Tribune
Yasmina Khadra :Tout ce tapage sur l’Algérie n’est qu’une misérable fausse manœuvre
Ce qu’il se passe sur le plan politique en France trahit une profonde crise intérieure que les gouvernements successifs de ces dernières années tentent de déplacer de son véritable contexte. Le récent gouvernement, qui a appelé à la rescousse d’anciens premiers ministres « faillitaires » dans l’espoir de colmater les brèches du navire en naufrage, panique plus que les précédents et s’évertue à privilégier la diversion au détriment du bon sens. Ne trouvant pas de solution à son problème, il lui cherche un coupable, en l’occurrence l’Algérie.
Tout ce tapage, notamment les ruées dans les brancards de M. Retailleau, n’est qu’une misérable fausse manœuvre dont les agitateurs ne mesurent guère les conséquences. L’Algérie a ses problèmes et tente de les surmonter. Sans fard ni fanfare. Elle n’a rien à voir avec les dérives politiques de l’État français. Et l’expulsion ratée d’un Algérien indésirable ne change rien aux préoccupations des Français.
Ce ne sont pas les tribunes incendiaires dans la presse, ni les diatribes claironnantes des va-t-en-guerre, encore moins les plateaux de télé formatés qui apporteraient un soupçon d’éclaircie à cette effarante mentalité de la provocation outrancière. De son côté, l’Algérie se doit de garder son calme et de ne pas aller sur le terrain miné sur lequel veulent l’attirer des carriéristes insolés, galvanisés par des chaînes info en quête d’Audimat aux dépens de la forme et du fond, et surtout de la déontologie.
Les Français en Algérie sont bien accueillis dans toutes nos villes et villages. Ils n’ont qu’à toquer à n’importe quelle porte pour se sentir chez eux. Nous sommes, nous Algériens, un peuple généreux, hospitalier et xénophile. Nous essayons de trouver une voie, dans la tourmente de tous les jours, qui nous sortirait la tête de l’eau. Nous n’avons nul besoin de surenchérir ou de nous compliquer une existence déjà copieusement malmenée.