Une conférence internationale sur le développement au Sahel. Voilà bien une idée que la diplomatie algérienne caresse depuis pas mal de temps.
Celle-ci a enfin trouvé l’occasion de se concrétiser sur le terrain dans la foulé du plan de règlement de la crise nigérienne tel que défini par le président Tebboune, et annoncé la veille par notre chef de la diplomatie, Ahmed Attaf en conférence de presse.
L’idée, ma foi, mérite qu’on s’y appesantisse, sur fond d’une analyse rétrospective. Au Mali, l’accord d’Alger de 1995 n’a jamais pu être concrétisé sur le terrain. Les présidents successifs, ATT et IBK, s’y sont tacitement opposés sur demande instante de la France.
Cet accord, qui nécessite une actualisation afin de s’adapter à la conjoncture présente, prévoit un plan de développement harmonieux et durable. Alger, qui a payé le prix fort dans sa lutte contre le terrorisme, sait mieux que personne qu’aucune lutte efficace ne saurait être menée si les populations locales meurent de faim, manquent de perspectives sociales, et ne trouvent que les groupes terroristes pour les financer.
L’argent est celui des rançons payées par bon nombre d’Etats occidentaux, à commencer par la France. Ces sommes s’élèvent à des dizaines de millions d’euros. A côté, il y a ces zones grises où évoluent les agents secrets du Makhzen, versé dans le trafic de drogue, la traite des blanches, et les tentatives de recrutements de Sahraouis, quitte à leur faire signer des aveux sous la torture. Depuis l’accord de 1995, la situation a nettement empiré.
L’assassinat de Kadhafi, par la France de Sarkozy pour étouffer ses crimes de corruption, a donné naissance à de nombreux groupes armés, dont le MNLA. Al Qaida et Daesh ont profité de ce chao généralisé pour poser durablement le pied au Sahel. Dans la zone dite des trois frontières, à cheval sur le Mali, le Niger et le Burkina Faso, il ne se passe pas un seul jour sans que des attentats terroristes n’y soient commis.
Les armées de ces pays manquent cruellement de moyens, et parfois aussi de motivations. Les aides russes tendent à renverser la vapeur. Mais, elles sont loin d’être suffisantes. D’où l’importance salvatrice de cette conférence internationale à laquelle vient d’appeler l’Algérie. Or, celle n’a de chance de réussir que si on réussit à neutraliser tous les parasitages gravitant autour.
La stabilisation du Sahel passe par son développent, sa gestion raisonnée, et la démocratisation de ses institutions. La voie de la sagesse et de la concertation doit prévaloir. Le volcan sahélien est en pleine éruption. L’action militaire seule ne saurait suffire à l’éteindre.
Il faut que celle-ci soit accompagnée de concertations politiques bien suivies, et d’actions de développement durable qui impliqueraient directement les populations locales. C’est à ce pris qu’on arrivera à assécher les bases de recrutement des groupes terroristes. Alger, puissant pays pivot dans la région, assume pleinement ses responsabilités politiques et historiques. Notre stabilité et notre avenir commun en dépendent. Oui, il faut savoir raison garder…
Mohamed Abdoun