132 années de colonisation sauvage
L’autodétermination : Une revendication du mouvement national réalisée après une longue lutte
Le 19 mars 1962, les représentants du gouvernement français signaient avec les délégués du FLN les accords d’Evian qui mettaient fin à une guerre engagée le 1er novembre 1954. Le gouvernement français reconnaissait le droit des Algériens à l’indépendance. En application de ces accords, un référendum d’autodétermination est organisé le 1er juillet 1962. Une majorité écrasante des habitants de l’Algérie se prononce pour l’indépendance. Le général de Gaulle, qui avait refusé de céder directement l’administration de l’Algérie aux représentants du GPRA, fait remettre par Fouché, son nouveau haut commissaire en Algérie, une lettre par laquelle il prend acte des résultats du référendum et reconnaît officiellement l’indépendance de l’Algérie.
Plus de quarante années auparavant, à l’initiative de l’Emir Khaled, petit-fils de l’Emir Abdelkader, un groupe d’Algériens avaient remis le 23 mai 1919 à George B. Noble, représentant du président des Etats-Unis, Woodrow Wilson un mémoire réclamant le droit à l’autodétermination du peuple algérien et l’intervention de la Société des nations pour organiser son accession à l’indépendance. Le président américain avait acquis une grande renommée internationale après son fameux programme en quatorze points présenté au congrès des Etats-Unis le 8 janvier 1918, destiné à asseoir la domination d’une nouvelle puissance mondiale pour s’imposer face à des Etats européens fortement touchés par la guerre. Afin d’affaiblir les grandes puissances multinationales et les Etats coloniaux, il y affirmait notamment le droit de tous les peuples à disposer librement de leur sort. Des personnalités algériennes saisirent l’occasion de la tenue du congrès de Versailles pour affirmer le désir d’indépendance de leur pays. C’était la première revendication d’un droit à l’indépendance du peuple algérien par le recours à sa libre expression. Ce droit avait été affirmé en 1916 à la conférence des nationalités de Lausanne où un délégué tunisien représentait l’Algérie et la Tunisie.
Les signataires du Manifeste du peuple algérien du 10 février 1943 firent référence à la charte de l’Atlantique adoptée le 10 août 1941 par Churchill et Roosevelt où les signataires « respectaient le droit qu’a chaque peuple de choisir la forme de gouvernement sous laquelle il doit vivre, et qu’ils désiraient que soient rendus les droits souverains et le libre exercice du gouvernement à ceux qui en ont été privés par la force ».
Cette revendication mit du temps pour prendre forme et être partagée par une majorité des forces politiques algériennes. Elle fut imposée par la force au gouvernement français après une longue guerre de libération. Dans sa longue marche vers l’indépendance, le peuple algérien franchit plusieurs étapes dont on peut relever les points forts.
1900 : une société algérienne brisée
Les révoltes populaires rurales prirent fin au XIXe siècle avec celles d’El Amri (1876), de l’Aurès (1879), des Ouled Sidi Cheikh (1881). La révolte des Righas de Marguerite (Aïn Torki) d’avril 1901 fut le dernier grand soulèvement paysan.
Au début du XXe siècle, après plusieurs décennies de révoltes essentiellement paysannes, toutes très violemment réprimées, le peuple algérien s’engageait dans la lutte politique. Cette lutte était dirigée contre la situation imposée par le système colonial. Un ensemble de lois privait les Algériens de droits élémentaires et les soumettait à une politique de soumission et de répression. Le droit de vote n’était accordé qu’à une infime partie de la population algérienne qui ne jouissait pas de la citoyenneté ; la représentation était volontairement inégalitaire ; des juridictions spéciales s’appliquaient aux Algériens qui étaient soumis à une législation particulière, le code de l’indigénat, et à des mesures de privations de liberté et de saisie. La politique d’assimilation avait amené le pouvoir colonial à imposer un clergé musulman qui lui était totalement soumis et à interdire l’enseignement libre de la langue arabe. Des lois ont organisé la dislocation de la propriété collective des terres, détruisant ainsi le lien communautaire qui formait la base de la société algérienne et permettant la saisie des meilleures terres qui furent confisquées au profit des colons. On imposa par la force une colonie de paysans européens sur des terres arrachées aux paysans algériens. La colonisation accapara 1,5 million d’hectares de 1871 à 1898. En 1917, les Européens disposaient de 2,3 millions d’hectares. En 1882, on comptait quelque 200 nouveaux villages de la colonisation.
Au début du XXe siècle, la société algérienne avait été profondément brisée. Les élites traditionnelles citadines avaient disparu. Elles se reconstituèrent très lentement sous des formes nouvelles. La paysannerie algérienne avait été dépossédée : la superficie des propriétés agricoles avait été réduite de près du tiers entre 1880 et 1900. Elle était passée de 8,2 millions d’hectares à moins de 5,8 millions. Le cheptel ovin était passé de 8 millions à un peu plus de 6 millions entre 1865 et 1900. Les paysans algériens étaient en majorité pauvres : 70% possédaient moins de 4 hectares en moyenne. La grande propriété était marginale : 20% des terres appartenaient à des paysans possédant des parcelles d’une superficie de plus de 200 hectares.
La lutte des élites algériennes contre les inégalités
Dès le début du XXe siècle, les représentants d’une élite algérienne, dont une partie était instruite et francisée se manifestèrent en réclamant l’égalité des droits pour l’ensemble des populations d’Algérie. Pratiquement jusqu’en 1945, le mouvement national a été marqué par cette lutte des élites tentant de réclamer des droits et d’imposer des réformes par le recours à la lutte légale, croyant en une possibilité de transformation du système colonial par l’action des gouvernements français. Ces élites algériennes réclamaient l’égalité dans le cadre de la République française.
Quelques rares personnalités issues des milieux traditionnalistes lettrés étaient apparues, revendiquant des droits au profit des Algériens. On peut citer Mohammed Ben Rahal (1858-1928), ancien caïd qui démissionna pour se consacrer à l’activité politique dès 1884, militant pour l’instruction des Algériens en arabe et en français, et l’élargissement de leur représentation au sein des instituions coloniales. Mohammed Ben Mouhoub de Constantine mena le même combat à la même période. Au début du XXe siècle, on vit apparaître un certain nombre de cercles, de sociétés instruites et de cercles regroupant des Algériens instruits se regroupant pour réclamer la levée des mesures répressives et l’élargissement des droits au sein du système colonial : Rachidia d’Alger, Salah Bey de Constantine, Akhaouia de Mascara, le Cercle des Jeunes Algériens de Tlemcen, le Cercle du Progrès de Bône. On les appela le mouvement Jeune turc, puis les Jeunes Algériens. Ce mouvement disposa de journaux qui apparurent très tôt : El Misbah à Oran en 1904, El Hilal à Alger en 1906, Le Musulman à Constantine en 1909. L’Islam qui parut à Bône a été l’organe principal de ce mouvement et il présenta en avril 1911 les principales revendications qui ne remettaient pas en cause la souveraineté française. Cependant, le rappel de la grandeur de la civilisation arabo-islamique et la glorification du message du Coran étaient dans les discours de bien des délégués de ce mouvement. Pétris de culture arabe, tels que les conseillers Taleb Abdeslam et Mohamed Ben Rahal, certains érudits algériens avaient très tôt combattu l’assimilation en rappelant la personnalité du peuple algérien marquée par son histoire arabo- islamique. Mais il restait encore un long chemin à faire pour inculquer l’idée nationaliste au sein des populations en faisant de l’Islam un élément fort de cette appartenance nationale.
Après la participation des Algériens à la Première Guerre mondiale (173.000 militaires enrôlés et 25.000 morts sur les champs de bataille, 120.000 travailleurs dans les usines), le gouvernement entreprit quelques réformes réduites en 1919 par un léger élargissement de la participation des Algériens à la vie politique. Mais leurs représentants restaient très minoritaires face à ceux de la minorité européenne.
L’émir Khaled porte les revendications populaires
C’est l’émir Khaled qui fut le porte-parole et l’inspirateur des revendications populaires même si ses premières revendications étaient relativement modestes se contentant de réclamer une égalité des droits entre tous les habitants de l’Algérie. Il se rapprocha du mouvement Jeune Algérien dont beaucoup de membres furent influencés par ses idées. Il esquissa même un programme politique tout en restant extrêmement prudent dans la dénonciation de la domination coloniale. Son action permit d’amener un grand nombre d’élus représentants de l’élite algérienne à des positions radicales dans la dénonciation du système colonial. Ainsi furent élus Kaïd Hamoud à Blida, Ben Rahal à Oran, Moussa à Constantine. En 1920, il fonda le journal L’Ikdam qui prit une place importante dans la dénonciation du système colonial et des personnalités algériennes qui lui étaient alliées. Ainsi, apparurent sur la scène politique un grand nombre d’élus algériens rejetant ouvertement l’assimilation. En 1924, l’émir Khaled donne deux conférences en France dans les milieux des travailleurs maghrébins proches du Parti communiste. Il inspira la naissance de la revendication nationale. L’Etoile Nord-Africaine se met en place dès la fin de 1924 et apparaît au grand jour en 1926. L’émir en est le président d’honneur. Les travailleurs algériens s’engagent dans la lutte politique nationale, parallèlement aux cercles initiés par des représentants de l’élite. La direction du mouvement comporta des Algériens de différentes régions parmi lesquels Messali, Hadj Ali, Chebila, Djilani, Banoune. Sa spécificité résidait dans son programme qui se fixait l’indépendance et l’attachement à la personnalité arabo-islamique. L’ENA publia un journal qui reprit le titre de celui de l’émir Khaled, L’Ikdam. Dans son appel du 22 avril 1927, elle réclama « le droit pour l’Algérie, comme pour tous les autres peuples, de disposer d’elle-même ». Sous la direction de Messali Hadj qui en assuma la présidence dès 1926, l’ENA exprima la revendication nationale algérienne portée par des militants des couches populaires.
La minorité européenne d’Algérie
Les gouvernements français avaient décidé dès le milieu du XIXe siècle d’implanter une population européenne sur les terres enlevées par la force aux paysans algériens. On fit appel à des agriculteurs venus de France mais aussi d’Espagne, d’Italie, de Malte, d’Allemagne et de Suisse. Les superficies de terres agricoles possédées par des Européens augmentèrent régulièrement : en 1917 elles atteignaient 2,4 millions d’hectares. Dès le début, la part des Français dans la population de colons était minoritaire. La loi du 26 juin 1889 accorda la nationalité française aux enfants d’étrangers européens nés en Algérie.
Deux faits importants sont à souligner : la concentration de la propriété agricole européenne s’accentua et en 1930 il n’y avait plus que 26.000 propriétaires pour 2,5 millions d’hectares et 74% des terres étaient détenus par 20% des propriétaires. La colonisation rurale changea de nature et devint dominée par la grande exploitation intensive tournée vers l’exportation. Par ailleurs, la population européenne devint dans sa majorité urbaine (à 60% en 1872 et à 72% en 1926).Cette population majoritairement urbaine et composée surtout d’employés de l’industrie (29%) et du secteur tertiaire (60%), l’agriculture n’occupant plus que 10% de la population en 1954 chercha très tôt à s’autonomiser de la France et à avoir des prérogatives renforcées. Elle s’opposa avec force à toute tentative du gouvernement métropolitain de modifier la situation qui lui donnait tous les pouvoirs face à la population algérienne pourtant largement majoritaire. Elle refusa l’extension des pouvoirs politiques. Elle perpétua les politiques de répression engagées par les armées du début de la colonisation, affirmant que toute concession même minime entraînerait son élimination. Elle croyait en une seule politique : la répression la plus brutale pour terroriser les populations algériennes et leur enlever, d’après elle, toute idée de révolte.Elle fut suivie à chaque fois par les gouvernements métropolitains à qui elle imposa ses points de vue. Cette minorité européenne fut installée en Algérie dans des conditions particulières. La loi française refusa aux Algériens l’accès à la citoyenneté en raison de leur appartenance à la confession musulmane. Elle les soumit à une législation répressive exceptionnelle. Les autorités coloniales accordèrent aux populations européennes tout le pouvoir de s’imposer y compris par l’utilisation de la force la plus brutale en faisant d’eux des auxiliaires de l’armée dans le maintien de l’ordre même à titre préventif.
Les reculs des gouvernements français
A différentes reprises, les projets de réformes initiées par les gouvernements français rencontrèrent les oppositions violentes des représentants de la minorité européenne.
Dès 1898, les émeutes antijuives déclenchées par des extrémistes européens réussirent à imposer une autonomie financière par la création des délégations financières et la loi du 29 décembre 1900 confirma formellement la personnalité civile de l’Algérie qui renforçait ainsi son autonomie.
Les réformes limitées de 1919 qui augmentèrent le nombre des électeurs algériens furent violemment combattues, même si la loi avait maintenu la supériorité des élus européens dans toutes les circonstances. Ceux-ci obtinrent le rétablissement des lois sur l’indigénat en 1920 et la suspension de l’émigration vers la France qui influait sur le marché de la main d’œuvre locale (1924). Le gouverneur Violette qui avait préconisé une plus grande représentation des Algériens fut rappelé en 1927.
En 1936, la victoire du Front Populaire redonna l’espoir aux élites algériennes engagées dans l’assimilation, c’est-à-dire l’octroi des mêmes droits à tous les habitants de l’Algérie. Le nouveau chef du gouvernement français Léon Blum rejeta la plate-forme présentée par le Congrès Musulman en juin 1936 qui se contentait d’avancer des revendications limitées : suppression de la législation d’exception, instauration du suffrage universel, octroi de la citoyenneté avec le maintien du statut personnel musulman. Il se contenta d’avancer un projet bien limité, le projet Blum Violette qui visait l’extension des droits politiques à l’élite algérienne. Le texte suscita une hostilité violente des représentants de la minorité européenne. Le projet ne fut même pas examiné par le Parlement français.
En décembre 1943, le général de Gaulle annonçait son intention d’accorder la nationalité française à plusieurs dizaines de milliers d’Algériens qui conserveraient leur statut personnel.Il signa l’ordonnance du 7 mars 1944 qui accordait le droit de vote à tous les Algériens, mais, précision importante, dans deux collèges différents. Les représentations aux assemblées locales maintenaient l’infériorité des délégués algériens dont le nombre ne devait pas excéder les 2/5.
Le Parlement français adopta le 20 septembre 1947 un statut de l’Algérie qui maintenait la supériorité politique des Européens dans les instances élues. Le gouvernement nomma des gouverneurs généraux (Naegelen et Léonard) qui se soumirent aux injonctions des représentants de la minorité européenne et fermèrent, en truquant à large échelle les élections, toute possibilité d’une évolution légale des Algériens.
L’évolution de la population algérienne
La paysannerie algérienne connut une forte régression à partir des années 1910, marquée essentiellement par la baisse des superficies cultivées, le morcellement, la faiblesse des rendements. La production céréalière de 1954 était identique à celle de 1900 pour une population qui avait presque doublé pendant la période. On estimait au début des années 1950 à un million le nombre de chômeurs ruraux, pour à peine plus de 100.000 ouvriers permanents (travaillant plus de 180 jours par an). On comptait dans l’industrie et les services 130.000 chômeurs et 250.000 manœuvres. L’analphabétisme touchait 90% de la population. Au XXe siècle, la population algérienne connaît un important exode rural. En 1936, 11% des Algériens résidaient dans les villes. Ils sont près de 20% en 1954. En 1926, les Algériens étaient 64 à l’université soit 3,85% des étudiants. Trente années plus tard, en 1955-1956, la situation avait à peine changé puisque les statistiques officielles de la colonisation donnaient 260 étudiants algériens sur 4700 (5,5%) et 79 Algériens avaient réussi au baccalauréat soit 6% de l’ensemble des admis. En 1954 les Algériens représentaient 89.5% de la population totale.
Le mouvement national se radicalise
L’Etoile Nord-Africaine qui a été le premier mouvement algérien regroupant les catégories populaires, liant revendications sociales et revendications nationales et réclamant l’indépendance de l’Algérie est interdite définitivement en janvier 1937, sous le gouvernement du Front Populaire. Le Parti du peuple algérien lui succède en mars 1937 reprenant le même programme et toujours sous la direction de Messali Hadj. Très vite, il s’implante en Algérie. Il sera fortement présent dans les quartiers des villes algériennes accueillant une population pauvre d’origine rurale. Il sera renforcé par l’apport de jeunes intellectuels et de représentants des couches moyennes urbaines.
En 1931 est créée l’Association des oulémas algériens qui se refuse à devenir un parti politique. Elle jouera un rôle important dans la lutte contre les tentatives d’assimilation et renforcera l’adhésion des Algériens à un sentiment national où la dimension religieuse occupe une place prépondérante. Elle sera aussi très active pour rapprocher les différentes forces politiques du mouvement national autour de la revendication d’indépendance devant l’échec des tentatives de réformer le système colonial par la voie légale.
Les élites algériennes regroupées au début du siècle dans le mouvement dit Jeune Algérien connaissent une lente évolution. En 1927 est constituée la Fédération des élus indigènes sous la direction de Mohamed Salah Bendjelloul et Ferhat Abbas. Les efforts de ses élus dans les assemblées rencontreront l’opposition du gouvernement français à des réformes qui ne remettent pas en cause l’appartenance de l’Algérie à la France et réclament l’égalité pour les populations algériennes.
Le Parti communiste eut une réelle influence sur le mouvement national à ses débuts. Certains de ses militants furent à la direction de l’Etoile Nord-Africaine dont le premier président (jusqu’en 1928) Abdelkader Hadj Ali, et aussi Djillali Chebila, Mohamed Marouf, Aït Toudert et Boutouil. Messali Hadj s’en détacha après y avoir milité. Son influence sur les immigrés maghrébins se réduisit. En 1928, les militants communistes algériens, en majorité européens, repoussèrent la politique assimilationniste mais sous-estimèrent la revendication nationale qu’ils ne soutinrent pas, considérant que le salut ne pouvait venir que de la lutte sociale menée par les travailleurs de France. Leur condamnation des fêtes du centenaire en 1930 n’eut aucun effet. Leurs positions furent tranchées dès 1932. Ils dénoncèrent la politique assimilationniste du gouvernement et les éléments réformistes qui la soutenaient. En septembre 1933, ils réclamèrent l’indépendance des pays du Maghreb. L’importance accordée à la revendication nationale ne fut pas suivie par les militants.Les communistes algériens s’organisèrent en force politique distincte du PCF en 1936.Les militants algériens de ce parti furent très sensibles à la revendication nationale et certains d’entre eux s’engagèrent directement.
Ces différentes composantes du mouvement national algérien réussiront à se rapprocher à des moments cruciaux.La Fédération des élus, l’Association des oulémas et les communistes se regroupèrent dans le Congrès musulman de juin 1936 qui réclama le rattachement de l’Algérie à la France et l’octroi de la citoyenneté à tous les Algériens. La plate-forme fut rejetée par le gouvernement socialiste de Léon Blum.
A l’initiative de Ferhat Abbas, des personnalités algériennes adressent le 20 décembre 1942 un message aux autorités responsables, aux autorités alliées et aux représentants du gouvernement français de la Résistance. Il sera suivi d’un texte politique, le Manifeste du Peuple Algérien. Le 26 mai, Ferhat Abbas, qui s’était concerté avec les oulémas et Messali Hadj, présente un projet de programme plus précis qui prévoit que « l’Algérie sera érigée en Etat algérien doté d’une constitution propre qui sera élaborée par une assemblée algérienne constituante élue au suffrage universel par tous les habitants de l’Algérie ». Ce texte est rejeté par le gouvernement du général de Gaulle. Cette démarche unitaire est poursuivie par la création, le 14 mars 1944, des Amis du Manifeste de la liberté (AML). Les thèses du PPA rencontrent un grand écho et le congrès des AML de mars 1945 se prononce pour un Etat algérien indépendant.
La répression des manifestations de mai 1945 à laquelle les populations européennes participèrent activement isola les partisans de la transformation pacifique graduelle du système colonial. Les bases d’une union du mouvement national avaient été jetées. Le sentiment national en sortit renforcé, et pour de larges couches d’Algériens, il n’y avait pas de voie possible en dehors de l’indépendance et cet objectif ne pouvait venir de la lutte politique dans le cadre du maintien du système colonial.
In Mémoria