Depuis son usine de Batna, le groupe Sonelgaz réalise une opération d’exportation historique
Sur une grande affiche collée à l’intérieur du complexe industriel, il est écrit : « Une première en Afrique ». C’en est une en effet. Et pour cause, de l’Afrique du Nord – Égypte comprise – jusqu’à l’Afrique du sud, jamais une exportation pareille n’a été effectuée à partir du continent.
Ce mercredi, l’opérateur public Sonelgaz l’a faite grâce à sa filiale General Electric Algeria Turbine (GEAT) implantée dans la zone industrielle de Aïn Yagout (une commune située à 35 kilomètres au nord-est de Batna). C’est sans doute pour cela que Chaher Boulakhras, président directeur général du groupe industriel et énergétique, affichait une mine de jubilation tout au long de la cérémonie.
Une stratégie d’exportation
Accompagné d’une forte délégation, composée de nombreux cadres du groupe et de ses filiales, et en présence du wali de Batna, Toufik Mezhoud, il a tenu à être présent au complexe industriel pour donner personnellement le coup d’envoi de l’opération d’exportation vers un client basé au Moyen-Orient. L’identité de ce dernier et le montant de l’opération n’ont toutefois pas été dévoilés.
« C’est un domaine très concurrentiel. Donc nous nous sommes abstenus de dévoiler les aspects du prix », a répondu Chaher Boulakhras à une question de La Patrie News. Et d’ajouter, « pour des raisons économiques et liées à la concurrence, je ne peux révéler aucun montant ».
A cet argument se greffe un autre qui revêt une importance capitale. Le groupe est simultanément « en discussion avec d’autres clients », il est par conséquent impossible d’annoncer « un chiffre ».
« Mais croyez-moi, l’offre et les marges bénéficiaires engrangées grâce à l’exportation du produit sont très intéressantes. Nous sommes dans une situation de rentabilité », fait-il savoir. Et de lâcher, « c’est un véritable partenariat gagnant-gagnant pour Sonelgaz et son partenaire General Electric ».
Concrètement, GEAT a exporté « deux turbines à gaz GE 9F.04, deux alternateurs, deux systèmes de contrôle commandes de type Mark VI ainsi que leurs modules et auxiliaires ». Bien évidemment, tout est assemblé et fabriqué à Aïn Yagout.
Opérationnel depuis 2013, le complexe industriel a atteint un taux d’intégration qui avoisine les « 100% en matière de main d’œuvre ». « Pour les intrants des équipements, il va évoluer pour atteindre 60% et même encore plus grâce au développement du tissu industriel qui gravite autour de l’usine », explique M. Boulakhras lors d’une allocution.
Un complexe bénéfique pour l’économie algérienne
Du reste, GEAT constitue un des maillons forts du groupe public pour la concrétisation de son « plan stratégique 2035 ». En croissance constante, la filiale de Batna, fruit d’une joint-venture dans le cadre de la règle 51/49 – avec un investissement de base qui s’élève à 168 millions de dollars -, diversifie ses services. « Outre la fourniture des prestations de maintenance et de réparation des équipements de production d’électricité de grande puissance, GEAT va offrir des solutions numériques pour devenir la seule installation de ce type sur le continent africain », annonce-t-il.
Depuis son entrée en production, le complexe industriel de Sonelgaz a créé 140 emplois permanents. Plus de 200 autres seront créés d’ici 2024. « Par ailleurs, nous estimons pouvoir créer plus de 1000 emplois directs et indirects pour les professionnels algériens dans les années à venir », souligne le PDG de Sonelgaz.
Un projet qui valorise la compétence nationale
Bien sûr, il s’agit de postes d’emplois qui vont bénéficier aux habitants de la région. A ce titre, le choix de la zone industrielle d’Aïn Yagout n’était pas un fruit du hasard. Il était bien étudié. « Parce que les terrains sont disponibles pour la création d’un tissu industriel favorable mais aussi en raison de la proximité des aéroports et des ports et de l’existence d’une filière mécanique intéressante à Batna », déroule Abderrahmane Sakhri, directeur de projet chargé de la création de la société Industrie.
D’ailleurs, l’essentiel de l’opération d’exportation va s’effectuer à partir du port de Skikda, situé à moins de 180 kilomètres du complexe industriel. Le reste se fera à partir du port de Djen Djen (Jijel), situé quant à lui à 195 kilomètres de l’usine.
La réussite de ce projet prometteur réside dans l’élément humain. C’est ce qu’a indiqué Samir Bouabba, directeur général de GEAT, dans son intervention. « Nous avons formé certains de nos éléments en France, en Hongrie et en Inde. Je peux affirmer que leurs compétences ont été louées », s’est-il réjoui. Et de trancher, « je peux affirmer qu’il n’y a aucune différence entre ce complexe et les autres de General Electric que ce soit aux États-Unis, en France ou en Inde ».
Pourtant, un ancien ministre de l’Energie, en l’occurrence Abdelmadjid Attar, a critiqué GEAT. Au mois de février, il a estimé que le complexe n’était pas adapté « aux besoin futurs de l’Algérie ». « A partir de 2027, je pense qu’on n’aura pas besoin de toute cette puissance. On devrait la remplacer par de l’énergie renouvelable », a-t-il estimé sur les ondes de la radio publique
Djaouad Amine