Dr. Abdelrahmi Bessaha, économiste au FMI : «2023 pourrait être une année favorable pour les comptes extérieurs de l’Algérie»
« La réouverture de l’économie chinoise depuis le 8 janvier 2023 est un développement systémique de portée mondiale», affirme Dr. Abdelrahmi Bessaha, économiste au FMI.
En raison de son poids significatif au niveau mondial, cette réouverture, précise-t-il dans une contribution au quotidien El Watan, «va avoir des implications sanitaires domestiques et externes, peser sur les marchés mondiaux des produits de base, y compris le pétrole, faire redémarrer le tourisme international et surtout influencer les politiques publiques des pays avancés, émergents et en voie de développement».
En même temps, ce retour de la Chine «ne garantit pas qu’elle retrouvera la vigueur de la période pré-covid au vu de nombreux défis, dont un contexte domestique difficile, l’exacerbation des tensions géopolitiques et le déclin démographique ».
Quel impact sur l’Algérie ? Pour l’économiste, la Chine est «un partenaire de premier plan » avec des importations qui se sont élevées à $3,3 milliards (soit 16,5 % du total des importations du pays, une légère progression de 0,3% par rapport à la même période en 2021) avec le pays asiatique. Les exportations vers la Chine, indique Dr. Bessaha, «ont atteint $965 millions (soit 3,72 % des exportations totales du pays, une baisse de près de la moitié par rapport à la même période en 2021), plaçant la Chine au rang de 9e client de l’Algérie ».
D’un côté, argumente l’économiste, « la réouverture de la Chine va contribuer à une relance de l’activité mondiale à partir du second trimestre de 2023 ».
Ceci «devrait entraîner une hausse de la demande en pétrole et une remontée du baril ». Un «développement favorable pour l’Algérie qui pourrait alors bénéficier de recettes d’exportation additionnelles et de recettes fiscales en hausse ($1 de plus par baril génère environ $500 millions) ».
De l’autre, dans le contexte actuel de guerre en Ukraine, «la demande de la Chine en matière d’intrants et autres biens, y compris le pétrole va exacerber les tensions sur les marchés internationaux (énergie, produits de base, biens alimentaires) et faire remonter éventuellement l’inflation mondiale, ce qui devrait conduire le reste du monde à poursuivre le resserrement des conditions financières
».
Dans ce cas, «l’Algérie devrait faire face à une inflation mondiale en hausse (environ 6%) et au renchérissement du coût des importations ». En net, ajoute Dr. Bessaha, «si l’Algérie rationalise ses importations, 2023 pourra de nouveau être une année favorable pour ses comptes extérieurs ».
Mohamed Ait S.