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Sahara Occidental, la douleur continue
Par: Beatriz Miranda
En plein 21e siècle, le Sahara occidental est la dernière des colonies d’Afrique, à cause de la coresponsabilité de l’Espagne, la Mauritanie et le Maroc, ayant pour victime historique le Peuple sahraoui.
Une attaque du Maroc à la région dénommée Guerguerat, située au sud du Sahara Occidental, en novembre 2020, a rompu le cessez-le-feu signé entre le Maroc et le Front Polisario en 1991.
Devant l’action limitée de l’Organisation des Nations Unies, le rôle du Maroc, la Mauritanie, l’Espagne et la communauté internationale avec un silence complice, le peuple sahraoui a déclaré « l’état de guerre » et est revenu à la lutte armée après près de 30 ans.
Au milieu de la douleur collective, de l’arrogance du Royaume du Maroc, soutenu par l’accord de Madrid de 1975, les manquements successifs aux résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU et l’absence du plébiscite promis, le peuple sahraoui résiste. Néanmoins, l’absence des droits de l’homme se fait chaque fois plus évidente dans cette partie du monde.
Le 13 mai, l’avocat international Jared Genser, spécialiste des droits de l’homme, a rejoint l’équipe légale internationale qui représente SultanaKhaya, défenseur sahraouie des droits de l’homme et du droit à l’auto-détermination au Sahara Occidental. M. Genser a dénoncé qu’aussi bien Mme. Khaya que des membres de sa famille ont subi « du harcèlement, des agressions et de la torture ». En 2007, durant une manifestation pacifique, sous le brutal mauvais traitement des policiers marocains, elle a perdu son œil droit.
Depuis novembre 2020, Mme. Khaya a sa maison surveillée par des forces de sécurité marocaines et vit en détention domiciliaire sans aucune justification légale.
« Les forces marocaines ont saisi la maison de Mme. Khaya sans mandat judiciaire et l’ont agressée physiquement, l’ont harcelée avec d’autres personnes qui se retrouvaient à l’intérieur du domicile, ont lancé des substances dangereuses à l’intérieur de la maison, ont coupé l’électricité, l’ont menacée de mort et lui ont refusé l’assistance médicale pour soigner les blessures qu’elles lui ont provoquées ».
Devant ces faits, on peut affirmer que, malheureusement, un État sahraoui indépendant n’est pas prévu parmi les options pour résoudre le conflit. La non-auto-détermination du peuple sahraoui et l’inexistence d’un État sahraoui indépendant ont défié les principes du droit international, sans consulter le peuple sahraoui, représenté par le Front Polisario. Tout au long des années, plus de 100 résolutions exigeant la décolonisation par le Maroc n’ont pas été respectées. Selon le Tribunal de La Haye, il n’y aurait aucun type d’empêchement pour que le Peuple Sahraoui obtienne son autodétermination.
Entre temps, le Maroc exploite les ressources naturelles du Sahara Occidental et d’une façon incroyable les inclut dans ses accords commerciaux. En 1962, un important gisement de phosphate a été découvert, ce qui a réveillé l’intérêt pour les terres sahraouies. Depuis, le phosphate en provenance du Sahara Occidental arrive à plusieurs pays du monde. La question qui demeure est : comment peut-on vendre les droits d’un peuple à une simple puissance administratrice comme le Maroc ?
Il s’agit d’un conflit arrêté dans le temps et l’espace, dont le symbole le plus douloureux est le Mur levé par le Maroc avec l’objectif de réussir un plus grand contrôle sur le territoire occupé.
Jusqu’à quand serons-nous connivents avec ce silence complice qui maintient le Sahara Occidental comme la dernière des colonies d’Afrique ?
C’est très urgent que la communauté internationale prête attention au cas de Sultana et d’autres activistes sahraouis et qu’elle rende responsable le Maroc pour ses graves violations au droit international, aux droits de l’homme et au droit international humanitaire.
M.C
Bio express
Beatriz MIRANDA CÔRTES est :
– Directice d’INBRACO (Institut de Culture Brésil-Colombie) depuis janvier 2021 (sous-directrice entre décembre 2000 et décembre 2020)
– Chroniqueuse journal ‘El Espectador’ depuis juillet 2012
– Professeur à l’Université Externado de Colombie depuis septembre 2005