Une voix -Nobel Elfriede Jelinek -contre la politique israélienne et le « colonialisme de peuplement »
Par Abdelkader Reguig*
La lauréate autrichienne du prix Nobel de littérature, Elfriede Jelinek, a vivement condamné la politique israélienne à Gaza dans un texte publié sur son site personnel. Qualifiant le Premier ministre Benjamin Netanyahu de « criminel », elle accuse son gouvernement de faire « payer un nombre incalculable d’innocents », principalement des femmes et des enfants. Bien qu’elle ait fermement condamné les attaques du Hamas, Jelinek établit un parallèle entre les méthodes de Netanyahu et celles du régime nazi, soulignant que « tous les Palestiniens ne misent pas sur le terrorisme ». Elle dénonce « la destruction de leurs maisons » et « la mort de dizaines de milliers de civils », critiquant la « solidarité inconditionnelle » de l’Allemagne et de l’Autriche envers Israël, devenue selon elle une « coquille vide ».
Fille d’un père juif ayant survécu au national-socialisme, Jelinek fustige un « colonialisme de peuplement au mépris du droit international » et un « nettoyage ethnique visant une terre promise ». Elle appelle à soutenir les démocrates israéliens opposés au gouvernement d’extrême droite et met en garde contre les risques d’annexion de Gaza.
Reconnaissance d’un État palestinien : Israël menace de mesures « unilatérales »
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a averti dimanche que toute reconnaissance unilatérale d’un État palestinien par des pays européens provoquerait des « mesures unilatérales » de la part d’Israël. Cette déclaration intervient alors que plusieurs États, dont l’Espagne, l’Irlande et la France, envisagent une telle reconnaissance. Saar estime que cette démarche « saperait les perspectives d’un processus de paix bilatéral », insistant sur la nécessité de négociations directes.
Gaza : Crises humanitaire et condamnations internationales
L’offensive israélienne à Gaza, lancée en réponse aux attaques du Hamas du 7 octobre a entraîné la mort d’au moins « 52 760 Palestiniens », selon le ministère de la Santé de Gaza, dont les chiffres sont jugés crédibles par l’ONU. Sur les 251 otages capturés, 58 restent détenus, dont 34 déclarés morts par l’armée israélienne.
Malgré un soutien affiché au plan humanitaire américain, Israël maintient un blocus strict sur Gaza depuis le 2 mars, privant 2,4 millions de personnes de nourriture, d’eau et de médicaments. Tammy Bruce, porte-parole du département d’État américain, a annoncé la création d’une nouvelle structure pour gérer l’aide, mais l’ONU rappelle le rôle crucial de l’UNRWA, l’agence pour les réfugiés palestiniens, marginalisée par Israël.
Les frappes récentes sur Khan Younès, qui ont tué huit personnes dont quatre enfants, illustrent l’escalade meurtrière. Mahmoud Bassal, porte-parole de la défense civile palestinienne, décrit des scènes de chaos : tentes de déplacés bombardées, habitations réduites en décombres. L’AFP a filmé des secouristes évacuant des corps et un nourrisson blessé dans l’obscurité.
Appels internationaux et tensions régionales
Lors de sa première prière dominicale, le pape François a lancé un appel depuis le balcon de Saint-Pierre : « Les grands de ce monde doivent arrêter cette guerre ». Son plaidoyer pour un cessez-le-feu et la libération des otages rejoint ceux de gouvernements et d’ONG.
Parallèlement, les opérations militaires israéliennes se poursuivent : siège des camps de Tulkarem et Nour Shams en Cisjordanie, frappes « vigoureuses » en réponse aux missiles houthistes venus du Yémen. Ces rebelles, alliés du Hamas, affirment avoir visé Tel-Aviv, soulignant l’élargissement régional du conflit.
Mémoire historique et impasse politique
Alors que les funérailles se multiplient à Gaza, la communauté internationale peine à imposer une trêve. Les mots de Jelinek résonnent : « Israël doit vivre, mais il faut aussi laisser vivre les Palestiniens ». Entre mémoire de la Shoah, realpolitik et urgence humanitaire, la paix semble plus incertaine que jamais.
Les pays arabes ayant normalisé leurs relations avec Israël, comme les Émirats arabes unis , le Maroc, la Jordanie, l’Egypte et Bahreïn, restent dans l’expectative, observant médusés les bombardements. Un échange historique entre le Roi Fayçal d’Arabie saoudite et le général de Gaulle resurgit dans les débats. En 1967, Fayçal répondait à de Gaulle, qui justifiait l’occupation israélienne par des « droits historiques » :
« Monsieur le Président, les Juifs invoquent une présence vieille de 4 000 ans en Palestine. Mais selon la Bible, ils y sont arrivés en envahisseurs, exterminant les Cananéens Arabes Pourquoi ne pas restaurer alors l’Empire Romain , qui a colonisé la France il y a 3 000 ans ? Nous, Arabes, avons passé deux siècles dans le sud de la France, tandis que les Juifs n’ont passé que soixante-dix ans en Palestine avant d’en être exilés. Une occupation, même ancienne, ne légitime pas un fait accompli. »
De Gaulle, impressionné par l’argumentaire, aurait conclu : « Votre Majesté, vous défendez votre cause avec une logique implacable. »
Aujourd’hui, cet échange rappelle que les Arabes se sont soumis . Alors que les civils Palestiniens paient le prix fort, la solution semble reposer sur un équilibre fragile entre , droit et humanité.
« Dans la guerre, ce ne sont pas les armes qui souffrent, mais les êtres humains. Protéger les civils, quel que soit leur camp, est un impératif moral».
Comité International de la Croix Rouge ( CICR)
Abdelkader Reguig
Président de l’Ordre des Ingénieurs Experts Arabes (ORAREXE), Genève, Suisse
Email : orarexe@gmail.com