Au Maroc la grogne politique causée par la trahison de la cause palestinienne de la part du Makhzen, relativement confinée jusque-là aux couches sociales les plus modestes, continue de monter crescendo, et vient de toucher de plein fouet les élites (universitaires) du royaume chérifien. Que l’on en juge. Lors de la cérémonie de remise des diplômes à l’Université Ben M’Sik de Casablanca, une étudiante marocaine portant un keffieh palestinien a été confrontée à un refus honteux qui en dit long sur la panique et la confusion dans laquelle se débattent les dirigeants marocains, alliés et complices des Israéliens, assassins des femmes et des enfants de Palestine occupée. Mohamed Talbi, le doyen de la Faculté des sciences, a refusé de remettre à cette étudiante son diplôme en raison de son écharpe symbolique, demandant qu’elle l’enlève. L’étudiante a refusé, restant ferme dans sa position. Ce refus et cet incident ne sont absolument pas isolés. Le ver est bel et bien dans le fruit. Il remonte à au moins 1967, lorsque le roi Hassan II avait honteusement trahi la coalition arabe pour permettre à l’entité israélienne de remporter une guerre-éclaire (six jours), contre les dirigeants arabo-musulmans. Face à ce refus, l’organisateur de l’événement a demandé au directeur de l’École supérieure de technologie de remettre le diplôme à l’étudiante, ce qu’il a fait sous les applaudissements du public. Ce geste de soutien a été salué par les présents et sur les réseaux sociaux, où les utilisateurs ont exprimé leur indignation contre l’attitude du doyen. La réaction de Mohamed Talbi a suscité une vague de critiques parmi les étudiants, les politiciens et le grand public marocain, largement favorable à la cause palestinienne. Sur les réseaux sociaux, de nombreux utilisateurs ont qualifié l’attitude du doyen de “honteuse”. Le chercheur marocain Hassan Benajeh a souligné la gravité de l’incident, dénonçant une atteinte à la symbolique palestinienne et à la liberté personnelle de l’étudiante. Face à cette controverse, plusieurs internautes ont demandé la démission immédiate de Mohamed Talbi, affirmant que son comportement ne représente ni les valeurs de l’université ni celles du peuple marocain. Ces appels n’ont pas de sens en eux-mêmes. C’est en effet à Mohamed VI qu’il faudrait exiger d’abdiquer, attendu que c’est lui, avec son conseiller spécial André Azoulay, qui est le cerveau et la source de cette normalisation-trahison. En attendant, une lame de fond inédite est en train de monter pour attendre les plus hauts sommets décisionnels du Makhzen. Attendons, observons, et comptons les coups.
El Ghayeb Lamine