Le leader des Insoumis, désormais soumis au puissant lobby corrupteur du Makhzen, est dans de sales draps. Sa directrice de la communication, Sophia Chikirou, est en effet rattrapée par un nombre effrayant de scandales liés à des affaires de surfacturations et d’abus financiers.
Sa précampagne présidentielle démarre très mal, depuis le Maroc qui, désormais, a très mauvaise presse auprès des médias français, totalement revenus de leur aveuglement.
Le 5 octobre 2023, Complément d’enquête s’intéresse à Sophia Chikirou, l’experte en communication de Jean-Luc Mélenchon. Critiquée en interne, elle fait aujourd’hui l’objet d’une enquête judiciaire pour escroquerie.
Aurait-elle, via son agence de communication Mediascop, surfacturé certaines prestations lors de la campagne présidentielle de 2017 pour bénéficier d’un remboursement indu de l’État ?
En 2018, la France insoumise et son leader sont dans le viseur de la justice. Le mouvement est suspecté d’avoir gonflé ses factures de campagne lors de la présidentielle de 2017, afin de se les faire rembourser indûment par l’État.
Au cœur des investigations, les 28 pages de factures de Mediascop, la société de Sophia Chikirou (la directrice de communication de Jean-Luc Mélenchon), transmises à la commission des comptes de campagne. Stratégie médias, production, événementiel… au total, entre septembre 2016 et avril 2017, elle a facturé ses prestations à hauteur de 1 161 000 euros.
Sylvain Tronchet, journaliste à la cellule investigation de Radio France, a épluché les lignes de comptes. Prenons la rubrique « Extraction audio et publication sur le compte Soundcloud de Jean-Luc Mélenchon », dont l’intitulé cache une opération simple. Elle consiste à mettre en ligne ses discours sur une plateforme et nécessite « une personne et un ordinateur ».
Pour chacun des 19 discours, la prestation est facturée 250 euros hors taxes, soit un total d’environ 5 000 euros, ce qui « paraît extrêmement cher par rapport au travail réel qui est réalisé. » Cinq mille euros, souligne le journaliste, c’est l’équivalent de deux mois de salaire chez Mediascop, soit deux mois de travail facturés pour une tâche qui représente, selon lui, « à tout casser, une grosse semaine de travail ».
Deux autres factures ont attiré son attention : au total, c’est 32 325 euros, exigés par Mediascop au titre des frais généraux. Or la société n’a ni locaux, ni standard, ni véhicule, ses seules charges sont les salaires de ses employés et les impôts, selon lui. Pourtant, tous ces frais, jusqu’à la facture de l’expert-comptable, sont refacturés à l’association de campagne de Jean-Luc Mélenchon.
« Pourquoi le personnel n’est pas embauché directement par l’équipe de campagne ? La réalité, c’est que, entre la commande et la facturation, il y a un filtre qui s’appelle Mediascop, qui marge, et qui gagne de l’argent. Et quand Mediascop gagne de l’argent, c’est Sophia Chikirou qui gagne de l’argent. »
À la demande de la juge d’instruction, en 2022, des experts judiciaires ont décortiqué la comptabilité de Mediascop. Leur rapport, dévoilé par Mediapart, permet de chiffrer les rémunérations perçues à titre personnel par Sophia Chikirou comme présidente et unique actionnaire de Mediascop : plus de 136 000 euros pour dix mois de campagne, dont 65 000 versés sous forme de dividendes. Sa société Mediascop a vu son taux de rentabilité bondir, passant de 12% lors de la présidentielle de 2012 à 22% en 2017.
Les zones d’ombre restent nombreuses, Sophia Chikirou, n’ayant, selon Mediapart, jamais reçu les experts qui lui demandaient un rendez-vous. Depuis le début de cette affaire, la patronne de Mediascop nie toute dérive.
Le nom de Sophia Chikirou n’est sans doute pas connu de l’ensemble des observateurs, mais ces dernières semaines l’ont fait gagner en notoriété. Pas forcément pour les bonnes raisons, malheureusement pour la députée LFI, élue en 2022 dans la circonscription de Paris.
C’est en 2007, alors qu’elle était membre du Parti Socialiste et qu’elle travaillait sur la candidature de Laurent Fabius à la primaire, que Sophia Chikirou, 28 ans à l’époque, fait la connaissance de Jean-Luc Mélenchon. Ils se retrouvent officiellement quelques années plus tard, quand le candidat à l’élection présidentielle de 2012 choisit la société Mediascop, cofondée par Sophia Chikirou, comme conseillère en communication.
Cinq ans plus tard, c’est elle, directement, qui est engagée comme directrice de la communication de l’équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon. En 2022, l’association de financement de la campagne présidentielle du candidat LFI à l’Élysée rémunère à nouveau la société Mediascop, rebaptisée entretemps L’internationale.
Au fil des ans, plusieurs informations relayées dans les médias – notamment Mediapart en 2018 – ont attribué à Sophia Chikirou et Jean-Luc Mélenchon des liens qui dépassent le cadre professionnel. Des relations personnelles qui auraient démarré au plus tard en 2011 selon la très récente enquête publiée par le journal Le Monde ce mardi 3 octobre, « parfois de façon discontinue ».
Un détail qui n’en est pas un aux yeux de la justice. Depuis 2018, Sophia Chikirou fait l’objet d’accusations suite à un signalement de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. Cette dernière a estimé, après avoir épluché les comptes de campagne de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2017, qu’il y avait eu potentiellement des « surfacturations » au bénéfice de Mediascop et donc de Sophia Chikirou, dont elle est l’unique actionnaire.
Une pratique qui s’apparente à du détournement de fonds publics. Malgré ces accusations, qui ont provoqué des perquisitions très médiatisées, notamment dans les locaux de La France Insoumise sans pour autant déboucher pour l’instant sur des mises en examen, Jean-Luc Mélenchon a toujours exprimé un soutien sans réserve envers Sophia Chikirou. Il estime que les prestations qu’elle a facturées en tant que directrice de la communication méritaient les sommes dépensées. En janvier 2018, Sophia Chikirou lance avec trois autres personnes un média en ligne qui se veut alternatif, baptisé Le Média. La ligne éditoriale est placée sans surprise très à gauche. Elle est décrite comme étant « humaniste, progressiste, écologique, féministe » par Sophia Chikirou elle-même. Cette dernière en est la présidente et la directrice de la publication.
Pourtant, elle quitte son poste à peine six mois plus tard pour s’investir dans un nouveau projet politique lié à Jean-Luc Mélenchon. Son passage à la tête du Média reste très controversé pour deux raisons : son management décrit comme « brutal » par plusieurs anciennes collaboratrices, et l’édition de deux factures au bénéfice de Mediascop, sa société de communication.
Officiellement, Sophia Chikirou était présidente du Média comme bénévole, mais sa société exerçait en tant que consultante média à travers… Sophia Chikirou et percevait à ce titre des indemnités. Le litige s’est réglé par l’abandon de la moitié de ces indemnités – environ 65 000 € – par Sophia Chikirou, en échange de la promesse de ne pas remettre en cause le versement de l’autre moitié.
L’ensemble de ces scandales vont peser lourd dans la campagne présidentielle d’un « soumis » qui termine sa carrière politique aussi mal qu’il l’avait commencée. Nous y reviendrons ultérieurement avec un « éclairage » de fond.
Wassim Benrabah