Université algérienne, office des publications universitaires, Œuvres universitaires, recherche scientifique… Abdelbaki Benziane nous dit tout
Objectif et défi majeur pour le premier responsable du secteur de l’enseignement supérieur, la qualité de l’enseignement dispensé est primordiale.
A ce titre, l’ouverture de l’université sur son environnement, mai aussi et surtout sur le monde extérieur, s’avère être désormais incontournable. « Voilà pourquoi nous encourageons les recteurs à prendre attache avec les autres universités. Si certains étaient réticents au début, beaucoup ont tout de suite saisi tous les avantages qu’il est possible de récolter à partir de cette ouverture ».
C’est ce que nous explique notre interlocuteur, pour qui une mise à niveau est tout aussi nécessaire que constante et permanente dans le temps. Ce n’est que de cette façon aussi que le classement des universités algériennes va s’améliorer au fil du temps. En parallèle, des pôles d’excellences vont émerger de facto, fruit de cette saine émulation.
Dans le même temps, un recensement des appareillages disponibles a été effectué afin d’optimiser le rendement des universités algériennes, selon leurs capacités propres, en faisant en sorte que ces potentialités ne soient pas sous-exploitées.
A terme, cela permet d’économiser pas mal d’argent en devises, mais aussi d’encourager des projets de recherche, parfois mis en berne faute de moyens, ou carrément d’informations concernant la disponibilité des moyens ou des appareillages liés à l’accomplissement de ces recherches en question.
C’est aussi la raison pour laquelle un concours de soutenance de mémoire chrono en main en 120 secondes a été lancé. Cela implique pour l’étudiant une parfaite maitrise de son sujet.
Notre interlocuteur est d’ailleurs convaincu de la justesse de son choix. Il en veut pour preuve le fait que beaucoup de cadres formés en Algérie émergement et font leurs preuves en Occident, là où la concurrence est rude, et la formation des plus pointue qui soit. En outre, et depuis l’indépendance et jusqu’à ce jour, l’Algérie a formé, et bien formé, pas moins de 60.000 étudiants africains, ce qui n’est pas peu dire.
Université algérienne : «De la discussion….
Certes, un train qui arrive à l’heure, ce n’est pas une info à proprement parler. Non plus, un chien qui mord un homme. Mais, un homme qui mord un chien… le buzz est garanti. Pour ceux qui se nourrissent de spéculations et de ouï-dire.
« A mon arrivée à la tête de ce secteur, nous dit le ministre, la communication était quasi-inexistante. Nous étions constamment sur la défensive. La plupart des articles nous concernant étaient hostiles. Mais, petit à petit, la tendance a fini par s’inverser. Cela a été rendu possible à l’aide d’un grand effort mené en matière de communication, d’explication, de pédagogie et de transparence. Le ministère de l’Enseignement supérieur n’est plus cette « tour d’ivoire » que les journalistes cherchent à prendre d’assaut coûte que coûte. Il en va de même pour les syndicats affiliés au secteur. Ces derniers sont systématiquement consultés, et régulièrement associés aux prises de décisions.
Cela explique en grande partie pourquoi ce secteur, d’ordinaire si volatile, carrément en pleine ébullition, vit présentement une remarquable période de calme et de stabilité. Abdelbaki Benziane, homme de terrain qui connait son secteur sur le bout des doigts, ne craint donc pas de descendre dans la cage aux lions. Son plus haut fait d’armes est d’avoir réuni ensemble, dans l’immense auditorium de l’USTHB, pouvant accueillir des milliers de personnes, tous les représentants des neuf universités d’Alger, étudiants, enseignants, syndicalistes, et divers travailleurs pour leur donner librement la parole, le tout en présence de la presse. Cette prise de risque, sans doute, s’est avérée on ne peut plus frustrasses.
Elle a permis de désamorcer en amont toutes les bombes à retardement sociales d’une part, mais aussi et surtout d’associer l’ensemble des acteurs et des partenaires aux prises de décisions. L’accomplissement et l’atteinte des objectifs ainsi fixés passe assurément par là. Mieux, cette paix sociale n’est absolument pas factice, ni surfaite. Avec Abdelbaki Benziane, les trains arrivent toujours à l’heure….
Office des publications universitaires : L’urgence d’une adaptation législative et pratique
Dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, l’Office des Publications Universitaires » est un dossier lourd et important en soi. Le texte régissant cet office date de 2005, ce qui dénote de facto son obsolescence, d’où la nécessité d’actualiser, voire d’élaborer un nouveau texte dans les meilleurs délais. L’urgence se devine à la vue, avant lecture, des quatre livres blancs déjà édités, ayant pour thèmes des sujets d’une importance capitale.
Il s’agit, par exemple, de l’ « intelligence artificielle », de « la sécurité énergétique » et des énergies nouvelles », de la « nano ou microélectronique »….
Des sujets de recherches, d’études et de prospective peuvent également s’imposer au fil des problèmes rencontrés chemin faisant. Cela peut être le cas, par exemple, concernant l’actuel stress hydrique en train de mettre les nerfs de tous les Algériens à rude épreuve.
A travers ces très intéressantes publications, on voit bien que l’université algérienne se met à jouer le rôle de visionnaire et de prospecteur qui aurait dû être le sien depuis le début. Mais, dans tous les cas de figures, les publications de l’OPU sont tenues de s’adapter aux mutations technologiques et pédagogiques en cours. Les supports, au lieu de rester figés dans la forme « polycopiée » que tous les universitaires connaissent, gageraient sans doute à aller vers plus d’interactivité à travers le recours aux TIC (technologies de l’information et de la communication).
Œuvres universitaires : Ouvrir la boite de Pandore…
Le lourd dossier des œuvres universitaires, Abdelbaki Benziane, ministre de l’Enseignement supérieur, en parle avec « retenue » et « pudeur ».
Il n’est pas loin de penser, à l’égal de tous les étudiants qui ont eu à fréquenter les bancs universitaires, que les prestations dont ils bénéficient sont loin de répondre à leurs attentes et à leurs besoins, cela au regard des moyens colossaux mis à disposition par les pouvoirs.
Si ce dossier lourd sera certainement ouvert un jour, cela se fera très certainement sur la base des expériences constatées dans d’autres pays.
L’Algérie, qui ne vit pas en autarcie, est en effet tenu d’optimiser le rendement des sommes mises à la disposition des œuvres universitaires, tout en évitant les éventuelles « déperditions », pour rester dans le chapitre des euphémismes, en attendant, et en espérant que l’étudiant en aura enfin pour son… argent.
Recherche scientifique : Rien de durable ne se fera sans éthique et déontologie
Homme de dialogue, homme mesuré et pondéré, Abdelbaki Benziane, premier responsable du secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, attache une très grande importance à l’éthique et à la déontologie. Il tient également en très haute estime les chercheurs et les enseignants universitaires, dont beaucoup ont consacré le plus clair de leur temps à la noble tâche de la recherche scientifique et de l’enseignement supérieur.
Voilà pourquoi la voie de la sensibilisation, en lieu et place de celle des sanctions, a été privilégiée. « Il s’agit de l’élite algérienne, s’exclame notre interlocuteur qui, en bon scientifique se réserve le bénéfice du doute en cas de fâcheux et regrettables cas de plagiat ».
Ces derniers, peu nombreux fort heureusement, risquent d’entacher la réputation de l’Université algérienne. Le choix judicieux de la sensibilisation car, comme le dit le proverbe, mieux vaut prévenir que guérir. De sévères sanctions sont toutefois programmées dans l’arsenal juridique en phase d’élaboration.
Mohamed Abdoun