Tunisie: affrontements devant le Parlement après sa suspension
Des affrontements ont éclaté lundi, devant le Parlement tunisien, au lendemain de la suspension de ses activités par le président Kais Saied et du limogeage du Premier ministre, plongeant la jeune démocratie dans une crise constitutionnelle.
Stationné en voiture devant la porte close du Parlement depuis plusieurs heures, Rached Ghenouchi, est empêché d’y entrer par des forces militaires qui bloquent les portes de la chambre, rapporte l’AFP.
Un bras de fer en cours depuis six mois entre Rached Ghannouchi et le président Saied, paralyse le gouvernement et désorganise les pouvoirs publics, alors que la Tunisie fait face depuis début juillet à un pic de coronavirus.
Avec ses quasi 18.000 morts pour 12 millions d’habitants, le pays a l’un des pires taux de mortalité au monde.
Vers 03H00 du matin (02H00 GMT), M. Ghannouchi s’est rendu devant le Parlement avec des députés d’Ennahdha ainsi que la vice-présidente de l’Assemblée Samira Chaouachi, du parti allié Qalb Tounes.
«Nous voulons entrer au Parlement! (…) nous sommes les protecteurs de la Constitution», a déclaré Mme Chaouachi aux militaires déployés derrière une porte fermée du Parlement, selon une vidéo publiée par des médias locaux et partagée sur les réseaux sociaux.
«Nous sommes les protecteurs de la nation», a répondu l’un des militaires avant d’ajouter qu’il appliquait «les instructions».
«Le peuple tunisien n’acceptera jamais un pouvoir autoritaire quelles que soient vos tentatives, donc ne continuez pas dans ce jeu», a réagi M.Ghannouchi.
Outre Ennahdha, les partis de sa coalition, Qalb Tounes et le mouvement islamiste nationaliste Karama, ont condamné les décisions de M. Saied.
Dans l’opposition, le Courant démocratique, parti socio-démocrate qui a plusieurs fois soutenu le président Saied, a rejeté sa prise de pouvoir.
Le Courant démocratique a néanmoins imputé la responsabilité de «la tension populaire et de la crise sociale, économique et sanitaire et le blocage des horizons à la coalition au pouvoir dirigée par Ennahdha».
Pour le président, ces décisions ont été prises «afin de sauver la Tunisie, l’Etat et le peuple tunisien».
R.N