Sale temps pour la liberté d’expression, la démocratie et les droits de l’Homme au Maroc. La Cour d’appel d’Agadir vient d’augmenter à quatre ans de prison la peine du youtubeur Reda Taoujni, condamné en première instance à deux ans de prison ferme pour une prétedue diffamation et autres délits. Suite à une plainte déposée contre lui par le ministre de la Justice, Abdelatif Ouahbi, Reda Taoujni avait été condamné par le tribunal de première instance d’Agadir à une peine de deux ans de prison ferme et une amende de 20 000 dirhams, ainsi que le versement une indemnisation symbolique d’un dirham à la partie civile. Le youtubeur était accusé d’usurpation de titre, d’insulte à un fonctionnaire public dans l’exercice de ses fonctions, de diffusion de fausses informations via des systèmes informatiques, de diffamation et de diffusion d’images d’une personne sans son consentement. Le nombre de sujets marocains lambda croupissant en prison pour un mot, un dessin ou un post sur internet est de plusieurs centaines. Les cas les plus emblématiques, connus et dénoncés partout dans le monde sont ceux des journalistes Omar Radi et Souleimane Raissouni, condamnés arbitrairement pour intimider le restant de la corporation. Idem pour l’historien Maati Moundji, contraint de recourir à une épuisante grève de la faim avant de forcer le Makhzen à le libérer. Ainsi que pour le ténor du barreau, Mohamed Ziane et ancien ministre en charge des droits de l’Homme sous Hassan II, toujours embastillés sans raison, et dont les jours sont en danger avec ses plus de 80 ans. Amnesty Internationale, dans son rapport annuel 2023, dont nous avons obtenu copie la veille, a sévèrement critiqué le Maroc pour ses nombreuses exactions et atteintes aux droits de l’Homme aussi bien au Maroc à proprement parler qu’au niveau des territoires occupés sahraouis, où les exactions et les cas d’arbitraires sont encore plus notoires et plus nombreux.
Ali Oussi