Un « petit » pas insuffisant !
Il est curieux que certains lobbys demandent toujours aux Algériens d’oublier les crimes et les méfaits de la colonisation dont ils sont, pour certains, si nostalgiques, entretenant, par contre, la mémoire sur le passé de leur pays et sur les massacres commis par les nazis sur leur territoire.
Tentant ainsi, sans succès, de dénier aux Algériens un droit et un devoir envers les générations qui ont levé haut l’étendard de la résistance et du sacrifice.
Et, malheureusement, le rapport de l’historien français Benjamin Stora sur les« questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie « remis dernièrement au président français Macron, a été en deçà des attentes des Algériens, ravivant également la passion sur les deux bords de la Méditerranée, passion et rancœur qui ne se sont pas éteintes, notamment de la part des milieux nostalgiques de la colonisation et qui ont fait aussi des émules et des larbins dans notre pays, ces contrebandiers de l’histoire, mis à nu, à juste titre, par un illustre écrivain national.
S’il faut ne pas oublier qu’il s’agit d’un rapport français, destiné au pouvoir politique français, il n’en demeure pas moins que son contenu ne pouvait laisser les Algériens indifférents en lisant certains extraits, carrément inféconds comme ce dernier, « On sait que depuis plusieurs années les autorités algériennes réclament des excuses à propos de la période de la colonisation.
Dans la lignée des discours présidentiels français précédents, ce geste symbolique peut être accompli par un nouveau discours. Mais est-ce que cela sera suffisant ? N’est-il pas nécessaire d’emprunter d’autres chemins, de mettre en œuvre une autre méthode pour parvenir à la réconciliation des mémoires?».
Pour un autre historien, il y a un travail d’explication à faire auprès des Français, car le discours sur les prétendus «bienfaits de la colonisation» a été massivement diffusé à l’époque, comme celui sur la soi-disant «barbarie» des nationalistes algériens, et ce discours n’a pas été clairement démenti depuis par une parole officielle.
Le rapport récuse le concept de « repentance » ou même d’excuses, il pointe, certes, un certain nombre de faits qui ont marqué la guerre de libération nationale, comme le déracinement de deux millions de paysans algériens, la mise en place des «zones interdites» où tout Algérien pouvait être abattu, l’utilisation du napalm, qualifié alors de «bidons spéciaux», la pose de milliers de mines antipersonnel qui ont tué ou estropié des milliers de jeunes, la contamination des populations sahariennes par les essais nucléaires, la pratique massive de la torture et des disparitions forcées.
C’est en disant la vérité sur ces faits précis, et sur de nombreux autres actes iniques de l’invasion du pays et de sa colonisation que l’opinion publique française pourra comprendre le caractère criminel de la colonisation.
Mais cela n’est pas suffisant. Pourtant, il y a tant d’exemples de pays colonisateurs ou spoliateurs des populations autochtones qui ont franchi le pas à l’exemple de la Belgique, de l’Italie, du Canada, de l’ Australie, etc.
Yasmina HOUMAD