A Paris, des militants détournent les plaques de l’avenue Bugeaud, un criminel de la colonisation de l’Algérie
Le général Thomas Robert Bugeaud était l’initiateur de la politique de « la terre brûlée » et de la technique de l’ « enfumade » qui consistait à asphyxier des civils algériens, réfugiés dans une grotte, jusqu’à ce que mort s’ensuive.
A Paris, cinq membres de l’association SOS Racisme ont détourné, ce vendredi 19 mars, des plaques de l’avenue Bugeaud, située dans le très chic 16e arrondissement de la capitale française.
Dès 6h30 du matin, des plaques détournées ont été collées à l’endroit de celles déjà existantes, selon Le Parisien. Dessus, les inscriptions « avenue du criminel Bugeaud » ou encore « avenue des enfumades » sont lisibles.
« On a décidé de ne pas attendre une décision politique (à ce sujet) qui pourrait prendre du temps tant les résistances peuvent être fortes sur le sujet », a expliqué Valentin Stel, membre de SOS Racisme.
Et d’ajouter, « Il ne s’agit pas de venir vandaliser ou rebaptiser selon notre propre goût une avenue qui porte le nom de Bugeaud mais de venir préciser qui était ce personnage qui n’était rien d’autre qu’un criminel de guerre ».
Dans ce contexte, M. Stel juge « scandaleux qu’on continue de rendre hommage à une figure comme ça en France en 2021 ». « Cette personne, aujourd’hui, serait à La Haye (Coup pénale internationale) » a-t-il déploré.
Dans une récente interview au Monde Afrique, Laurence Patrice, adjointe à la mairie de Paris en charge de la mémoire, a indiqué être « favorable à l’idée d’étudier précisément le cas » de l’avenue Bugeaud.
Toutefois, une pareille initiative pourrait déclencher une vive polémique mémorielle à un peu plus d’une année de l’élection présidentielle en Hexagone. En 2020, le président français, Emmanuel Macron, avait prévenu que « la République » n’effacerait « aucune trace ni aucun nom de son Histoire ».
Au mois de janvier, l’historien Benjamin Stora a remis un rapport à Macron sur la colonisation et la guerre d’Algérie. Ce dernier a reconnu, début mars, « au nom de la France » que l’avocat et militant nationaliste algérien, Ali Boumendjel, avait été torturé et tué par l’armée française.
Skander Boutaiba