Ancien ambassadeur de France en Algérie : Xavier Driencourt se « lâche » sur Le Figaro
Chassez le naturel, il revient au galop. Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie, plus tenu par son obligation de réserve, s’est totalement lâché dans les colonnes du journal de droite Le Figaro.
S’exprimant comme n’importe quel néocolonialiste, ou orientaliste, pour qui l’histoire des crimes français serait soit à réécrire soit à effacer, ce diplomate qui troque son miel langagier avec du fiel pur-jus, ne laisse pas de s’indigner face aux arguments brandis par ces écervelés pour qui les émigrés clandestins vivant en France seraient le juste prix de son siècle et demi d’occupation de l’Algérie.
Loin d’être sérieux, ni développé publiquement par aucune source officielle, ce contre-argumentaire trahit la haine et l’agacement de cet ancien haut commis de l’Etat.
Un peu comme quand Macron s’était demandé si l’Etat algérien avait existé avant 1830, année de la colonisation française, avant de s’en mordre les doigts, et de s’en repentir. « pour tous ces pays, pas seulement l’Algérie, cette émigration irrégulière de jeunes turbulents est aussi une variable d’ajustement démographique pour des pays dont 70 % de la population a moins de 30 ans! Dans le fond, on nous «repasse» le problème en quelque sorte. Alors, les reprendre est un peu compliqué.
Et puis, parfois, je dis bien parfois (mais j’ai entendu cela), on perçoit l’idée sous-jacente, en filigrane, que, dans le fond, tout ceci serait le résultat de la colonisation, ce serait en quelque sorte le prix à payer pour plus d’un siècle de colonisation… ». À lire, et à écouter cet argumentaire zemmourien » dans ce journal où Zemmour a en effet accompli l’essentiel de sa carrière journalistique, on a du mal à croire que cela vient d’un haut commis de l’Etat français, bien conscient que l’Algérie a arraché son indépendance, et qu’il n’existe plus de bicots ni de Fatmas.
Driencourt, pour qui les accords de 1968 ne seraient pas suffisants pour obliger l’Algérie à reprendre ses « turbulents, sic !, il serait bon pour lui de se focaliser sur les visas. « Les principaux moyens de pression de la France, ce sont les visas et les accords de 1968 ». quant à l’idée de bloquer les transferts d’argent venant de l’émigration afin de forcer l’Algérie à reprendre ses « turbulents », Driencourt estime à juste titre que ce procédé serait inopérant. Le dinar algérien n’est pas convertible, et les transferts se font de main en main.
A sa façon d’en parler avec un luxe de détails, on jurerait que lui ou certains de ses subordonnés y ont peut-être eu recours quant Driencourt dirigeait l’ambassade de France en Algérie. Après les « cafés kabyles » basés en France, re-sic, à contrôler, Driencourt fait une fixation sur les visas, comme Macron avant lui.
« Il y a une gamme de moyens d’action que nous n’utilisons pas. Les principaux, pour parler net, ce sont les visas: ceux-ci sont absolument nécessaires à la société algérienne et Alger est soumis à une très forte pression interne. Fermer le robinet des visas, ou réduire fortement leur nombre, comme l’a fait le gouvernement français à l’automne 2021, a été assez efficace même si c’est évidemment douloureux pour la population algérienne.
On pourrait aussi réduire l’accès au territoire français aux – nombreux – détenteurs de passeports diplomatiques, qui sont distribués assez largement dans certains pays (pas en Europe) et exonèrent leurs détenteurs de l’obligation de visas. Une diminution des visas étudiants est également possible.
Après, il y a la question des biens acquis en France par des dirigeants algériens. Les visas et les accords de 1968 sont de fait le levier principal ». fort heureusement, l’Algérie a largement les moyens de se défendre. Et c’est même la France qui est en position de quémandeuse depuis le déclenchement du conflit ukrainien…
Wassim Benrabah