Contribution
Sahara Occidental : Une injustice qui perdure…
Par Fernando Novo Lens, président de l’association hispano-algérienne « Miguel Cervantes »
Partie I. Lumières et ombres
Il y a quelques mois, une amie à moi a visité les camps de réfugiés sahraouis de la région de Tindouf (sud-ouest algérien) pour réaliser un projet de collaboration et m’a raconté en détail les efforts que les personnes qui vivent dans les camps de Smara, El Ayoun, Auserd, Boujdour et Dakhla fait pour mener une vie la plus “normale” possible et se développer en toute quiétude en rêvant de sa liberté et de son indépendance comme toute nation souveraine.
Quand on parle de « normalité » et qu’on se réfère au peuple sahraoui, on parle d’une vie que la plupart des gens dans les pays développés n’imaginent pas et je ne sais vraiment pas si nous la supporterions. On parle d’une situation qui remonte à 1975; autrement dit, ils sont en exil forcé depuis 46 ans dans le désert algérien. Le voyage à travers le désert qu’a effectué le Prophète Moïse, conduisant son peuple vers la Terre Promise, n’a pas duré si longtemps… êtes-vous, gentils lecteurs, capables d’imaginer ce que ces 46 dernières années ont signifié pour le peuple sahraoui ? Qu’est-ce qui a dû se passer ? Que continuent-ils à endurer ? Honnêtement, j’ai du mal à imaginer…
Pour commencer, cela suppose que lorsque les femmes accouchent dans un environnement dans lequel, bien qu’il y ait un hôpital et quelques dispensaires, elles n’ont évidemment pas les mêmes garanties contre les événements imprévus que dans un hôpital que nous avons normalement dans notre confortable, sûr et les sociétés « avancées ».
Cela implique que des maladies presque oubliées dans nos sociétés avancées, comme la varicelle, la rougeole, la rubéole, auraient une plus grande influence sans le plan de vaccination et les mesures sanitaires adoptées par le gouvernement sahraoui. Malgré tous les efforts, il existe des problèmes de santé tels que les infections des voies urinaires qui ont une incidence plus élevée, principalement en raison de la qualité de l’eau consommée.
Mais le problème n’est pas seulement de la qualité de l’eau, mais il faut aussi mentionner la rareté de cet élément liquide, puisque les personnes qui y vivent sont condamnées à se développer dans un environnement où le manque d’eau (Il y a deux aquifères, principalement, qui alimentent en eau les camps, celui de Hammada Tindouf et celui de Hasi Abdal-la) rend impossible l’agriculture et l’élevage, avec beaucoup de difficulté, créant ainsi un scénario dans lequel la rareté des ressources les plus élémentaires besoins, le manque d’espaces décents pour vivre, ainsi que la surpopulation des familles dans les maisons pauvres construites dans le désert influencent et empêchent le bon développement d’une société comme les Sahraouis.
Ce manque d’eau qui provoque des pénuries de récoltes signifie que la nourriture reçue par les personnes vivant dans les camps provient de dons des pays et, même, une partie de cette nourriture n’arrive pas en grande quantité car elle est périssable. Preuve en est que 7,6% des enfants souffrent de malnutrition et 28% ont un retard de croissance. De plus, 50% des enfants souffrent d’anémie. Malgré toutes ces circonstances, le personnel de santé qui travaille dans les dispensaires et les hôpitaux fait preuve d’un dévouement et d’un professionnalisme admirables et avec des moyens et des ressources limités (qui sont permis par les dons des pays et des associations), ils parviennent à faire ce qui dans d’autres circonstances serait quelque chose comme un miracle …
Si nous parlons d’enseignement, les enseignants et autres personnels qui sont en charge de l’éducation des filles et des garçons dans leurs premières années sont le reflet vivant d’une société qui lutte pour survivre et améliorer apporter la culture, l’apprentissage à chacun des nourrissons, car ils savent que la connaissance sera la base de leur développement ultérieur, en tant que peuple et en tant que pays. En tant que peuple, dont une grande partie de ses composantes sont nées hors de leur terre et même dans un pays d’accueil dont ils sont reconnaissants, ils ne savent pas (bien qu’ils aient, à l’intérieur, la sécurité) quand ils s’installeront dans leur véritable pays, dans la terre occupée qui lui appartient et qui a disparu depuis 46 ans et que les nouvelles générations ne connaissent qu’à travers les histoires que leur racontent leurs aînés et les vidéos qu’elles voient sur internet.
La vie dans les camps se développe principalement grâce aux dons et fonds que de nombreuses nations engagent auprès de la direction du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR, ou UNHCR, pour son sigle en anglais), qui est chargé de rendre enfin possible la réalisation de l’aide (nourriture, culture, santé, infrastructures de base, etc.), qui ne suffisent malheureusement pas à répondre aux besoins pressants de ce peuple et aux objectifs de solidarité à atteindre. Cependant, il convient d’apprécier le soutien que le HCR et le grand dévouement et l’engagement de ses professionnels ont apporté au fil des ans et, bien sûr, le soutien des différents pays donateurs qui rendent la vie possible dans ces camps et servent à aider un peuple survit qui, avec dignité et courage, lutte pour aller de l’avant.
Mais ce chemin du peuple sahraoui est aussi possible grâce aux efforts de nombreuses ONG (Croix-Rouge, Croissant-Rouge algérien, Oxfam, Médecins du Monde, etc.) et de leurs composantes qui aident soit depuis différents pays soit en se déplaçant dans les camps pour réaliser des travaux sous différents aspects qui apportent soutien, valeur et espérance de vie au peuple sahraoui.
Et n’oublions pas non plus l’aide et la solidarité des associations, en l’occurrence celles espagnoles qui, depuis 1979, année de création du programme « Vacances en paix », réalisent des programmes d’accueil pour les filles et des garçons entre 8 et 12 ans, pendant deux mois d’été dans notre pays, chez eux et dans leur cœur, pour essayer (et ils y parviennent) de leur donner, même pour quelques semaines, une opportunité et un environnement qui les fait sortir de leur routine et leur donne un amour et un soutien immenses, comme s’ils étaient leur «deuxième famille»… .même si je suis sûr qu’il y a beaucoup de familles qui les ont reconnus parmi les leurs… et les ressentent comme un seul plus de membre. Le “Programme Madrasa” a également été développé par lequel certains écoliers, dès l’âge de 13 ans, sont accueillis par des familles espagnoles qui dont leur soutien pour étudier.
Grâce à ces associations réparties dans toute l’Espagne, des dizaines de milliers de filles et de garçons sahraouis ont connu d’autres environnements, d’autres familles et amis, une autre vie… Même pendant la pandémie sanitaire provoquée par le COVID-19, aux étés 2020 et 2021, des programmes alternatifs pour des vacances en paix ont continué à être développés par lesquels garçons et filles sahraouis mènent des activités dans les camps, à l’abri de la contagion. Pour la prochaine année 2022, on s’attend à ce que la situation sanitaire mondiale se soit suffisamment améliorée pour que la normalité des voyages et des séjours des enfants et des jeunes avec des familles espagnoles puisse reprendre.
Et en parlant d’espoir et de collaboration, il y a un pays qui, dès le premier instant, en cette année 1975, a accueilli sur son territoire tous ces Sahraouis qui ont fui la terreur du bombardement par la force aérienne du Royaume du Maroc au napalm et les bombes au phosphore blanc (interdites internationalement) et les persécutions et violences extrêmes déclenchées par ladite Puissance occupante et qui, depuis le début, leur a offert une terre où s’installer ; un pays qui, avec une immense générosité et un amour fraternel, a fait cause commune avec le peuple sahraoui et lui a offert un soutien, une aide humanitaire et un lieu pour installer leurs camps de réfugiés et pouvoir vivre. Ce pays bienfaiteur et solidaire est l’Algérie.
Le plus grand pays d’Afrique est peut-être aussi celui qui a le cœur le plus grand, et il le montre, au moins dans cette situation, envers un peuple qui vit subjugué, opprimé et maltraité par une puissance qui occupe illégalement son territoire. C’est un pays qui, conformément à ses valeurs concernant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, a toujours traité le peuple sahraoui comme un frère et continue de le faire, en donnant aux jeunes la possibilité d’obtenir un enseignement supérieur, en offrant avec une aide médicale spécialisée, quand ils en ont besoin, etc. Même pendant la situation de pandémie, le gouvernement algérien a mis en place et mis à la disposition du peuple sahraoui l’aide humanitaire nécessaire et un grand hôpital de campagne pour améliorer les soins médicaux pour ceux qui en ont besoin.
Cette solidarité s’étend également aux affaires diplomatiques où les visas nécessaires pour accéder aux camps sahraouis sont organisés dans les différents consulats algériens en Espagne.
Un pays qui aide et soutient ces personnes a bien sûr beaucoup à offrir sur le plan international en termes de collaboration. Et il le démontre actuellement avec une intense campagne dans la sphère internationale menée par son ministre des Affaires étrangères, son Excellence M. Ramtane Lamamra et a mis l’accent sur la valorisation des capacités de l’Algérie non seulement dans le contexte africain, mais aussi dans le reste du monde. Vous me direz que ce pays a un potentiel d’amélioration et je vous confirme qu’il en a, bien sûr, comme beaucoup d’autres… ; mais qu’un pays qui montre qu’il a cette sensibilité et ce cœur envers les autres est un pays qui pourra réaliser beaucoup de choses à l’avenir. Avec une population majoritairement jeune, l’Algérie a une voie de renouveau devant elle et ces jeunes auront la possibilité de vivre dans un nouveau pays s’ils laissent le temps aux changements de prospérer, et ainsi de pouvoir travailler ensemble et de manière coordonnée pour contribuer à leur futur développement durable. Si la base est bonne, et que les sentiments et les actions le reflètent, le peuple algérien, avec effort et persévérance, et en maintenant sa dignité et sa fierté d’appartenir à son histoire et à ses coutumes, pourra réaliser ce qu’il veut.
Une fierté telle que celle qu’implique la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) qui date du 27 février 1976 et qui, depuis février 1982, fait partie de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) et qui, depuis le 26 mai 2001, il est membre à part entière et constitutif de l’actuelle Union africaine (UA).
Dignité avec laquelle le peuple sahraoui a également su reconnaître, apprécier et promouvoir les capacités et les valeurs de ses femmes dans la société, qui occupent des postes pertinents dans la structure étatique et des responsabilités, y compris au sein du Gouvernement, où il y a plusieurs ministres. C’est l’une des villes du monde arabo-musulman où l’égalité des sexes devient plus visible…
Et c’est la détermination de ce peuple, dont le territoire est le plus vaste (il a approximativement la surface du Royaume-Uni ou la moitié de la France) des 17 territoires déclarés non autonomes depuis qu’il a été inscrit en 1963 dans la liste desdits territoires de l’Assemblée générale des Nations Unies, qui veille à ce qu’il ne recule pas devant l’adversité qu’il a dû vivre pendant plus de 46 ans et qu’il œuvre pour avoir la possibilité d’atteindre l’autodétermination qui lui est reconnue, pour avoir un avenir ; mais cela en a besoin maintenant…pas dans 10 ans…
La communauté internationale ne peut rester impassible et sans apporter une solution définitive à cette grave situation d’occupation illégale d’un territoire qui affecte la vie et l’avenir de milliers de personnes. Où est passé le slogan des ODD en 2020 de « ne laisser personne de côté », si, entre autres, son objectif 16 (Paix, justice et institutions solides) ne vient pas d’être atteint dans le cas du peuple sahraoui ?
Tous les pays veulent-ils atteindre ensemble l’objectif que nous nous sommes fixés pour 2030 ou seulement certains pays ?
Nous savons déjà qu’il sera difficile d’atteindre les 17 objectifs d’ici 2030, mais la plus grande chose chez les êtres humains est leur capacité à s’efforcer et à progresser en s’entraidant. Donc, n’oublions pas la souffrance de ce peuple sahraoui. Il est nécessaire que les pays concernés, à commencer par l’Espagne en tant que puissance administrante, fassent ce qu’il faut une fois pour toutes et réalisent ce référendum qui servira aux Sahraouis à recouvrer leur vie en toute dignité et à décider librement de leur destin…
Partie II. Origines et désinformation
Toute la situation actuelle concernant le Sahara occidental et la responsabilité de l’Espagne en tant que puissance administrante découle de la présence espagnole au Sahara occidental, qui a commencé en novembre 1884 et qui, entre 1958 et 1976, était considérée comme la 53eme province espagnole.
Le 14 novembre 1975, une réunion a été lieu en Espagne (puisque notre pays est la Puissance administrante) au cours de laquelle ont été signés les « Accords tripartites de Madrid » par lesquels le Sahara occidental était divisé entre les deux pays voisins, le Maroc et la Mauritanie. Ce dernier s’est retiré en 1979 du troisième qu’il occupait, après avoir signé la paix avec le Front Polisario et reconnu la République arabe sahraouie démocratique (RASD) ; tandis que le Maroc, à l’heure actuelle, continue d’occuper illégalement les deux autres tiers du territoire.
Le Gouvernement espagnol a adressé le 26 février 1976 une lettre au Secrétaire général des Nations Unies l’informant qu’il se considérait dégagé de toute responsabilité en tant que Puissance administrante. Mais le 29 janvier 2002, le Conseil juridique des Nations Unies a prononcé la nullité des « Accords tripartites de Madrid » signés ce 14 novembre 1975 et entrés en vigueur par la loi 40/1975 du 19 novembre relative à la décolonisation du Sahara.
Et cet avis en est venu à dire que dans les « accords tripartites de Madrid », la souveraineté sur le territoire du Sahara occidental n’était pas transférée, ni le statut de puissance administrante conféré aux pays signataires qui en étaient chargés de la gestion ; car c’était une condition que l’Espagne, par elle-même, n’aurait pas pu transférer unilatéralement. Avec lesquels et en résumé, ces accords signés n’ont aucune valeur légale, selon les Nations Unies et l’Espagne, donc (disons-le clairement et sans ambiguïté ni mensonges) … L’ESPAGNE CONTINUE D’ÊTRE LA PUISSANCE ADMINISTRATIVE DU SAHARA OCCIDENTAL !!!
Il faut faire remarquer qu’en plus (et pour avoir une vision juridique plus élevée de cette question), la justice espagnole, dans la chambre criminelle du Tribunal national, dans son ordonnance du 4 juillet 2014 (résolution 40/2014) a confirmé, par l’intermédiaire de son président et aujourd’hui ministre de l’Intérieur de l’actuel gouvernement espagnol, son Excellence M. Fernando Grande Marlaska Gómez, et a estimé que « … l’Espagne » de jure « bien que non « de facto » continue d’être la Puissance administrante, et en tant que telle, jusqu’à la fin de la période de décolonisation, elle a les obligations énoncées aux articles 73 et 74 de la Charte des Nations Unies ». Avec quoi, juridiquement la voie à suivre semble être claire… Je me demande si peut-être il manque juste un peu (ou beaucoup…) de décence et de volonté politique (de tous les partis politiques) pour se lancer et passer par là.
Avec ce qui précède, pourquoi du Congrès Espagnol des députés, le 23 décembre 2020, est-il répondu, avec le numéro d’enregistrement 79149, à une question des députés son Excellence Mme Sabanés et son Excellence M. Errejón, disant que l’Espagne se considère détachée de toute responsabilité internationale en ce qui concerne l’administration du Sahara occidental et invoquant cette lettre envoyée en 1976 au Secrétaire général des Nations Unies, que j’ai déjà commentée ? Est-ce que quelqu’un au sein du Gouvernement espagnol n’a pas eu connaissance des avis et communications ultérieurs des Nations Unies concernant cette affaire ? Si c’était par ignorance, cela me paraîtrait grave ; s’il devait voler la vérité, cela me semblerait impardonnable en représentant un manque de respect et de considération envers ceux qui vivent en Espagne et paient nos impôts, envers la légalité internationale… et envers le peuple sahraoui. Il continue de dire dans la réponse donnée aux deux députés que l’Espagne apporte des contributions économiques, ce qui est bien, mais cela ne nous dispense en aucun cas de respecter ladite légalité internationale et nos obligations légales en tant que puissance administrante.
Cela dit et au vu de ce que je viens de raconter, je me pose d’autres questions, comme comment se fait-il que l’Espagne, qui est le merveilleux pays de la solidarité avec les autres en cas de catastrophe, qui soit l’un des premiers pays mobilise ses ressources pour aider ces pays en difficulté, est restée impassible et sans faire face à ses responsabilités historiques et politiques, pendant ces 46 années, face à la souffrance d’un peuple qui fut un jour son voisin, son frère, sa province nombre 53 ?
Je me demande encore à ce stade pourquoi l’Espagne continue de jouer le jeu du gouvernement du Maroc, qui poursuit ses intentions et ses actions dans tous les forums internationaux (et en privé avec d’autres gouvernements et politiciens et envoyés spéciaux des Nations Unies) pour s’assurer que le Sahara Occidental est considéré comme son propre territoire, ignorant la légalité internationale) avec sa passivité (et faisant continuellement preuve de faiblesse et de manque de fermeté) sur cette question et regardant de l’autre côté et négligeant ses fonctions de Puissance administrante.
Le Maroc et l’Espagne sont des pays voisins et en plus, le Maroc a été l’allié traditionnel de notre pays en Afrique, donc, l’idéal est d’avoir de bonnes relations et de devenir amis, dans les intérêts légitimes de chaque pays. Mais les relations entre pays voisins doivent être « de mains tendues », collaboratives, mais aussi de fermeté. Les relations d’amitié ne se construisent dans la durée qu’avec des relations stables, honnêtes et sans pression ni chantage, ce qui arrive généralement de temps en temps de la part du gouvernement de notre voisin du sud (immigration illégale, Ceuta et Melilla, coopération antiterroriste, pêche,…). Le peuple marocain est un peuple uni aux Espagnols par des liens ancestraux et c’est pourquoi leur gouvernement doit être prudent dans les manières de gérer les relations communes pour maintenir et accroître les liens qui nous unissent.
Nos cœurs se sont-ils tellement endurcis (les gouvernements successifs et différents de l’Espagne, pas les espagnols) ou est-ce que la « Realpolitik », l’égoïsme indicible et la cupidité personnelle et le mercantilisme aveugle et scandaleux nous empêchent de faire ce qui est juste, ce qui est décent, quoi est juste et nécessaire ? Notre classe dirigeante a-t-elle été si éloignée (et j’aimerais penser que cela est en train de changer) des sentiments et de la volonté du peuple espagnol et de la légalité internationale ?
Peut-être pouvons-nous commencer à avoir quelques espoirs (bien que l’exception ne fasse pas la règle) car il y a eu des hommes politiques ayant des responsabilités dans les différentes administrations publiques en Espagne, des organisations syndicales telles que CCOO et UGT et même des membres du Congrès et du Sénat de notre pays, de différentes options politiques, qui demandent au Gouvernement une solution immédiate et sans ambiguïté. En fait, à titre d’exemple, le 10 mars, presque tous les partis représentés au Sénat Espagnol ont soutenu une motion dans laquelle ils ont demandé au gouvernement espagnol d’assumer ses responsabilités historiques à l’égard du peuple sahraoui et de réaliser une feuille de déclaration, une voie bien définie qui mène à l’accomplissement de la responsabilité qui incombe à notre pays en tant que Puissance administrante.
Et récemment, le 20 octobre 2021, le Député du PNV, son Excellence M. Don Aitor Esteban Bravo a posé des questions sur la position de l’Espagne en tant que puissance administrante et sur la militante sahraouie Sultana Khaya. À cette consultation, le gouvernement espagnol, par l’intermédiaire de l’actuel ministre des Affaires étrangères, de l’UE et de la Coopération, son Excellence M. José Manuel Albares Bueno, a répondu que l’Espagne n’apparaissait pas comme puissance administrative du territoire dans la liste des territoires non autonomes des Nations Unies.
Cette affirmation est une vérité incomplète (il y a même des gens qui pensent qu’une demi-vérité est un mensonge) puisqu’à ce stade de la liste, il y a un appel à une note de bas de page dans laquelle il est dit que l’Espagne a fait rapport le 26 février de 1976 à la Secrétaire général des Nations Unies qui a cessé d’exercer ses fonctions de puissance administrante ; mais cela ne serait juridiquement possible que s’il y avait eu un référendum au cours duquel le peuple sahraoui aurait exprimé son désir d’autodétermination ou autre. Et puisque cela ne s’est pas produit (les Sahraouis l’auraient déjà aimé…! L’Espagne continue d’être la Puissance administrante, que nos gouvernements successifs le veuillent ou non). En tout cas, celui qui n’apparaît nullement dans cette relation comme Puissance administrante est le Maroc, qui agit illégalement en tant que Puissance occupante depuis 1975.
L’Espagne devrait faire face à ses responsabilités juridiques internationales et cesser de regarder ailleurs comme si la “chose” n’était pas avec elle, parce que… vous savez, la “chose” ce sont les gens, ce sont des vies, c’est un avenir et nous sont les Chargés de leur fournir un chemin pour qu’à partir de là, ils puissent, s’ils le souhaitent, marcher et grandir et vivre seuls, de manière autonome.
Pourquoi les dirigeants espagnols, au fil des ans, n’ont-ils pas été à la hauteur de ce que le peuple espagnol (qui les a élus et payé leurs salaires par le biais des impôts) attendait d’eux dans cette question de résolution de la situation d’une ancienne colonie et plus tard d’une province sœur ?. J’aimerais penser, et je le dis sincèrement, que cette situation peut changer, qu’elle changera… et que les hommes politiques et les gouvernements espagnols seront à la hauteur de ce qu’on attend d’eux, car il est clair que le peuple espagnol a fait cause commune et sympathie pour un autre peuple, autrefois frère, qui a été séparé de sa terre pendant 46 ans et privé de la possibilité d’un avenir digne.
Et si l’on parle d’avenir et de pérennité des peuples… et donc du peuple sahraoui, rappelons-nous que le numéro 16 des Objectifs de Développement Durable parle de “Paix, Justice et Institutions solides” et c’est très important puisqu’il fait partie de ceux qui permettent de réaliser tous les autres et… où en reste-t-il dans ce cas ? Et ce slogan, si vrai et si répandu, de « ne laisser personne de côté »… n’est-il pas valable ici ? C’est peut-être pour cela qu’un engagement décidé de la communauté internationale à aider au règlement définitif et heureux de cette situation ne serait pas mauvais, ce qui, en plus, démontrerait la volonté politique de servir le peuple, tout peuple, ce peuple sahraoui dont l’État ( RSAD) est reconnu par 85 pays.
En outre, ce n’est que par des relations mutuelles entre des pays libres, indépendants et maîtres de leur destin qu’un climat de paix, de compréhension et de collaboration loyale peut être créé dans la région. Ce n’est qu’ainsi que les pays pourront collaborer pour que le peuple sahraoui s’achemine vers une autodétermination qui puisse permettre, dans un scénario de pleine liberté, un véritable développement durable dans les aspects économiques, sociaux et environnementaux.
Partie III. Un avenir digne et durable
Quant au Sahara occidental, peut-être qu’un jour la communauté internationale décidera de soutenir de manière décisive la résolution d’une situation d’occupation, impitoyable et illégale, et qui continue de faire tant de souffrances à des centaines de milliers de personnes et de collaborer pour que la solution adoptée légalement concilier que le peuple sahraoui puisse choisir librement et démocratiquement son destin et ce fait est maintenu dans le temps.
Car sinon, à quels intérêts répondrait-elle ? Sinon, il ne mettrait pas, comme le précisent les objectifs de développement durable, l’accent sur le développement des personnes et leur dignité.
Je ne sais pas dans quelle mesure il est public et notoire que le Sahara Occidental est un territoire riche en minerais, tels que les phosphates (mine Foss Boucraa), le fer, le cuivre, l’uranium, etc. et dans le mont sous-marin Tropic (qui est en fait un volcan éteint vieux de 120 millions d’années), il y a de fortes concentrations de tellure, de cobalt et de terres rares. Il y a aussi les zones de pêche (le Sahara occidental a 1 200 kilomètres de côtes) et les gisements de gaz. Et une agriculture non moins riche (grandes surfaces dédiées à la production de tomates, etc.). Ou le sable extrait des plages du Sahara Occidental destiné aux travaux et constructions espagnols. Toutes ces richesses appartiennent au Sahara occidental et les bénéfices de ses accords et ventes devraient revenir à ce pays et à ses habitants.
Pour donner un autre exemple de non-respect de la légalité internationale en ce qui concerne le Sahara occidental par le gouvernement marocain, vendredi 24 septembre dernier, un accord (huit ans de validité plus une extension possible à deux ans supplémentaires) avec la société Ratio Gibraltar, qui est une filiale de la compagnie pétrolière israélienne Ratio Petroleum, pour effectuer l’exploration pétrolière et gazière dans le bloc océanique appelé Dajla Atlantique, qui couvre une superficie de 109 000 kilomètres carrés au sud des îles Canaries et du Sahara occidental.
Selon cet accord, le gouvernement marocain recevra 7 % du pétrole qui se trouve à plus de 200 mètres sous l’eau lorsqu’il y a une production supérieure à 500 000 tonnes ; et 3,5 % de gaz naturel, pour une production de plus de 500 000 mètres cubes. Ceci, en plus d’être un pillage pour les ressources naturelles du Sahara occidental, peut présenter un risque élevé pour les habitants des îles Canaries.
En résumé et pour être clair, le gouvernement marocain ne peut, selon les préceptes de la Cour de justice de l’UE et l’avis juridique de l’Union africaine, utiliser les richesses qui appartiennent au territoire du Sahara occidental ou s’enrichir par leur littoral (les phosphates, la pêche et l’agriculture qui rapportent actuellement environ 1 000 millions d’euros par an et les éventuels hydrocarbures qui en résultent, dans un futur proche), puisqu’ils appartiennent au peuple sahraoui.
Pour passer en revue la légalité internationale sur cette question, nous avons, à titre d’exemple, la Résolution 1514 (XV) 14/12/1960 sur la libre disposition de leurs propres richesses par les territoires non autonomes à leurs propres fins et la Résolution 46/64 du 12/ 12/1991 qui réaffirme le droit des peuples non autonomes à l’autodétermination, à l’indépendance et à la jouissance des ressources naturelles qui se trouvent sur leurs territoires, ainsi que l’illégalité manifeste de toute puissance occupante qui les prive de ces droits légitimes.
Et encore plus récemment, le 6 décembre 1995, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution 50/33, intitulée « Activités d’intérêts étrangers, économiques et autres qui entravent l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux dans les territoires sous domination coloniale « et, entre autres, parle de l’exploitation néfaste et du pillage des ressources marines et autres ressources naturelles des territoires coloniale ou non autonome par des intérêts économiques étrangers, en violation des résolutions pertinentes des Nations Unies, compromet l’intégrité et la prospérité de ces territoires ”
La bonne nouvelle concernant le respect de la légalité internationale est que le Tribunal de l’Union européenne a statué, le 29 septembre, sur la légalité des accords d’association et de pêche entre l’UE et le Maroc qui incluent le Sahara occidental (Décision (UE) 2019/441 du Conseil , du 4 mars 2019, portant conclusion de l’accord d’association dans le domaine de la pêche durable entre l’Union européenne et le Royaume du Maroc), annulant ces accords, étant donné qu’à aucun moment la population sahraouie n’a été dûment consultée pour donner ses approbation.
En bref, la communauté internationale devrait reconnaître les problèmes éthiques liés à l’acquisition de matières premières et d’autres ressources extraites du territoire occupé du Sahara occidental, et, par conséquent, s’approvisionner auprès d’autres sources alternatives d’approvisionnement ; Il devrait également dénoncer et cesser toute activité qui soutient ou maintient l’occupation illégale du Sahara Occidental par le gouvernement marocain.
Les Nations Unies devraient, une fois pour toutes, soutenir la feuille de route pour que le peuple sahraoui s’exprime sur son avenir en tant qu’Etat indépendant et ce en relation avec le recensement qui a été effectué en 1975 et qui comptait environ 74 000 Sahraouis. Par la suite, ce recensement a été actualisé, en décembre 1999, à près de 90 000 Sahraouis ayant le droit de vote.
Le dernier recensement a été présenté en mars 2018, après deux ans de travail d’une commission du HCR et dénombrait 173 600 réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf. Le rapport, dont le titre était « Les réfugiés sahraouis à Tindouf, Algérie : population totale des camps », a été déposé sur la table du secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres et une commission technique s’est rendue à Tindouf pour évaluer et vérifier les travaux effectués et n’ont trouvé aucune anomalie dans le chiffre présenté, ces 173 600 réfugiés sahraouis.
Malheureusement, et en raison de circonstances étranges et peu claires, ce dépouillement, qui serait indispensable en cas de référendum, n’a plus été entendu. Par conséquent, les donateurs, qu’ils soient des particuliers, qu’il s’agisse d’agences des Nations Unies ou de différentes ambassades, ont été contraints une nouvelle fois de se laisser guider par le chiffre de référence de 90 000 réfugiés.
Le chiffre officiel du recensement n’est pas seulement important lorsqu’il s’agit d’un référendum, mais aussi pour les donateurs. Logiquement, les dons ne sont pas les mêmes pour une population de 173 600 personnes que pour 90 000 personnes, avec lesquelles les différents dons n’atteignent pas 50% des besoins des réfugiés sahraouis. C’est pourquoi la nourriture ne vient pas pour tout le monde et est une cause de malnutrition parmi la population sahraouie.
La base juridique du référendum existe depuis que l’Assemblée générale des Nations Unies a établi, parmi de nombreuses autres résolutions, la résolution 1514 (XV) susmentionnée du 14 décembre 1960, avec la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux villes coloniales ; également par la Résolution 2354 (XXII), du 19 décembre 1967, qui réaffirme le droit inaliénable du peuple du Sahara espagnol à l’autodétermination, et par la Résolution 43/33, du 22 novembre 1988, dans laquelle une fois de plus, le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance a été réaffirmé.
Il y a eu au fil des ans, bien sûr, beaucoup plus de résolutions dans ce sens, il ne reste donc qu’à être mises en mouvement et réalisées par le biais d’un référendum d’autodétermination demandé par l’ONU et qui, pour cette raison, a été créé, en 1991, la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO) par la résolution 691 du Conseil de sécurité. Précisément, le 29 octobre, le Conseil de sécurité a approuvé la résolution 2602 (2021) sur le renouvellement du mandat de la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO) pour un an, soit jusqu’au 31 octobre 2022. Ajouté à cela, débutera le 1er novembre la mission du nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, M. Staffan de Mistura. Ce qui serait souhaitable, c’est que ce nouvel envoyé, M. de Mistura, puisse trouver un moyen de résoudre le conflit une fois pour toutes. Et il s’agit de résoudre le conflit « de facto », pas seulement de le gérer, ce que fait la MINURSO depuis 30 ans sans résultat pour la population sahraouie.
Dans cette résolution, aucune mention n’est faite de la situation de guerre « de facto » qui sévit dans le Territoire depuis le 13 novembre 2020 à la suite de la violation grave par la Puissance occupante, le Maroc, du cessez-le-feu de 1991. . – Trente ans se sont écoulés depuis la création de la MINURSO et il n’y a pas eu de résultats tangibles à ce jour, dans le sens d’aider le peuple sahraoui à avoir des élections libres pour décider de son avenir, avec lesquelles, je demande : qu’en est-il vraiment été pour? Quels ont été les acquis et les bénéfices obtenus par la communauté sahraouie au cours de ces trente années ? Car ce qui est clair, c’est que l’objectif pour lequel la MINURSO a été créée à ce stade (trente ans plus tard…! je le répète) n’a pas été rempli…
On parle souvent de « responsabilités historiques » pour faire des choses, mener à bien des projets, etc…eh bien, nous avons maintenant cette “opportunité historique” de résoudre cette situation entre nos mains.
Mais ce n’est pas seulement la responsabilité de l’Espagne, puisqu’il faut préciser que les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies sont les États-Unis, la France, la Russie, le Royaume-Uni et la Chine. Et au sein de ce groupe de membres permanents du Conseil de sécurité, certains pays ont jusqu’à présent soutenu les positions fausses et illégales du gouvernement marocain concernant sa souveraineté sur le Sahara occidental. Continueraient-ils à faire de même si c’était votre peuple ? Quels intérêts vous empêchent de faire ce qu’il faut ?
J’aimerais penser que les idées de “terre de liberté” ou de “liberté, égalité, fraternité” seront un jour valables dans tous les pays et maintenant, spécifiquement, pour le peuple sahraoui. Entre-temps, certains de ces pays ont-ils perdu leur sensibilité et leur cœur… ou leur bon sens et leur dignité lorsqu’il s’agit d’aider les autres ?
Ces pays du Conseil de sécurité ont entre leurs mains (tout comme notre pays) une opportunité de contribuer de manière décisive à la liberté, la paix et le développement du peuple sahraoui, en soutenant le Référendum (résolution 690/1991) qui permet aux Sahraouis de s’exprimer librement et volontairement sur ton futur.
Et pour la partie qui nous revient et qui revient à nous concentrer sur l’Espagne, qui, de plus, étant la puissance administrative du Sahara occidental, ne peut se permettre d’être rappelée devant l’Histoire ou sa population comme le pays peu solidaire et irresponsable qui a tourné le dos et laissée à l’abandon au peuple sahraoui… ..parce que d’ailleurs le peuple espagnol (les bonnes personnes qui composent ce merveilleux pays) n’a fait qu’aider et être solidaire du peuple sahraoui depuis le début du conflit. Mais il est nécessaire que le Gouvernement espagnol ait la décision de prendre les mesures fermes et correctes, conformément au droit international et aux résolutions des Nations Unies et avec le soutien de la communauté internationale et les efforts de la MINURSO pour mener à bien le référendum d’autodétermination.
Le peuple espagnol a montré à maintes reprises, tout au long de son histoire, que lorsqu’il se concentre sur ce qui l’unit et travaille ensemble et avec un objectif clair, il est capable de réaliser tout ce qu’il s’est fixé. Montrons encore une fois que « l’Espagne est différente », aussi lorsque nous aidons les autres et que nous avons la souveraineté, la décision et le courage d’assumer nos responsabilités et d’aider ce peuple sahraoui à décider de manière autonome de son destin, à vivre dans la terre qui lui appartient et de travailler librement pour son avenir contribuer ainsi activement à créer un climat de paix et de sécurité sur la rive sud de la Méditerranée et du Sahel.
Fernando Novo Lens
Président de l’Association Culturelle Hispano-Algérienne “Miguel de Cervantes”
Expert en gestion de l’eau, durabilité et économie circulaire.