Un éminent juriste français dénonce : « Les ressemblances entre les colonisations sioniste et marocaine sont flagrantes »
Ghislaine Poissonnier est diplômé de l’Institut d’Études Politiques de Paris et ancien élève de l’École Nationale de la Magistrature de Bordeaux. Entre 1999 et 2008, il a occupé différentes fonctions de magistrat judiciaire. Il a été délégué du CICR en Cisjordanie.
C’est dire sa profonde connaissance des questions de droit et de colonisation internationale.
Dans une tribune relative au Sahara Occidental, il fustige ainsi la communauté internationale, qui foule aux pieds ses propres lois et règlements pour des intérêts bassement mercantiles.
Pour lui, en effet, « la normalisation entre Rabat et Tel Aviv s’est faite sous pression américaine. Et pour s’assurer les bonnes faveurs marocaines, Donald Trump n’a pas hésité à brader les droits du peuple sahraoui ».
Ce faisant, “Donald Trump prétend régler un différend au mépris des principes du droit international et sans consulter l’une des parties, en l’occurrence le peuple sahraoui, représenté par le Front Polisario. Voilà pourquoi l’entité sioniste n’a rien trouvé à y redire. Bien au contraire.
Pour lui, les ressemblances entre les politiques marocaine et israélienne d’occupation, de colonisation et de répression sont flagrantes, comme l’a encore récemment souligné Human Rights Watch. Suit un rappel détaillé, et accablant de l’histoire du Sahara Occidental.
« Il en résulte que le Sahara occidental se voit reconnaître un statut séparé et distinct par rapport à celui de tout État, y compris de celui du Maroc. Il en 2 résulte également que sa population dispose d’un droit à l’autodétermination, qui doit être mis en œuvre par la tenue d’un référendum, exigée de longue date par le Conseil de sécurité de l’ONU, à laquelle le Maroc s’oppose, s’en tenant à une offre d’autonomie sous souveraineté marocaine, solution désormais avalisée par les États-Unis ».
Or, c’est la sortie de Trump, et le silence complice du Vieux Continent qui pose aujourd’hui problème. Condamner –au moins critiquer –la position de Donald Trump aurait été logique. On pouvait légitimement s’attendre à une réaction forte de la part de l’Union européenne (UE) ou de la France, rappelant les États-Unis au strict respect du droit international, mettant en garde le Maroc et Israël contre toutes velléités de « normaliser » leurs annexions et occupations respectives. C’est toutefois le silence qui domine.
La politique du fait accompli, propre à l’entité sioniste et au Maroc, n’a jamais été aussi prononcée que ces derniers temps : « depuis de nombreuses années, l’UE a conclu des accords économiques et commerciaux avec le Maroc qui sont, dans les faits, appliqués au Sahara occidental. Leur application contribue ainsi à renforcer l’emprise politique et économique du Royaume sur ce territoire. Elle conforte également la politique d’installation de colons marocains et d’entreprises marocaines au Sahara occidental. Si l’UE tranquillise sa conscience en assurant que ces accords, dictés par des intérêts bassement mercantiles n’ont pas d’impact politique, la vérité est tout autre sur le terrain ».
Cette politique économique a pourtant été condamnée par plusieurs décisions de la Cour de justice de l’Union européenne ».
Cette dangereuse fuite en avant n’a de cesse de se poursuivre « En méconnaissance des principes rappelés par la Cour de Justice, l’UE a conclu de nouveaux accords économiques avec le Maroc, qui cette fois s’appliquent très explicitement au territoire du Sahara occidental. Et ce sans avoir obtenu le consentement du peuple sahraoui, à travers son représentant, le Front Polisario ».
L’hypocrisie européenne ne semble donc avoir aucune limite. De fait « L’UE privilégie les partenariats, comme ceux noués avec Israël et le Maroc, sous l’angle des avantages économiques, du contrôle de l’immigration et de la lutte contre le terrorisme, en faisant passer au second plan les droits des peuples palestinien et sahraoui à l’autodétermination et leurs droits humains.
En conclusion, cet éminent juriste international rappelle que « le traité de l’UE précise que le strict respect du droit international doit être au cœur de la politique étrangère européenne. Il est donc temps que l’UE condamne très clairement la déclaration américaine concernant la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
L’UE doit surtout mettre ses accords commerciaux conclus avec le Maroc en harmonie avec le droit international, comme le lui demande la Cour de justice de l’Union européenne. Tout comme le Sahara occidental n’est pas un territoire marocain, les produits de ce territoire occupé ne sont pas marocains. Leur exportation sur le territoire de l’UE ne peut se faire qu’en concertation avec le Front Polisario. Il est temps d’interpeller les consciences, et de convoquer le droit international au lieu de laisser agir ces « boutiquiers de pacotille ».
Ali Oussi