale française est nécessaire, elle est loin d’être suffisante: il faut mener l’affrontement cognitif et mémoriel que la France postcoloniale nous imposer et qui sert d’adjuvant a l’Algérophobie rampante actuelle.
La France post et néocoloniale veut imposer une aberration, une absurdité, un contre sens, une incongruité, une stupidité: « les bienfaits de la colonisation ».
Cette abbération , cette stupidité, cette absurdité a été votée par l’Assemblée nationale dans une Loi glorifiant son Crime colonial en Algérie, de 1830 à 1962.
C’est quoi, cette loi absurde?
C’est une déclaration de guerre mémorielle.
Plus largement, c’est l’une des batailles de la guerre cognitive sur fond de suprématisme racial et civilisation el occidental que livre les élites nationales et supranationales occidental centrées au reste de l’humanité, considérée comme diversement inférieure.
La poussée de l’extrême-droitisation politique et sociale des sociétés occidentales en est une manifestation cynique, pour qui veut voir la réalité en face.
La France extrême-droitisée nie ses crimes coloniaux en Algérie et ailleurs et se montre outrée et outragée par par la perspective hautement moral el et humaniste du Pardon.
Soit.
Pour être constitué. le crime de sang repose sur trois éléments : la corps du crime, l’arme du crime et le mobile du crime.
On estime que le nombre d’Algériens diversement assassinés par la horde coloniale pend ces 132 ans se situe entre 5 millions et 6 millions.
Juste une petite digression, douloureusement sordide: il existe chez nous une expression qui dit: « ils ont été exterminés jusqu’à la dernière oreille » أقطاوهم على ٱخر أودن.
Vous savez à quoi renvoie cette expression?
Les milices des Caids, ces félons, traîtres a leur partie et à leur sang, inféodés à la volonté génocidaire coloniale française , étaient payés pour chaque Algérien assassiné . Pour compter les effectifs diversement tués et toucher leur prime d’assassins, ils prélevaient sur les dépouilles de leurs victimes, une oreille. Ainsi, ils se présentaient devant les officiers coloniaux français, avec de pleines corbeilles d’oreilles, qui les comptaient et les payaient pour l’exécution de leurs assassinats collectifs.
Les restes des enfumades du Dahra (premières formes des fours crématoires) ont été retrouvés.
Mais les restes des 40. 000 morts de Guelma, Sétif et Kherrata? Doivent-ils, peuvent-ils, être oubliés physiquement?
Les 14 000 morts du 20 Août 55 , doivent-ils ne rester qu’un chiffre?
A Skikda ville, J. Michel Aphatie a évoqué un nombre compris entre 2000 et 3000 Martyrs sous un mitraillage de masse, au Stade municipal de l’ex Philippeville.
Ce chiffre est largement en dessous de la réalité.
Le lieu le plus probable de leur mise en terre, au buldozer, c’est le site de Zef Zef, au Sud Ouest de la ville. En effet ce buldozer appartenait à l’Ecole Régionale d’Agriculture de l’ex Philippeville,située juste a proximité de ce site du Zef Zef.
Je me rappelle que ElHaj Gas, Allah yarhmou, ancien chauffeur communal, requisionné par les autorités coloniales criminelles de l’époque, m’avait personnellement déclaré que les camions de la Mairie ont transporté sans arrêt pendant toute le semaine, de pleins chargements de dépouilles de Martyrs du Stade municipal vers le site de Zef Zef.
Pourquoi n’a t on pas exploité son témoignage?
L’enginiste qui a piloté le buldozer a vécu longtemps après l’indépendance.
Pourquoi n’a-t-on pas recueilli et documenté son témoignage?
Ce Charnier de ZefZef Skikda doit être gigantesque!
Hélas, les autorités de la ville l’ont certainement livré à l’urbanisation sauvage, Illégale et attentatoire à la mémoire de la Révolution.
C’est impensable!
Mais c’est rattrapable!
Il existe d’autres sites de charniers: à « la Carrière romaine, à El Aalia…
Samedi dernier à la BPLP de Constantine lors du débat qui a suivi mon in intervention, des intervenants ont parlé de la « Ferme Meziane », dans les environs de La ville.
A Skikda, l’ex Foyer de la Police coloniale jouxtant la Place de l’Abbatoir, haut lieu de la torture coloniale pendant la guerre de libération nationale a été transformée en mosquée. A ma connaissance, il existe une loi protégeant les sites liés à la Mémoire de la guerre de libération nationale.
Les Charniers de la colonisation sont très nombreux sur l’ensemble du territoire national : ils constituent le corps du Crime génocidaire Coloniale en Algérie et les milliers d’Oradour sur Glanes dont la Francepost et néocoloniale veut détourner son regard et sa conscience!
D’autres éléments constitutifs de ce Crime existent et doivent être l’objet d’une démarche de recherche, de connaissance, de documentation méthodique et de mise en lumière: il est de notre Devoir de les rechercher et de les mettre au jour.
Les archives militaires coloniales relatives à ces massacres et à ces charniers doivent être récupérés auprès des responsables français, au besoin par la force des lois internationales.
Je lance un appel pressant à nos responsables, pour ériger un organisme intersectoriel, éventuellement rattaché aux plus hautes Instances de l’Etat, organisé et structuré et disposant de l’ensemble des moyens nécessaires à celà duquel feront partie les historiens concernés et des cadres délégués par les ministères parties prenantes.
Il en est temps!
Allaoua Bendif
Auteur
Skikda, 14 Mai 2025
