Ancien conseiller de Chirac et de De Villepin : Maurice Gourdault-Montagne craint un conflit nucléaire quasi-planétaire !
Maurice Gourdault-Montagne est un important diplomate et haut fonctionnaire français. Réputé proche de Dominique de Villepin, ex-Premier ministre sous Jacques Chirac dont il, et dont on garde d’excellents souvenirs, Maurice Gourdault-Montagne, qui a aussi été conseiller spécial de Chirac à l’Elysée, n’y va pas par plusieurs chemins pour tirer la sonnette d’alarme haut et fort. Sur les colonnes payantes du journal L’Express que nous avons pu consulter, il dit carrément craindre un conflit nucléaire entre « blancs » de l’OTAN et russes de Poutine. Et pour cause. Selon lui, on ne parle plus de paix, et on se bat juste pour se battre. Le pire c’est qu’en Face le président Poutine se montre particulièrement déterminé et prêt à tout, alors que l’Europe n’arrive (toujours) pas à déployer une politique cohérente et unifiée face à la Russie. « Je reste persuadé que Poutine ne parle jamais pour ne rien dire. Il avait annoncé ce qu’il voulait faire en Ukraine, il a amassé des troupes. Il y est entré, comme il l’avait déclaré. La Russie a aussi dit à plusieurs reprises que les livraisons d’armes à l’Ukraine étaient des “cibles légitimes”. Une note, remise récemment par l’ambassade de Russie à Washington au Département d’Etat, demande l’arrêt de ces livraisons d’armes et parle de “conséquences imprévisibles”, à défaut. C’est une menace », déclare ce haut diplomate qui craint en effet le pire. « L’agression commise par la Russie à l’égard de l’Ukraine est inacceptable. Mais maintenant qu’on a dit ça, que fait-on ? Quand j’écoute les Occidentaux, j’ai l’impression que l’unique objectif est d’infliger une défaite aux Russes. Ça veut dire quoi ? S’agit-il de leur infliger une défaite en Ukraine, ou de faire tomber Poutine ? Biden l’a dit, il veut faire en sorte que les Russes ne recommencent jamais. Ça veut dire qu’il faut aller jusqu’au bout, y compris en ce qui concerne Poutine. Mais on ne sait pas comment s’y prendre. Et il n’y a plus aucune négociation entre les parties. Donc j’observe qu’on va plutôt vers une prolongation du conflit, sans perspective claire de sortie. On ne parle plus du tout de paix, on se bat pour se battre, par Ukrainiens interposés et on verra après ». Cet inquiétant résumé met également à nu le rôle vicié de Washington, qui a directement provoqué cette guerre, et qui fait tout pour qu’elle s’éternise dans le temps, au grand b bonheur des marchands et fabricants d’armes. Et voilà pourquoi l’Occident s’enfonce dans ses contradictions et sa rage impuissante. « Les sanctions, nécessaires à nos yeux, peuvent être contre-productives. Elles touchent des couches de la population ouvertes à l’Occident : les intellectuels, la classe moyenne des grandes villes, les sportifs. Interdire aux tennismans russes de concourir à Wimbledon, comme on l’a fait pour d’autres compétitions à l’égard d’athlètes paralympiques, qui sont eux-mêmes des personnes exceptionnelles, c’est absurde. On se prive de relais très utiles ». L’Occident qui a très mal géré cette crise, agissant en dictateur pour défendre paradoxalement la démocratie, a perdu toute confiance de la part du reste du monde. A cause de ses mensonges, de ses crimes et de ses propres guerres aussi. « D’ailleurs, les autres puissances prennent déjà leurs dispositions. La Turquie a annoncé qu’elle permettrait aux touristes russes de payer en rouble. L’Arabie saoudite envisage de se faire payer en yuan dans ses relations énergétiques avec la Chine. Des circuits financiers vont se monter à l’écart des circuits normaux d’approvisionnement. Quand des conflits sociaux, des famines vont survenir à cause de la pénurie de céréales, les échanges seront rebattus et les pays se lieront à ceux qui leur proposent les meilleures conditions. A ce moment, les Etats qui n’auront pas confiance en nous nous laisseront tomber ». Un scénario-catastrophe se profile bel et bien à l’horizon. Pour l’Occident très certainement, mais aussi et surtout pour la planète entière. En revanche, et selon lui, ce conflit ne sera pas planétaire. Il l’avait été durant les première et seconde guerre mondiales, car les Occidentaux possédaient des colonies qui s’étendaient sur (presque) toute la planète. Voilà qui est (en partie) rassurant. Mais… « Je n’exclus pas que dans un moment désespéré, les Russes se servent d’une arme nucléaire tactique. Je ne l’exclus jamais car ils l’ont annoncé, et quand ils annoncent quelque chose, il est toujours possible qu’ils le fassent. Surtout que le dernier sommet de l’Otan a agité aussi l’hypothèse d’une riposte “de même nature”. Il s’agissait alors d’une menace d’utilisation des armes chimiques. Boris Johnson a même déclaré que le Royaume-Uni se réservait le droit d’intervenir nucléairement en dehors du cadre de l’Otan. Donc on en arrive à une prise de risques extrêmement grave ». Tous les scénarios demeurent dès lors possibles. Des lendemains peu surs et incertains attendent l’humanité. Toute l’humanité…
Ali Oussi