Contribution/ Célébration de la journée du 19 mars 1962: Un cessez le feu et des conflits mémoriels
Deuxième partie
Par Hassen Kacimi
Les historiens Français continuent toujours de présenter les chefs du FLN comme des radicaux qui ont tout fait pour faire capoter les initiatives françaises de « la paix des braves ».
Une autre diversion de la guerre psychologique qui a cherché à créer la fracture entre le peuple et la direction du FLN, qui a prouvé, à plusieurs reprises, qu’il avait le soutien inconditionnel du peuple Algérien.
De Gaulle a manœuvré, dans tous les sens, pour faire la promotion de thèses s’opposant à celles du FLN, devant encourager la solution coloniale, d’une autonomie, en gardant l’Algérie annexée à la France.
C’est de Gaulle qui a envoyé en Algérie deux millions de soldats, pour mater la révolution. Il faut absolument corriger certaines contre vérités, voulant faire croire que de Gaulle est un homme de paix « qui a octroyé l’indépendance à l’Algérie».
De telles idées sont évidemment fausses et elles ne sont que les propos et les accusations des pieds noirs et de l’OAS qui ont reproché au général de vouloir brader l’Algérie.
De Gaulle et certains hommes politiques français ont mesuré l’ampleur de l’onde de choc de la guerre contre l’Algérie, qui menaçait même les fondements de l’Etat français. Le désordre s’est installé dans l’hexagone, de plus en plus ingouvernable.
Menacée de toutes parts, la France était sur le point de s’effondrer. Pendant ce temps, Le FLN a refusé toutes les offres d’une capitulation honorable de Gaulle.
L’intransigeance des chefs de la révolution allait donner ses fruits.
L’autodétermination du peuple Algérien n’est pas un cadeau de de Gaulle, mais le fruit du combat de tout un peuple qui ne voulait que la liberté et l’indépendance.
Une grande majorité des pieds noirs a pris fait et cause pour les thèses des ultras de l’Algérie française.
Qui ne se souvient des pieds noirs à Alger, soutenant chaque soir l’Algérie Française, en tapant sur des casseroles métalliques, à partir des balcons des immeubles Européens, ou en participant à « des opérations de pacification », ou à des manifestations massives des comités de salut public, créés par le tortionnaire, le général Salan.
Sur ce thème, on doit absolument préciser que certains pieds noirs, des juifs et des français, ont non seulement soutenu la révolution, au péril de leur vie, mais ils se sont engagés dans les maquis, aux côtés des Algériens, dont certains sont morts les armes à la main.
C’est sous de Gaulle que les deux lignes électrifiées, Challe et Morice, parsemées de millions de mines anti personnelles, ont été construites, pour rendre étanches les frontières de l’Est et de l’Ouest, en vue d’étouffer la révolution et d’affamer le peuple Algérien.
De Gaulle a pesé de tout son poids, pour soustraire le Sahara à l’Algérie, et faire main basse sur le pétrole et le gaz Algérien.
De Gaulle est un général qui a renié son passé de résistant, en faisant une guerre nazie, impitoyable, contre le peuple Algérien.
Les historiens Français ont toujours tenté de dédouaner subtilement l’Etat Français, en rendant responsable, exclusivement les ultras d’Algérie « qui ont fait capoter » toutes les initiatives de paix.
Tous les drames du peuple Algérien, sous la colonisation, sont connus. Personne ne peut manœuvrer, pour dédouaner la responsabilité de l’Etat Français, dans cette sale guerre, menée, sans pitié, contre le peuple Algérien.
Si les trois présidents Sarkozy, Hollande et Macron ont reconnu que la colonisation était une violence contre le peuple Algérien, par contre, aucun d’eux n’a enjambé le pas de la discorde, pour demander pardon, en guise de repentance.
Benjamin Stora met l’accent sur le courage et l’audace de ces trois présidents, qui ont tenu, selon lui, « des propos forts » au sujet de la guerre contre l’Algérie.
Par contre, on peut reprocher à Stora de n’avoir pas mis en évidence cette culture coloniale Française, encore vivace, qui pèse très lourd dans le fonctionnement des institutions de la république Française.
Le président Macron s’est engagé dans une démarche assez ambiguë, devant morceler la mémoire de l’histoire de la guerre contre l’Algérie, en mettant en scène des scénarios pitoyables de repentance et de pardons individuels, pour Ali Boumendjal et Maurice Audin.
Une telle démarche, désirant saucissonner l’histoire de la guerre contre l’Algérie, doit permettre à Macron, de manière subtile, d’éviter d’entrer en confrontation avec le lobby de l’Algérie française.
Avec un tel état d’esprit, révisionniste et peu courageux, au sein de la classe politique Française, on peut dire que la décolonisation n’est pas encore totalement assumée, par les autorités politiques de ce pays, qui remettent à plus tard, le règlement de ces conflits mémoriels, instrumentalisés à fond, à l’occasion de la campagne électorale présidentielle Française.
A suivre troisième partie et fin….
Biographie
– Ancien directeur au ministère de l’intérieur , ayant présidé pendant 5 ans , le comité interministériel chargé de l’étude et du suivi des problématiques migratoires.
– Gestion des crises , au sein du centre opérationnel du ministère de l’intérieur , que j’ai dirigé pendant cinq ans .
– Expert international des flux migratoires, reconnu par des organisations onusiennes.
– Expert du Sahel et de la gestion des crises .
– Représentation de l’Algérie , à l’étranger , en tant qu’expert.
– Plusieurs communications, à l’université de sciences politiques et l’école des sciences politiques
– Plusieurs communications à l’école de guerre de Tamenfoust .
– Distinction de l’institut fédéral allemand des hautes études de sécurité .