Contribution/ Les valeurs de Novembre dans la stratégie nationale.
(*) Par Allaoua Bendif
Il y a soixante sept ans, de jeunes Algériens, qui se sont organisés, depuis plusieurs années sont passés à l’action pour déclencher la guerre de libération nationale contre le colonisateur français.
Pendant les semaines, les jours et les heures qui ont précédé ce grand jour, ces hommes ont dû vivre des sentiments fantastiques.
En cette veille de Premier Novembre, en cette veillée d’armes où l’heure de l’affrontement, du combat à mort pour la liberté, pour la dignité, pour la Patrie opprimée.
Renonçant à l’amour, à la paternité aux biens matériels et recommandant leurs épouses et leurs enfants à Dieu, leurs âmes s’étaient dès lors élevées très haut dans le ciel de l’Algérie d’ores et déjà renaissante, pour ne plus en redescendre et s’y fixer comme les guides intemporels de notre nation : pour eux, ce temps de Révolte Juste restera, pour toujours, un lien avec l’éternité.
Minutieusement préparé, bien que juste avec les moyens du bord et dans les conditions que seule l’oppression coloniale peut infliger aux peuples qu’elle tente de réduire, l’instant espéré, préparé et sans doute redouté, était désormais là : l’extraordinaire fulgurance du Premier Novembre déchira d’un coup, d’un seul l’obscurité de la longue, de la trop longue nuit coloniale et y dessina une rupture que l’Oppresseur criminel n’arrivera plus jamais à cacher, encore moins à combler. Cette déchirure infligée à l’Oppression coloniale à été vue par l’ensemble des peuples du monde.
Ces données personnelles et collectives mentales, psychologiques et émotionnelle des hommes qui ont conçu et mis en œuvre le Premier Novembre constituent la dimension humaine de la révolte de l’Homme algérien, de sa pulsion biopsychologique, sociale et politique d’émancipation.
Organisée en Révolution libératrice par la guerre juste, légale, telle qu’elle est préconisée par toutes les morales divines et humaines et telle qu’elle est inscrite dans la Charte des Droits Humains.
Il est franchement dommage que cette dimension humaine du gigantesque effort de Libération nationale de notre peuple n’ai pas été suffisamment captée, organisée et mémorisée par nos hommes et nos des femmes des Lettres et des Arts et notamment par l’Art cinématographique et multimédia.
Nous le devons à la mémoire et à l’humanité de notre pays, de notre continent et du monde épris de dignité et de liberté.
C’est aussi cette dimension humaine et humaniste, émotionnelle et mentale qui fait la solennité du Premier Novembre, c’est cette capacité humaine de se dresser avec ses faiblesses, avec ses moyens très réduits mais avec la force pulsionnelle du besoin quasi biologique de dignité et de liberté face à ses oppresseurs même tout puissants.
C’est pour cette raison que le Premier Novembre est, pour nous, Algériens un jour de grande spiritualité, un jour de recueillement, un jour de ressourcement patriotique et tout cela doit être transmis à nos enfants et aux générations futures.
Ce premier Novembre 2021 arrive dans des conditions spéciales pour notre nation et dans environnement diversement hostile: à l’Ouest (Makhzen), à l’Est (Libye, d’où est venue l’attaque terroriste sur Tiguentourine, ne l’oublions pas) et au Sud (Sahel, dont le Mali est une fixation conflictuelle avérée) la menace existe.
La France a rarement exhibé aussi clairement ses menées déstabilisatrices vis à vis de notre pays et la crise énergétique à venir n’est pas pour arranger les choses. Le Cartel monarchique arabe montre clairement son parti-pris néo féodal.
Que ce soit au détriment du Sahara Occidental ou au détriment du Liban, la discipline tactique et stratégique de ce Cartel est désormais on ne peut plus claire.
Toutes ces raisons font que l’esprit de Novembre, son capital mémoriel et spirituel est plus que jamais notre boussole, le référent matériel et immatériel de l’action nationale.
Il s’est manifesté vis à vis des dirigeants belliqueux et constamment agressifs des maîtres du Maroc voisin et frère, après une longue période de latence faite de patience d’esprit de retenue, de bon voisinage et de saine intention.
Le moment est venu qu’il se manifeste vis à vis de la France, qui ne montre, depuis le recouvrement de notre indépendance, aucune disposition crédible à se débarrasser de ses préjugés, si ce n’est ses démons coloniaux et néo coloniaux.
Le moment est venu de remettre l’esprit, les valeurs du Premier Novembre au dessus de la culture des Accords d’Evian dont la lecture diffère nettement entre les signataires des deux rives.
L’intention et l’action de la France s’est manifestée et se manifeste encore sans ambiguïté contre nos voisins et frères en Libye, aux cotés du Makhzen, au détriment de Sahara Occidental et de son peuple, au Sahel et au Mali et cela concerne l’ensemble de nos frontières. Y-t-il plus clair?
Il est temps de sortir de l’esprit d’Evian et de revenir à celui de Novembre: réorganisons la configuration de nos relations stratégiques.
Le projet du port géant (en cours ) d’El Madania et celui (espéré) du Hubb aéroportuaire continental et intercontinental de Tamanrasset sont des projets structurants nationaux et continentaux et sont à même de d’insérer dans des visions stratégiques mondiales: c’est là que l’esprit de novembre pourra donner la pleine mesure de ses valeurs, loin de toute crânerie néocolonialiste sur fond de campagne électorale.
(*) Allaoua Bendif
Fils de Chahid
Docteur en psychologie Clinique
Enseignant universitaire à la retraite.
Auteur de : « Violences Algériennes», Koukou Editions. Octobre 2019