Zelensky en Arabie Saoudite : Un coup de poignard dans le dos des pays qui prônent la neutralité et le non-alignement
Comme il fallait s’y attendre la très anecdotique invitation du président ukrainien à la cérémonie d’ouverture du sommet arabe, risque de faire tache, et de compromettre les résultats, déjà très maigres, de cette rencontre. Que l’on en juge.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé vendredi être arrivé en Arabie saoudite pour le sommet de la Ligue arabe qui se tient dans la ville côtière de Jeddah, avant une visite attendue au Japon pour une rencontre du G7. M. Zelensky “a remercié le prince héritier d’Arabie saoudite (Mohammed ben Salmane) pour son soutien à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de l’Ukraine”, lors d’un entretien bilatéral au cours d’une visite inédite du président ukrainien en Arabie saoudite.
Il a également invité M. ben Salmane, dont le pays a récemment coordonné sa politique pétrolière avec Moscou, à se rendre en Ukraine. Mais, le président ukrainien a regretté que “certains” pays arabes “ferm(ai)ent les yeux” sur l’invasion de son pays par la Russie. Nous y voilà donc.
Il y a remise en cause inquiétante de la neutralité et du non-alignement de plusieurs Etats membres de cette guilde. Mohamed Ben Selmane, prince héritier saoudien, en décidant d’inviter cet intrus sans même consulter ses pairs, crée une profonde et sévère dissension dans les rangs des 22 Etats membres de la Ligue Arabe.
Ryad, en agissant de la sorte, donne l’air d’avoir compris qu’elle est allée trop loin dans les contrariétés occasionné à son puissant protecteur américain, en acceptant la baisse des cours du pétrole d’abord, et en normalisant ses relations avec Téhéran ensuite. A cela s’ajoute lac demande formulée par Ryad de rejoindre les BRICS, cette organisation qui fait tellement peur aux Occidentaux.
Le rétropédalage de Ryad, somme toute « compréhensible », sachant que Tel-Aviv et Washington projettent d’inclure incessamment l’Arabie Saoudite aux accords d’Abraham. En revanche, ce qui l’est moins c’est que l’intempestif MBS (Mohamed Ben Salman) ait instrumentalisé la Ligue Arabe pour se rabibocher avec Joe Biden, qui l’avait déjà qualifié d’assassin sanguinaire au lendemain de l’atroce assassinat du journaliste Djamel Khaskodji au niveau du consulat saoudien d’Istanbul.
Reste à conclure en se consolant que l’obsolescence de la Ligue Arabe est telle qu’aucune réforme n’y semble possible. Ceux qui n’en attendaient rien évitent au moins d’en être déçus.
El Ghayeb Lamine