Washington aurait désigné une ambassadrice à Niamey : Le complot franco-nigérian déjoué (vidéo)
Tout porte à croire que l’information exclusive donnée par nous depuis quelques jours a tendance à se confirmer de plus en plus. Il s’agit du fait que la Cédéao aurait discrètement renoncé à son action militaire au Mali, et chercherait désespérément le moyen idoine de justifier cette reculade sans perdre totalement la face.
En effet, le coup fatal au tandem va-t-en guerre Paris-Abuja serait sur le point d’être porté par les Américains, avec leurs gros sabots, et leur diplomatie, menée très souvent à l’emporte-pièce. Les Etats-Unis auraient en effet nommé une ambassadrice au Niger. Il s’agit de Kathleen FitzGibbon. Cette diplomate de carrière justifie d’une vaste expérience en Afrique de l’Ouest. Double ironie et coup du sort, cette diplomate chevronnée, dont la désignation a été actée par le Sénat au lendemain du coup d’Etat nigérien, vient du Nigéria. De quoi ressentir encore plus fort la double gifle donnée par Washington à la France et au Nigéria dans la gestion de cette crise volatile, et particulièrement difficile à cerner. En attendant, la menace d’intervention militaire contre le Niger promet de ne jamais être appliquée sur le terrain. Une délégation de chefs religieux du Nigeria est arrivée samedi au Niger et a rencontré des membres de la junte militaire qui ont pris le contrôle du pays le mois dernier. Le chef du coup d’État, le général Abdourahamane Tchiani, et le Premier ministre nommé par la junte, Ali Maham Lamine Zeine, ont tous deux rencontré la délégation de chefs religieux musulmans dirigée par le cheikh Abdullahi Bala Lau, chef du mouvement salafiste Izala au Nigeria, selon les médias nigériens. Le président nigérian Bola Tinubu a donné son accord à la délégation de médiation. Tinubu est actuellement président de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui a menacé d’intervenir militairement si les chefs du coup d’État militaire au Niger ne réintégraient pas le président Mohamed Bazoum, 63 ans, qui a été déposé par des membres de sa garde. Le 26 juillet. La délégation religieuse espère apaiser les tensions entre le Nigeria et les dirigeants de la junte, a indiqué une source proche de la délégation. La Cédéao a approuvé le déploiement d’une “force en attente pour rétablir l’ordre constitutionnel” au Niger, mais espère toujours trouver une solution pacifique à la situation. Le parlement de la CEDEAO s’est réuni samedi pour discuter d’autres actions, mais aucune décision n’a été prise. Une réunion de crise prévue samedi a été annulée pour des raisons techniques, ont indiqué les chefs d’état-major de la Cédéao. La réunion devait discuter des meilleures options pour le déploiement de la force en attente. Une façon comme une autre de tenter gagner du temps, histoire de trouver le meilleur moyen de justifier sa reculade humiliante. En attendant, c’est la junte nigérienne qui garde l’offensive et les initiatives. Les auteurs du coup d’Etat au Niger n’apprécient pas la réprobation internationale. Les militaires qui ont renversé le président Mohamed Bazoum ont dénoncé dimanche soir « les sanctions illégales, inhumaines et humiliantes » de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Les populations nigériennes sont « durement éprouvées par les sanctions illégales, inhumaines et humiliantes de la Cedeao, qui vont jusqu’à priver le pays de produits pharmaceutiques, de denrées alimentaires » et « de fourniture en courant électrique », a affirmé un des membres du régime, le colonel-major Amadou Abdramane, dans un communiqué lu à la télévision nationale. Ces déclarations surviennent après l’accueil par le régime militaire d’une délégation de chefs religieux nigérians musulmans samedi, menée avec l’accord du président nigérian Tinubu, également à la tête de la Cedeao, pour « apaiser les tensions créées par la perspective d’une intervention militaire » de l’organisation. Selon un communiqué de la médiation religieuse nigériane, le chef du régime militaire, le général Abdourahamane Tiani, avait « déclaré que sa porte était ouverte pour explorer la voie de la diplomatie et de la paix afin de résoudre » la crise.
El Ghayeb Lamine