Canada : Un banquier à la tête du gouvernement
Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, a été élu chef du Parti libéral du Canada et devient ainsi le nouveau Premier ministre, succédant à Justin Trudeau. Son élection marque un tournant pour le pays, alors qu’il devra rapidement faire face aux élections générales prévues au plus tard en octobre 2025. Bien que novice en politique, son profil technocratique et son expérience économique lui ont permis de séduire une large base électorale en quête de renouvellement. Son principal défi sera désormais de remporter les élections face à Pierre Poilievre, le chef du Parti conservateur. Né le 16 mars 1965 à Fort Smith, dans les Territoires du Nord-Ouest, Mark Carney a étudié l’économie à Harvard, avant d’obtenir une maîtrise et un doctorat à l’Université d’Oxford. Il entame sa carrière dans la finance et travaille pendant 13 ans chez Goldman Sachs, occupant des postes stratégiques à Londres, Tokyo, New York et Toronto. En 2008, il devient le plus jeune gouverneur de la Banque du Canada, où il joue un rôle clé durant la crise financière mondiale. En 2013, il est nommé gouverneur de la Banque d’Angleterre, devenant ainsi le premier étranger à diriger l’institution. En janvier 2025, Mark Carney annonce sa candidature à la direction du Parti libéral, à la suite de la démission de Justin Trudeau. Face à Chrystia Freeland, son adversaire et ex-ministre des Finances, il s’impose avec 85,9 % des voix. S’il partageait avec Freeland des idées proches, notamment sur la réduction des impôts des classes moyennes, son image d’expert financier pragmatique et son absence d’implication dans l’ère Trudeau lui ont donné un avantage décisif. Mark Carney s’est imposé avec un programme orienté vers la relance économique et la lutte contre l’inflation et la crise du logement. Il prône notamment la construction de maisons préfabriquées à coût modique afin de répondre à la pénurie de logements. Son virage à droite sur certains sujets, comme l’abolition de la taxe carbone sur les ménages, témoigne de sa volonté de séduire un électorat plus large et de fragiliser Pierre Poilievre, son principal rival conservateur. Les élections générales, qui pourraient être avancées entre avril et mai 2025, opposeront Mark Carney à Pierre Poilievre, un ultraconservateur aux positions proches de Donald Trump. D’après un sondage Angus Reid, 43 % des Canadiens préfèrent Carney pour affronter le président américain, contre 34 % pour Poilievre. Face à un Trump belliqueux, qui menace le Canada d’une guerre commerciale et qualifie le pays de “brisé”, Carney incarne une figure rassurante et compétente pour défendre les intérêts canadiens. Mark Carney dispose d’un capital de crédibilité important grâce à son expertise économique, mais son manque d’expérience politique reste un défi. Pour maintenir sa position, il devra rapidement convaincre les Canadiens et s’imposer face à l’opposition conservatrice. Sa victoire au sein du Parti libéral n’est que la première étape. Le véritable test sera celui des élections générales de 2025, où il devra prouver qu’il est capable de diriger le pays bien au-delà de son expertise financière.
R.I.