UNICEF : « Le Soudan risque de perdre une génération entière d’enfants »
La directrice des programmes d’urgence de l’UNICEF, Lucia Elmi, a averti que le Soudan risquait de perdre une génération entière d’enfants, au cœur de l’une des pires crises humanitaires au monde, ravagée par les conflits, les déplacements et la faim.
Dans une déclaration aux journalistes, au siège de l’ONU à Genève, après son retour du Soudan, la responsable a souligné qu’une « action urgente est nécessaire pour protéger les enfants du Soudan », appelant tous les acteurs — gouvernements, donateurs et parties au conflit — à « agir maintenant pour garantir l’accès humanitaire à travers les lignes de conflit et les frontières, protéger les travailleurs humanitaires et les fournitures, et augmenter le financement pour répondre aux besoins croissants et mettre fin à la violence ».
Elle a expliqué que « plus de 16 millions d’enfants au Soudan ont un besoin urgent d’aide, environ 17 millions d’enfants ne sont pas scolarisés depuis deux ans, et plus de 12 millions de personnes sont exposées au risque de violence sexiste ».
Elmi a ajouté que des enfants sont exécutés, mutilés et déplacés, et que de graves violations des droits de l’enfant sont signalées quotidiennement. Nombre d’entre eux risquent d’être recrutés et utilisés par des groupes armés, et le bilan psychologique est dévastateur. Les conflits, les pertes et les déplacements ont laissé des enfants souffrant d’anxiété, de dépression et de traumatismes.
La porte-parole a poursuivi : « L’accès à ces enfants est devenu de plus en plus difficile », notant que lors de sa récente visite, elle a constaté que des enfants subissaient des dépistages de la malnutrition, des mères cherchaient un traitement urgent pour leurs enfants et des familles désespérées recherchaient de l’eau potable.
Dans ce contexte, elle a expliqué « qu’on s’attend à ce que 3,2 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë cette année, dont 770 000 confrontés à une malnutrition aiguë sévère, la forme la plus mortelle de la faim, ce qui rend les enfants 11 fois plus susceptibles de mourir de maladie ».
Elle a également précisé que cette crise ne concerne pas seulement l’alimentation : « Sans eau potable, assainissement et soins de santé, les enfants ne survivront pas, surtout avec l’effondrement des services de base dans les zones touchées par la famine. »
La directrice des programmes d’urgence a souligné que « la situation déjà désastreuse s’aggrave », alors que les pillages et la violence ont forcé la suspension des opérations dans plusieurs zones.
Farid Haddouche