Par Mohamed Abdoun
Ma parole, celle-là, on ne nous l’avait jamais faite ! La presse et les chancelleries occidentales ne se sont pas contentées de prendre faite et cause pour l’envahisseur-agresseur-originel israélien. Aux yeux du droit international, le peuple palestinien, que représente le Hamas en très grande partie, ne fait que se défendre contre une occupation, un génocide et un apartheid qui perdurent depuis près d’un siècle. L’attaque massive de ce samedi est une sorte de « piqure de rappel » faite à la conscience endormie de la communauté internationale. Certes, l’ampleur de la riposte, et non pas attaque, comme tentent de le faire accroire certains, est inédite, jamais égalée, depuis la Nekba de 1947. Cela cristallise toute l’étendue du désespoir palestinien, abandonné par tous, et laissé à son triste sort. Déjà tous morts par anticipation, et rendu « invisibles » par des néonazis comme Smotrich et Ben Gvir, les jeunes palestiniens se sont jetés à qui mieux-mieux dans les bras de la « faucheuse ». Moi-même, consacre au sujet palestinien la moyenne d’un article ou deux par jour. L’apartheid y est flagrant. Et les morts, il s’en produit plus d’un par jour. On en était à 246 martyrs jusqu’au sursaut de désespoir de ce samedi depuis le début de l’année en cours. Voilà qu’ils sont à présent pas moins de 505. Le Hamas a sans doute mûrement calculé et prémédité son formidable coup. Ses quelques 300 prisonniers, qualifiés à tord d’ « otages » par la presse maelstrom, lui servent en quelque sorte de « boucliers humains ». Le boucher Netanyahu, qui se dit « en guerre » contre le peuple de Palestine occupée, ne peut tirer dans le tas comme il le fait habituellement à chaque nouvelle agression contre Ghaza. Au reste, là n’est même pas le propos du moment. Très subtilement, médias et ambassades d’Occident ont comparé les frappes de légitime défense des brigades d’El Kassam au 11 septembre, et à Pearl-Harbour. Or, ce choix n’est guère innocent. Il est au contraire machiavélique et subtilement choisi. En effet, si par leur intensité et force ces attaques de ce samedi s’en rapprochent en effet, on a choisi exprès des « méchants », des vilains-pas beaux, des terroristes, pour évoquer les évènements historiques qui sont en train de se dérouler sous nos yeux en Palestine. C’est au subconscient de l’opinion mondiale que s’adressent ces messages subliminaux. Leurs porteurs et initiateurs, innocemment, sont passés maitres dans l’art de manipuler les masses. De leur faire prendre pas mal de vessies pour des lanternes. Ce genre de réflexions et de considérations, si terre-à-terre nous éloignent des vraies questions qui méritent réellement que l’on s’appesantisse dessus. Face aux nombreuses réactions qui ont suivi les évènements de ce samedi, celle de l’Inde a été une des plus virulentes et des plus anti-palestiniennes. Dans ce pays-continent, les pogromes antimusulmans menés par les intégristes bouddhistes sont légions. Avec jusque-là des pays comme l’Afrique du Sud, la Russie, le Brésil et la Chine, s’en accommodaient tant bien que mal.
Requiem pour les BRICS et la normalisation
Ce n’est plus le cas désormais avec l’élargissement irréfléchi et inconsidéré des BRICS à des pays comme l’Iran, l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unie. A cette époque, déjà j’écrivais que ce groupe, qui incarnait tant d’espoir pour l’humanité entière, venait de se tirer une balle dans la jambe, et de se condamner à ne subsister qu’en demeurant l’ombre de lui-même. Or, je ne croyais pas si bien dire. La suite des évènements vient de me donner furieusement raison. Ce n’est pas tout. Ce conflit ouvert, qui tend à se généraliser, touchant déjà le Liban, et menaçant de s’étendre à la Syrie, est venue tuer de facto le laborieux et lent processus de rapprochement entre Ryad et Tel-Aviv. L’élargissement des accords d’Abraham ne se fera sans doute jamais. Les signataires de ces derniers se retrouvent désormais sur la brèche. Carrément au banc des accusés. Car, non, l’avenir ne leur a pas donné raison. Leur supposé «pragmatisme géopolitique » n’était en fait que synonyme de trahison et d’opportunisme. Partant de ces constant imparables et accablants, c’est ce risible sommet du Néguev qui en est définitivement remis en cause. Le plus grand perdant dans cette redistribution des cartes géostratégiques est sans conteste l’Occident qui, déjà avec le conflit ukrainien, a fini par griller le peu d’atouts qui lui restaient. Quant au cas marocain, dont le pathétisme dépasse tout entendement, le « commandeur des croyants » et président de la commission Al Qods » n’aura pas d’autres choix que de prendre part directement au massacre en cours du peuple palestinien. Cette courte analyse montre bien que le Hamas a réalisé un véritable coup de génie en redonnant un second souffle à la cause palestinienne. Cela, au moment où on considérait icelle comme définitivement perdue pour tous. Oui, même avec et malgré tous ces morts, l’espoir est de nouveau permis. L’histoire épique, hélas, ne s’écrit que sur des monceaux de cadavres. jamais l’Homme n’a trouvé meilleure encre que le sang humain!
M.A.