Edito
Historique tournant…
Par Mohamed Abdoun
Personne, non plus personne ne pourra jamais dire qu’il ne savait pas. Qu’il a regret après coup. Désormais, nous ne sommes plus les seuls à dénoncer sur la place publique les pratiques malsaines du Makhzen. Les preuves s’entassent désormais contre lui. Elles confirment ce que le monde subodorait déjà intuitivement, sans accepter de l’admettre publiquement. La diplomatie marocaine, menée par le trio Bourita-Hammouchi-Mansouri, dédaigne les chemins des couloirs et bureaux feutrés des débats d’idées, des références légales, du droit international et des cas de jurisprudence. Non, elle leur préfère les chemins de traverse de la carotte et du bâton. Le Maroc fait chanter ceux qu’il n’arrive pas à acheter. Cela, quand il ne les assassine pas carrément, comme il l’avait fait avec Mehdi Benbarka, sauvagement torturé avant d’être dissout dans une baignoire remplie d’acide. Pour ce faire, il a à son service le redoutable logiciel espion Pegasus. C’est sans doute lui qui explique le comportement « fou et irrationnel » de Pedro Sanchez, président du gouvernement espagnol, tel que me le disait récemment le professeur Carlos Ruis Miguel dans un entretien. Les sommes d’argent en liquide retrouvées dans la maison de l’ex-eurodéputé Antonio Panzeri ne cristallisent que l’infime partie d’un immense iceberg. Panzeri, dopé par son incommensurable cupidité, mais aussi par la « générosité marocaine », ma foi prodiguée grâce aux énormes richesses pillées sur le sol sahraoui occupé, désormais, les choses sont allées si loin qu’il est devenu absolument impossible d’étouffer ce scandale planétaire. Il va sans dire que beaucoup de hauts responsables occidentaux habitués à la « mangeoire » marocaine ont essayé de le faire. En vain. Tous, sont débordés par l’ampleur et le nombre des révélations. La formidable machine propagandiste du Makhzen prend l’eau de toutes parts. La justice belge en est arrivée à délivrer un mandat d’arrêt contre le chef des services secrets marocains Yacine Mansouri. Avant lui, le chef de la DST et de la DGSN marocaines, Abdellatif Hammouchi avait failli être arrêté en France pour… torture. Car, le Maroc manie aussi bien la carotte que le bâton. Ceux qu’il n’arrive pas à corrompre et à acheter, il les brise, les humilie, les torture et les embastille. Il va sans dire, à mon humble sens, que cet énorme scandale de corruption au Parlement européen, qui n’a d’ailleurs pas livré l’intégralité de ses secrets, va finir de sceller un tournant historique dans l’évolution positive de la cause sahraouie. Plus aucun défenseur zélé du colonialisme marocain n’osera s’afficher au grand jour. La corruption à la marocaine est un modus operandi généralisé, et quasi-quotidien. Même l’oligarque et premier ministre marocain, Aziz Akhanouch, vient d’être accusé et dénoncé sur la place publique. Les masques sont tombés. Plus personne ne pourra dire qu’il ne savait pas. Non, plus personne !
M.A.