Conférence de presse conjointe Fattani et Me Bitam : Rebrab n’est pas propriétaire du titre Liberté, par décision de justice
Le titre Liberté appartient légalement à Ahmed Fattani. Une décision de justice, rendue le 8 mars dernier, le confirme. Issad Rebrab a dissous, le 6 avril courant, l’entreprise éditrice du quotidien. Révélations surprenantes.
Rebondissement dans l’affaire du journal Liberté. Quatre jours après la parution de la dernière édition quotidien, le membre fondateur du journal et actionnaire minoritaire de l’entreprise éditrice du titre, Ahmed Fattani, a fait, ce lundi, dans une conférence de presse qu’il a animée conjointement avec son avocat Me Bitam, des révélations surprenantes.
Après vingt-sept ans de procédures, la justice l’a réhabilité dans ses droits. Un jugement, rendu le 8 mars 2022 par le tribunal de première instance de Chéraga, a annulé les décisions prises par l’Assemblée générale des actionnaires tenue à Paris en 1995 (à l’époque outre Fattani et Issad Rebrab, les journalistes Hassan Ouendjeli et Ali Ouafek).
« Il n’y avait pas prescription, car M. Fattani n’a interrompu la procédure, à aucun moment » a précisé M. Bitam. « Je n’ai jamais renoncé à mes droits sur ce titre dans les tribunaux. Ce n’est pas à 75 ans que j’abdiquerai » a corroboré le directeur de publication du quotidien l’Expression, qu’il a fondé après avoir été écarté de la direction du journal Liberté. La nouvelle plainte a été déposée en octobre 2021.
« Après la nomination d’Abrous Outoudert à la tête du journal au mois d’aout 2021, je me suis rendu deux fois au siège de Liberté pour essayer de trouver un arrangement à l’amiable. La démarche n’a pas abouti. Nous avons saisi la justice. J’ai introduit un référé pour suspendre Liberté à titre conservatoire. La requête a été déboutée au motif qu’il n’y avait pas urgence » a expliqué l’avocat.
Le tribunal de première instance a donné, au bout du parcours judiciaire, raison au plaignant pour deux raisons, évoquées par Me Bitam. Ahmed Fattani n’a pas signé le PV sanctionnant le versement du titre dans la société éditrice. L’agrément, délivré en juin 1992 par le Parquet général près la Cour d’Alger, est en son nom.
« Au plan légal, Fattani n’a jamais perdu la propriété du titre Liberté. Il est le détenteur unique de l’agrément, qui est individuel et incessible » a poursuivi l’homme de droit. Qu’en est-il de l’application de l’article 25 de la loi sur l’information, qui interdit à une même personne de posséder plus d’un titre de presse ? « Pour ne pas être en porte-à- faux avec cet article, des procédures légales sont envisagées. Attendons le jugement définitif pour agir », a-t-il affirmé.
Ahmed Fattani n’a pas livré ses projets pour le titre, qui a cessé de paraitre le 14 avril dernier. Va-t-il le ressusciter ? Il n’en dira rien, à part qu’il n’y renoncerait pas. « Issad Rebrab a menti tout le temps. Pourquoi a-t-il annoncé la dissolution après le 8 mars et pourquoi n’a-t-il pas communique sur cette affaire ? » s’est-il interrogé avant d’asséner : « l’argent et la presse ne font pas bons ménages ».
Intarissable sur le sujet, il est revenu longuement sur l’affaire vieille de presque trois décades. « Je suis Ahmed Fattani, 75 ans. Je pratique le journalisme depuis 52 ans. J’étais rédacteur en chef du Moudjahid quand il était une référence mondiale, puis directeur de l’APS à Tunis. J’ai créé liberté, le 29 juin 1992 ; jour de l’assassinat du président Boudiaf.
Le siège, sis au 37 rue Ben Mhidi, a été attribué en mon nom » s’est-il présenté devant des journalistes qui ne connaissaient pas forcément son parcours professionnel. Il a raconté comment l’homme d’affaires Issad Rebrab a été sollicité pour financer le projet à hauteur de 8 millions de dinars, représentant 60% des parts de la société éditrice du titre. Les 40% restant ont été partagés comme suit : 15% pour Ahmed Fattani et 12,5% pour Hassan Ouandjeli et autant pour Ali Ouafek.
« En réalité, Issad Rebrab n’a réellement versé que 2 millions de dinars. En 1995, j’ai été dépossédé de mon titre dans des conditions illégales et immorales. Depuis cette année, je n’ai pas laissé tomber. Le titre Liberte, m’appartient ».
Ahmed Fattani, exilé à l’étranger pour échapper à la menace du terrorisme, a été remplacé à la direction de la publication par Abrous Outoudert, alors fonctionnaire au ministère de la Communication. Ouandjeli et Ouafek ont cédé leurs actions à l’homme d’affaire, qui a augmenté progressivement le capital social de la société jusqu’à réduire les parts de Fattani à 1%.
« Le journal tirait, en ce temps-là, à plus de 300 000 exemplaires. Rebrab a compris qu’il lui donnait une arme redoutable. Il s’en est emparé ». Dépité, Ahmed Fattani a souligné qu’on a voulu « se débarrasser de moi car j’ai gardé une ligne éditoriale nationaliste alors que l’on voulait arrimer le journal à un parti politique.J’ai été remplacé par Abrous Outoudert, qui n’avait même pas une carte de presse ».
S.B