Contribution/ Pourquoi l’Algérie n’est pas soumise au sionisme
Par Miloud Boumaza
Est-ce parce que l’Algérie est un pays musulman ? que sa population n’est pas insensible aux souffrances du peuple palestinien frère?
Il ne vous aura pas échappé que ces raisons n’ont pas empêché que la majorité des pays du golfe ainsi que d’autres régions, arabes et musulmanes, entretiennent des relations plus ou moins officielles avec Israël.
“Soit, objecterez-vous, mais il s’agit de monarchies, par ailleurs les arabes du golfe jouissent d’une réputation (non usurpée comme en témoigne l’histoire récente) de versatilité, voire de fourberie”.
Certes. Cependant, l’Égypte, qui est une république, de même que la Turquie, qui de surcroît n’est pas arabe, abritent des représentations diplomatiques d’Israël, et celle-ci leur rend les civilités en appliquant la réciproque sur son territoire.
Or plus généralement, loin des discours convenus de bonne morale, l’on pourra observer que TOUS les pays capitalistes (les monarchies sont par essence capitalistes car la majorité des richesses est détenue par le roi), ou largement intégrés dans le système capitaliste sont pro ou entretiennent des relations commerciales et diplomatiques officielles avec le sionisme.
1) Le socialisme est-il anti-sioniste ?
A contrario, on constatera que les pays ouvertement anti-sionistes, ayant rompu les relations diplomatiques avec Israël par solidarité avec le peuple palestinien, sont tous socialistes (la Bolivie du parti MAS, le Venezuela de Maduro, Cuba, en somme, l’axe de la résistance) et subissent tous les assauts des impérialistes et des tentatives de déstabilisation.
Car en réalité, pour se permettre une posture anti-sioniste il faut avoir les moyens de sa politique.
Ainsi tous ces pays disposent d’importantes réserves d’hydrocarbures propriétés publiques et/ou d’un vaste segment de leur économie détenu par l’État, notamment les entreprises stratégiques, objets de convoitises des (passez-moi ce pléonasme) multinationales impérialistes.
2) Les pays souverainistes : un obstacle à l’hégémonie impérialiste
L’on observera que la fonction d’institutions de type FMI (qui sont des instruments au service de l’impérialisme) et leur action consistent en un unique but : déstructurer les entreprises publiques.
Aussi, la première mission du FMI dans les années 90 dans notre pays a été de démanteler toutes les structures de recherche et développement qui avaient fait de nos entreprises étatiques des fleurons de l’industrie algérienne dans les années 70.
Les ingénieurs algeriens se virent alors contraints de s’exiler à l’étranger où ils font encore pour certains le bonheur des pays d’accueil.
En outre l’ouverture au capital durant cette sombre période aura conduit à la vente d’entreprises publiques au dinar symbolique, que l’Etat se sera vu contraint quelques années plus tard (pour préserver les emplois, entre autres) de racheter au prix fort. Un véritable gâchis.
La fin du système capitaliste ayant montré ses limites (ou plutôt ses méfaits) et arrivant à sa fin, nous recommandons d’éviter de perdre du temps et de l’argent en privatisations progressives car ces entreprises seront in fine renationalisées, comme on a pu l’observer.
L’ouverture du capital préconisée par nos experts et analystes ne nous semble pas la solution allant d’une part dans le sens de l’intérêt général et d’autre part de la souveraineté.
Bien au contraire elle préfigure le début la soumission au sionisme. En effet, les multinationales qui prendront des parts dans nos entreprises publiques et ne s’embarrassent d’aucun scrupule pour commercer avec l’entité sioniste lui ouvriront notre marché d’une manière ou d’une autre (technologie, pièces d’assemblage, etc), la privatisation des banques constituant le clou scellant cette soumission (voir sur le système financier “l’Argent Dette” de Paul Grignon : https://www.youtube.com/watch? v=-QK33eDeCew&feature=share ).
En effet nos entreprises publiques, notamment dans les secteurs stratégiques (Sonatrach y compris), tomberont inéluctablement dans l’escarcelle des puissants groupes occidentaux, car vous imaginez bien que ce n’est pas moul el hanout ta3 el houma (l’épicier du coin) qui pourra en prendre le contrôle.
Car quoi de plus efficace et radical pour faire main basse totale sur les richesses de l’Algérie que de privatiser les banques. Le pays ne pouvant compter sur son système financier pour se développer et assurer la justice sociale, il sera totalement dépendant du financements étranger.
De plus les multinationales, au grand jamais, ne développeront des structures de R&D de haute qualité dans le pays. Ils s’arangeront plutôt pour que vous soyez dépendants de leur technologie et de leur savoir-faire. Croire le contraire serait faire preuve d’une extrême naïveté.
3) Une servitude programmée
Lorsqu’un pays du Sud est “intégré” dans le système capitaliste et donc dans le système globaliste, avec ses entreprises entrées en bourse, ses banques privatisées, il n’a plus aucune marge de manoeuvre car tout son appareil économique et financier sera aux mains de multinationales qui contrôleront ses télécommunications, ses infrastructures énergétiques, l’eau, etc. Exit la souveraineté, qui ne serait plus qu’un voeu pieux.
Pour prendre un exemple proche géographiquement, Maroc Telecom n’a de marocain que le nom car son actionnaire majoritaire est émirati après avoir été celui de Vivendi, idem pour les banques marocaines, etc.
Ainsi ce pays est totalement dépendant de pays étrangers qui lui dictent leurs volontés : participation à la guerre en Irak, au Yémen, au coup d’État contre Gbagbo en Côte d’Ivoire, etc.
Car s’il ne s’exécute pas, on lui coupe les vivres.
En échange, il peut réprimer sa population, tabasser, emprisonner des Saharaouis ou encore massacrer des migrants subsahariens sans qu’on y trouve à redire.
Le baron Edmond Rothschild qui déclarait “Le capital est le premier colon” dépensait l’équivalent du budget d’un état pour aider les juifs européens et russes à s’installer en “Terre Sainte” (Elizabeth Antébi : “Edmond Rothschild, l’Homme qui racheta la Terre Sainte“). Sa famille (sa dynastie devrions-nous dire) est l’un des actionnaire majoritaires de la BCE (Banque Centrale Européenne), qui est en réalité une banque privée détenue par un conglomérat de banquiers internationaux.
Il faut savoir que lorsqu’un pays contracte des emprunts auprès d’une banque privée, il devra s’acquitter de sa dette quoi qu’il arrive, et celle-ci reposera sur les épaules de nos enfants. En cas de mauvaise conjoncture, l’on sera contraint de tout vendre (nos biens immobiliers, patrimoniaux, nos bijoux de famille, etc jusqu’à nos organes) car il ne feront aucun cadeau. Et pour comble le projet financé ne nous appartiendrait pas au final.
Tandis qu’emprunter à une banque publique reviendrait à faire des projets structurants (infrastructures, hôpitaux, universités, etc) dont les bénéficiaires seront nos générations futures. Il serait donc normal que chacune en rembourse une partie.
Pour prendre un exemple illustrant notre propos, nous serions volontiers plus que jamais consentant pour rembourser les éventuelles dettes de nos valeureux chouhadas, ce que nous tiendrions comme un honneur, car toutes les valeurs et toutes les parcelles de notre territoire pour lesquelles ils se sont sacrifiés nous appartiennent (encore) aujourd’hui.
4) Les inégalités sociales
Un rapport récent cite l’Algérie comme étant le pays où il y a le moins d’inégalités sociales dans la région.
Du reste notre pays compte l’IDH le plus élevé d’Afrique. Preuve, s’il en fallait, qu’une redistribution de la richesse (de la “rente”) est bel et bien effective et que nos glorieux aïeux, dans leur extrême sagesse et clairvoyance, ont fait le choix le plus judicieux, celui du socialisme.
Et ces richesses sont dans le viseur des impérialistes qui connaissent l’une des pires crises de leur (sanglante) histoire. C’est pourquoi l’Algérie est attaquée et subit d’énormes pressions.
D’ailleurs il n’aura pas échappé à votre sagacité que tous les pays socialistes dans le monde sont attaqués et diabolisés. Et l’on s’évertuera à tout faire pour que leur modèle économique échoue : troubles sociaux, fake news, embargo, guerre s’il le faut.
Or, ce sont ces pays où il y a le plus de justice sociale. Même si cela reste perfectible, ces inégalités sont bien moins criardes que dans les sociétés capitalistes où les populations sont le cadet de leur souci. Intéressés uniquement par la recherche du profit, le bien-être des peuples n’est qu’une contingence fortuite ou au mieux secondaire, tandis que le social n’est pas même une notion et encore moins un paramètre à prendre en considération. Il n’existe tout simplement pas dans le vocabulaire.
Mieux encore (ou plus exactement pis encore), le système capitaliste a besoin de la pauvreté (main-d’œuvre et matières premières bon marché, notamment) pour survivre et en outre génère des crises cycliques plus dévastatrices les unes que les autres.
L’humain est donc un coût ou facteur de production, en un mot un mal obligatoire. Et cette variable d’ajustement, en période de mauvaise conjoncture, sera supprimé au nom de la rentabilité. D’ailleurs la logique capitaliste se heurte à une autre contradiction fondamentale qui veut qu’en réduisant les salaires ou supprimant des emplois dans cette recherche constante du profit, elle se prive de consommateurs.
Ainsi les services publics, hôpitaux, universités, etc, font l’objet de coupes drastiques dans les budgets alloués, conduisant à la détérioration des services et aux réductions des effectifs, car n’étant pas rentables ils ne sont pas la priorité des politiques capitalistes. Celles-ci iront jusqu’à s’arranger pour accentuer leur dégradation. On vendra alors le modèle privé qui serait plus efficace, ce qui aura pour effet de donner jour à une société à double vitesse et par conséquent d’accentuer les inégalités sociales.
5) “L’axe du mal” et le “camp du bien” ou qui se ressemblent s’assemblent
Mon ami Boualem Snaoui me faisait récemment remarquer avec pertinence une coïncidence frappante qu’aucun analyste, à notre connaissance, n’a jusqu’ici relevée : les troubles dans notre pays ont surgi consécutivement à la création de l’État de Palestine proclamée en novembre 1988 à Alger. Ainsi la décennie noire nous aurait été infligée en punition de notre position en faveur de la cause palestinienne et ce camouflet interplanétaire administré au sionistan et à ses supporteurs.
Durant cette période notre pays a été mis au ban des nations pour avoir pris fait et cause pour le droit et la justice et aspiré à préserver sa souveraineté. Nous avions dès lors l’insigne honneur de faire partie de l’axe du mal.
Si l’on nous avait alors concocté la fumeuse théorie du “qui tue qui” prétendant ternir l’image de notre ANP, que nous réservera-t-on à l’issue du sommet arabe de novembre où la question palestinienne occupera une place centrale ?
D’évidence novembre semble constituer une date bien particulière dans l’Histoire des peuples algérien et palestinien. D’autant que non loin de là se dérouleront les exercices militaires algéro-russes à Tindouf, faisant écho à ceux exécutés à nos frontières par l’OTAN et auxquels aurait pris part l’entité.
Quels objectifs poursuit en réalité cette organisation sous le fallacieux prétexte de lutte contre le terrorisme ? Que peut-on attendre d’une association d’États impérialistes si ce n’est la continuation de leurs politiques expansionnistes, qui rêvant d’un grand Israël, qui d’un grand Maroc, un autre se croyant investi d’une mission divine (le manifest destiny) qui le place au-dessus de toutes considérations et lois humaines pour détruire et piller des nations entières ou d’autres encore qui nourrissent des fantasmes sur une chimérique reconquête de leurs empires, mythe d’un paradis perdu. Que peut-on attendre d’une association de malfaiteurs qui ont dévasté le monde et continuent leur oeuvre de destruction.
Au-delà de leurs visées illusoires (car poursuivant un mirage irréaliste, ils seront quoi qu’il en soit défaits par des nations et des peuples aspirant à l’égalité et à la liberté), ils ont en commun le mépris des peuples et le même système politico-économique : le capitalisme.
Et ce dernier est fondamentalement et indéniablement impérialiste, le colonisation en étant le prolongement et la forme aboutie. L’expansionisme étant inscrite dans son ADN, toute sa puissance financière, militaire et aujourd’hui médiatique (guerre de 4ème génération oblige) a été employée pour l’exploitation des peuples. Ainsi a-t-elle été utilisée au profit d’une élite désirant s’accaparer les richesses de la planète au lieu qu’il eût été préférable qu’elle fût mise au service de l’humanité.
Rien de surprenant en cela lorsqu’on apprendra que la culture protestante, à l’origine de l’avènement du capitalisme financier (l’usure étant prohibé par les religions musulmanes et catholiques, du moins à ses origines), considère la richesse individuelle comme un signe de la grâce de Dieu.
Ainsi l’égoïsme (“greed is good”) n’est plus un penchant à tempérer, voire annihiler mais à exalter. Doctrine “dajjalesque” au possible.
Nous considérons pour notre part que les bénéfices de toutes entreprises (dans toutes les acceptions du terme) est sans doute un don accordé par Dieu et par conséquent doivent lui revenir sous une forme ou une autre. Car le Très Haut a crée un monde équilibré, et une richesse excessive aux mains d’un petit nombre rompt cet équilibre universel. Et nous sommes, nous musulmans et particulièrement nous Algérien(ne)s , destinés à montrer la voie du juste milieu.
Le Messager de Dieu nous a-t-il légué d’immenses richesses, des notables, des oligarques, c’est-à-dire des individualités, les désignant : “Voilà les meilleurs d’entre vous” ? Il a légué une communauté qu’il concevait solidaire, juste, réprouvant le mal et promouvant le bien.
C’est donc dans cet esprit que nos glorieux aînés ont opté pour le socialisme (qui a contribué à libérer des peuples maintenus sous le joug du colonialisme) nous plaçant du bon côté de l’Histoire.
6) Un compromis : le “capitalisme d’État”
Aussi, nous nous inscrivons en porte-à-faux des préconisations de ces experts et analystes ayant, pour la plupart, fait leurs classes dans les pays occidentaux et sont par conséquent (peut-être malgré eux) imprégnés et orientés par l’idéologie capitaliste, cette dernière étant distillée, inculquée dès le berceau dans ces pays, où les manuels scolaires et seules les théories économiques validées par l’oligarchie au pouvoir ont droit au chapitre et ont bonne presse. Toute autre alternative sera discréditée et combattue avec le dernier acharnement.
Nous suggérons plutôt, à l’inverse de ce courant, soit le rachat de parts ou (si possible) d’entreprises, soit, comme dans les années 60-70, le recrutement d’ingénieurs, managers, etc étrangers en attendant la formation des nationaux.
Il faut savoir, pour les tenants de l’ouverture des entreprises étatiques, que les privés détenant des parts dans ces entreprises exigeront leurs rémunérations (qu’ils ne sont pas tenus de réinvestir) quelle que soit la conjoncture, ce qui implique souvent une politique de “maîtrise des coûts”, aboutissant sur des restructurations et se traduisant pour l’essentiel en licenciements ou en délocalisation lorsque les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes et des exigences des actionnaires.
Quant aux bénéfices réalisés par les entreprises publiques, ceux-ci peuvent avoir diverses destinations :
– réinvestissement
– rémunération des salariés (pour attirer, par exemple des ingénieurs, etc par des salaires attractifs)
– contribution à la politique sociale de l’État (santé, éducation nationale, infrastructures, etc)
ou les trois à la fois.
Ainsi, l’État disposerait de capacités financières supplémentaires, au lieu que celles-ci soient employées dans l’achat de yachts, jets privés ou évasion dans les paradis fiscaux.
Toutefois, ces entreprises, pour être compétitives, doivent être gérées comme le privé, avec des dirigeants responsables de la stratégie, comptables de la gestion de ces dernières et donc reconductibles ou non en fonction de leur efficacité, de même que les employés du reste.
De cette manière, l’Algérie préservera son indépendance, sa souveraineté ainsi que ses valeurs de novembre 54 héritées de sa lutte contre le colonialisme, qui font la fierté de son peuple et du reste du monde encore libre.
https://www.youtube.com/watch?v=-QK33eDeCew&authuser=0