Conférence internationale sur la Libye: Une rencontre qui s’achève en queue de poison
À six semaines d’élections cruciales en Libye, une conférence se tenait ce vendredi à Paris pour réaffirmer le soutien de la communauté internationale aux élections présidentielle, prévue en décembre, et législatives. Emmanuel Macron l’a reconnu d’emblée en conférence de presse ce vendredi soir : l’objectif est « ambitieux ». Les Libyens ne se sont toujours pas accordés sur la base légale des élections présidentielle et législatives et leur calendrier. Ils devront le faire très vite donc avec le Parlement basé dans l’Est libyen et la commission électorale. Mais la communauté internationale veut y croire en appelant vendredi à la tenue d’élections « inclusives » et « crédibles » en décembre. « La transition libyenne doit être menée à son terme et les élections doivent se dérouler dans les meilleurs conditions possibles. Les six semaines qui viennent sont déterminantes », a déclaré le président français Emmanuel Macron lors de la clôture de la conférence à Paris. Paris, Rome et Berlin se sont dits prêts à déployer des observateurs pour le scrutin. Ils ont aussi brandi la menace de sanctions contre les éléments qui s’opposeraient au déroulement du vote et qui ne reconnaîtraient pas les résultats. Les deux dirigeants de l’exécutif intérimaire libyen présents à Paris se sont engagés à accepter les résultats des élections, quels qu’ils soient. « Organiser les élections simultanément à la date prévue est un objectif historique que nous allons nous efforcer de réaliser », a pour sa part affirmé le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah. L’autre volet de cette conférence concernait le départ des forces étrangères de Libye. Emmanuel Macron a salué le départ de 300 d’entre eux à la demande de la France. Il a aussi appelé la Russie et la Turquie à retirer « sans délai » leurs mercenaires. Selon l’Élysée, plusieurs milliers de mercenaires sont encore présents en Libye : ceux du groupe privé russe Wagner, mais aussi syriens pro-turcs, tchadiens et soudanais. Mais Moscou ne reconnait pas sa présence en Libye à travers le groupe Wagner. Et la Turquie réfute cette dénomination de mercenaires pour qualifier ses troupes en Libye. Elle l’a fait préciser dans le communiqué final de la conférence. Pour Angela Merkel, le départ des 300 mercenaires peut permettre d’amorcer un retrait plus large de troupes : « Il y a un certain nombre de réticences côté turc. C’est une bonne chose qu’on puisse voir un premier retrait, ça va servir d’exemple. Les choses ont démarré. » Alger, par la voix de notre ministre des Affaires Etrangères, Ramtane Lamamra, a dit rejeter toute ingérence étrangère dans les affaires internes et souveraines de la la Libye. Bref, et comme il fallait s’y attendre, cette conférence, à cause de son approche paternaliste et ignorant les réalités compliquées et multiples du terrain, s’achève à peu de choses près en queue de poisson.
R.B.