Eclairage
De la corruption morale et financière…
Par Mohamed Abdoun
Ce qui devait arriver, arriva rapidement. Bien plus vite qu’attendu. Il y a de cela une semaine déjà, j’écrivais concernant ce sujet, que la question ne consistait plus de savoir si la France allait s’aligner du côté des rangs clairsemés des partisans de la prétendue « marocanité du Sahara Occidental », mais simplement quand est-ce qu’elle va le faire. Or, pour moi, analyste et observateur qui pense que l’économique pèse lourd sur le politique et le diplomatique, la récente décision française de lancer des investissements dans les territoires occupés sahraouis en est très certainement une. Un reste de pudeur et de crainte française de perdre le peu qui lui reste de ses hautes valeurs humanistes et légalistes l’empêche encore de franchir de franchir ce Rubicon. Mais, elle va finir par le faire. J’en ai la ferme conviction. Bon nombre d’éléments d’analyses objectives plaident en faveur de ces prédictions. Il y a d’bord, et surtout, le palace El Mamounia. Le Makhzen fait chanter et dicte leur conduite à une bonne partie des dirigeants et élus hexagonaux. Cela commence par de petits cadeaux, de charmantes attentions, e apparence anodines qui, montant crescendo, débouchent sur des séjours princiers dans ce prestigieux palace. Les invités s’y livrent à pas mal de délices qu’interdisent la loi et la morale. Ils sont filmés à leur insu. Mohamed VI sait parfaitement de quoi il parle quand il menace, fait chanter, quand il claironne dans un discours officiel que le Maroc évaluera désormais ses relations avec les autres Etats à l’aune de leurs positions concernant sa colonisation du Sahara Occidental. Ce n’est pas tout. Le président Macron en personne, attendu au Maroc dans les prochains mois, a fixé Rabat comme priorité à son chef de la diplomatie Stéphane Séjourné. De son côté, Christophe Lecouturier, ambassadeur de France au Maroc, a fait céder toutes les digues en reconnaissant publiquement l’implication directe de la France dans la perpétuation de cette colonisation marocaine au Sahara Occidental, et même de son intervention militaire directe en 1975, au plus fort de la criminelle marche verte, contre les combattants sahraouis du front Polisario. Macron, qui cherche à s’attitrer les grâces du Makhzen, sans doute à cause de l’immense enjeu sécuritaire lié aux jeux olympiques de Paris. Macron joue aussi sur la corde la plus sensible de Mohamed VI, celle de l’argent. La vénalité de ce roi homme d’affaire relève désormais du postulat axiomatique. Dans tous les cas de figures, l’initiative de Macron ne fera que retarder une inéluctable échéance. Le droit des peuples à disposer souverainement d’eux-mêmes est un acquis que rien ni personne ne saurait remettre en cause. La France, humiliée à Dien-Bien-Phu, puis contrainte de se plier à l’ensemble des exigences légitimes du FLN-ALN, en sait forcément quelque chose. Ma foi, il n’est franchement pas permis d’avoir une mémoire aussi courte et défaillante…
M.A.