Brahim Guendouzi, économiste : «Le refus au recours à l’endettement extérieur reste une position politique affirmée et assumée»
Entretien réalisé par Mohamed Ait Said
Le président Tebboune mise sur un équilibre de la balance commerciale d’ici la fin de l’année. Un commentaire ?
Depuis 2014, année du retournement du marché pétrolier international qui a vu la chute brutale des revenus extérieurs de l’Algérie, la balance commerciale n’a cessé d’être déficitaire. Les exportations essentiellement d’hydrocarbures, ont baissé de façon drastique alors que les importations sont restées à un niveau anormalement élevé.
Cependant, pour cette année, il y a d’importants efforts déployés pour, d’une part, améliorer le niveau des exportations hors hydrocarbures qui atteindront exceptionnellement le seuil de quatre milliards de dollars, et d’autre part, l’ensemble des mesures prises afin de freiner sensiblement les importations de biens et services,
sans que ce soit au détriment de l’économie nationale. Enfin, toutes ces actions conjuguées avec la tendance haussière affirmée des cours du pétrole et surtout des prix du gaz naturel qui dépassent tout espoir, vont certainement permettre un retour à l’équilibre de la balance commerciale. Ce qui contribuera de fait à la consolidation des équilibres macroéconomiques du pays et à la tendance à la stabilisation de la monnaie nationale.
Le chef de l’État réitère que l’Algérie ne va pas recourir à l’endettement extérieur. Dans ce cas, le financement interne est-il soutenable et opérant ?
Le refus au recours à l’endettement extérieur reste une position politique affirmée et assumée, surtout dans la conjoncture politique et sécuritaire actuelle. Mais à moyen terme, le financement en devises de projets structurants auprès de sources externes s’avèrera
nécessaire pour au moins deux raisons. La première est relative à l’apport en devises d’un niveau élevé pour des investissements consistants nécessitant l’importation des équipements et de la technologie, sans que cela ne soit supporté essentiellement par les
réserves de change. La seconde est inhérente justement à la gestion de ces dernières, qui doit être dynamique afin d’anticiper sur d’éventuelles crises financières internationales, et donc permettre une résilience de l’économie nationale comme cela a été le cas en 2008
avec la crise des subprimes.
Dans sa rencontre périodique avec la presse nationale, le Chef de l’Etat table aussi sur une croissance à 4%. Quels sont les arguments qui permettent d’atteindre cet objectif?
La reprise de l’activité économique dans presque tous les secteurs d’activités avec le recul constaté de la pandémie va logiquement donner un nouveau souffle aussi bien à la production de biens et services qu’à la consommation productive et finale. Les entreprises
vont consolider leurs situations financières et améliorer leur performance après le passage à vide imposé par les protocoles sanitaires de la Covid-19. Il reste cependant l’effort
d’investissement à soutenir de façon intense afin de consolider le retour à la croissance économique, à un seuil souhaitable, voire vigoureux.