Chems Eddine Chitour: « La terre a dépassé sa bio-capacité le 8 août 2021 »
« Covid-19, changements climatiques et guerres. Voilà le monde injuste dans lequel nous vivons » a asséné hier le Professeur Chems Eddine Chitour, directeur général de l’Ecole nationale polytechnique, lors de son cours académique inaugural dispensé à la première promotion en post-graduation spécialisée dans la transition énergétique, en présence des ministres en charge du secteur et les sponsors de la formation.
La planète est indéniablement en danger. L’orateur a livré des chiffres qui donnent froid au dos. En 170 ans (depuis 1850), le monde a rejeté 2500 milliards de CO2 dans l’air. Ce qui représente une consommation de 873 milliards de tonnes équivalents pétrole, durant cette période.
La cadence s’est nettement accélérée les 50 dernières années. En 2021, 36,6 milliards de CO2 ont été émis.
C’est énorme si l’on veut atteindre l’objectif de limiter le réchauffement de la terre à 1,5 degré.
Les pays occidentaux sont responsables de 50% des émissions des combustibles fossiles.
Dans le détail, les USA sont comptables de 18 tonnes de CO2 par habitant, l’Union européenne de 8 tonnes, la Chine de 1,6 tonne et le reste du monde de 2 tonnes.
En la matière, l’industrie, sous ses différentes formes, est largement incriminée.
Mais pas uniquement, les commodités de base de la vie quotidienne sont tributaires de l’électricité et du gaz (éclairage, électroménagers, chauffage…).
Le raccourcissement des distances par des moyens de locomotion de plus en plus rapide aussi. Au fur et à mesure qu’il avançait dans son exposé, le professeur Chitour a égrené des chiffres plus édifiants. 30 000 avions survolent l’espace aérien du globe chaque jour. Ils émettent 1,2 million de dioxyde de carbone quotidiennement. 100 000 bateaux polluent les mers et les océans avec 300 tonnes de CO2 quotidiennement.
« Depuis le 8 aout 2021, la terre vit à crédit. Elle a dépassé, ce jour-là, sa bio-capacité. Cette dernière recule de 3 jours, chaque année, depuis 1975» a informé l’ex ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables.
Depuis l’an 2000 à ce jour, 55 conflits armés ont été provoqués par les conséquences du déclin des énergies, essentiellement le stress hydrique et la famine.
« Pour sauver la planète, il faut réduire l’émission du CO2 de 1,5 milliard par an. Si nous dépassons le 2% de réchauffement, les éléments de la nature seront incontrôlables.
La grande partie des énergies fossiles doit rester dans le sol » a recommandé Professeur Chitour.
Il a regretté la moisson de professions de foi des dirigeants du monde, réunis au dernier Sommet mondial sur le Climat, du 31 octobre au 12 novembre à Glasgow (Ecosse).
Encore une fois, la montagne n’a accouché que d’une souris. « La COP26 n’a pas donné les espoirs attendus » a-t-il épilogué.
Soulef Biskri