Zones économiques spéciales en Afrique : le modèle européen bousculer a-t-il la Chine ?
«Le recours aux Zones économiques spéciales(ZES) en Afrique est une nécessité pour accélérer l’industrialisation, créer des emplois et de la valeur en combinant dans ces espaces productifs le maximum d’économies externes avec des avantages fiscaux et réglementaires permettant d’attirer les investisseurs étrangers qui ont besoin de sécurité».
C’est une des conclusions de Jean- Louis Guigou, fondateur de l’IPEMED dans une contribution parue au dernier numéro de «Visions d’Afrique». Toutefois, note-t-il, les ZES en Afrique ressemblent peu aux ZES chinoises.
En Chine, l’appel à l’investissement direct étranger et aux entreprises étrangères «n’était encouragé, dans une phase transitoire, que comme un moyen d’accéder à un moindre coût à l’excellence technologique et organisationnelle étrangère».
En Afrique, «nombreuses sont les ZES qui semblent autant répondre au plan du gouvernement chinois d’aménager le réseau des nouvelles routes de la soie qu’à un plan national de développement industriel ».
Dans le même registre, M. Guigou note qu’ «on n’y retrouve pas en particulier l’imbrication étroite des entreprises étrangères avec un tissu d’entreprises nationales. Peu de ces ZES semblent être de véritables pépinières d’entreprises ».
A ses yeux, les expériences actuelles des ZES, surtout à l’initiative des Chinois, ont toutefois le mérite d’exister. Elles sont appréciées. Elles bénéficient de l’ingénierie chinoise en infrastructures de communication, d’énergie, ingénierie financière, soutien diplomatique, accès à des financements externes. Mais, prévient M. Guigou, «des inquiétudes s’expriment (statut des salariés, pollution, corruption, financement) et commencent à se cristalliser».
Face à une situation pareille, le fondateur de l’IPEMED souligne que les Européens «pourraient contribuer à l’élaboration d’un modèle africain de ZES plus inclusif, plus sécurisé, plus respectueux de l’environnement, plus souverain».
Mais, ajoute M. Guigou, «aussi un modèle qui ne fasse pas que l’industrialisation de l’Afrique, sous l’égide de la stratégie chinoise, s’accomplisse au prix de la désindustrialisation de l’Europe. Elle doit être vigilante».
Et pour soutenir les efforts des responsables africains, enchaîne le même responsable, «il faut éviter que ne se constitue dans le domaine de l’ingénierie des ZES un quasi-monopole chinois. L’Europe pourrait aider à la création de consortiums européens, de consortiums africains, de consortiums mixtes africains et européens ».
Yacine Bouali