Turquie: Erdogan aurait échappé à une tentative d’assassinat
La Turquie est-elle en passe de revivre le même grossier scénario que celui du coup d’Etat manqué de 2016 ? Les services spéciaux turcs ont annoncé avoir déjoué une tentative d’attentat contre le président Recep Tayyip Erdogan alors que son pays est secoué par une crise économique qui voit l’inflation monter et la livre turque perdre 30% de sa valeur en un mois. Ans le détail, les mêmes services ajoutent avoir désamorcé une bombe placée sous une voiture de police dans la ville de Siirt en marge d’un rassemblement populaire auquel le Président participait. L’information a été confirmée par Hamza Dag, vice-président du parti de la justice et du développement (AKP) au micro de CNN Turk. Cette annonce, nullement étayée par des preuves matérielles, n’est pas sans rappeler le grossier et surréaliste coup d’Etat de 2016, durant lequel des voitures de police légères ont arrêté de lourds et puissants chars Abrams, ou même des citoyens désarmés interpeller des soldats lourdement armés et bien entrainés. Erdogan, à chaque fois qu’il traverse une sérieuse zone de turbulence, imagine un complot, pour justifier des purges et susciter un élan populaire autour de sa personne. Dans la nuit du 15 juillet au 16 juillet 2016, des militaires auraient tenté de prendre le pouvoir en Turquie. Cette tentative s’est soldée par un échec et a coûté la vie à 273 personnes. Près de 3.000 militaires ont par ailleurs été arrêtés. Ankara a pointé du doigt la responsabilité des États-Unis et mis en cause un mouvement religieux turc: les Gülenistes. Il faut noter que le chef spirituel de ce mouvement, Fetthulah Gülen, est exilé aux États-Unis et que la Turquie exige son extradition, ce à quoi Washington s’oppose. Suite à ces événements, Ankara a mis en place une purge au sein de ses institutions avec plus de 110.000 militaires, enseignants, fonctionnaires, magistrats et policiers révoqués entre juillet et novembre 2016. Les personnes ayant été impliquées dans le putsch ont été jugées. En 2020, un total de près de 4.500 personnes a été condamné, dont 3.000 à des peines de prison à vie.
Rafik Bakhtini