Edito
Recomposition…
Par Mohamed Abdoun
Indéniablement, la planète entière vit présentement de profonds chambardements. C’est du tout au tout que l’ensemble des cartes de l’échiquier géostratégique sont en passe d’être redistribuées. Ma débandade américaine en Afghanistan n’y est pas pour beaucoup. Non plus l’humiliante agonie de la « françafrique ». De nos jours, il est plus que jamais établi que l’épicentre du monde est à cheval sur le bassin méditerranéen et le Moyen-Orient. Or, jusqu’à tout récemment, cette zone, tout aussi sensible que riche, était sur une poudrière. Evoluait sur les bords escarpés d’un volcan en instance d’irruption. Si l’invasion US de l’Irak avait ouvert la boite de Pandore, tout comme l’avait été l’assassinat de Kadhafi par la France, il ne fait pas de doute non plus que certaines forces nocives et exogènes œuvraient inlassablement à jeter de l’huile sur le feu. Pendant sept ans, la rupture entre l’Arabie saoudite et l’Iran a placé le Moyen-Orient au bord du gouffre. Les acteurs de la région s’accrochaient à l’espoir ténu de voir les deux puissances ennemies reprendre langue pour éviter une déflagration et solder la série de crises et de conflits alimentés par leur rivalité. A la surprise de tous, c’est depuis Pékin que Riyad et Téhéran ont annoncé ce vendredi le rétablissement de leurs relations diplomatiques, actant par là même l’ascension de la Chine en tant qu’acteur stratégique dans la région, sur fond de désengagement américain involontaire. Ce projet d’accord, quoiqu’à l’état embryonnaire tue dans l’œuf les sordides et contre-productifs accords d’Abraham. Le plan de paix saoudien de 2002, demeuré lettre morte jusque-là, s’en plus que jamais trouve revigoré. L’accord Téhéran-Ryad tue également dans l’œuf les velléités guerrières de l’entité sioniste contre l’Iran. Il va sans dire en outre que la diplomatie algérienne, en pleine régénérescence, a dû jouer en coulisses un rôle de premier plan dans la conclusion de l’accord Téhéran-Ryad. Celui-ci torpille définitivement les malheureux choix géostratégiques du Makhzen. Ce dernier, fort mal conseillé par ses maitres sionistes, s’était aliéné le Hezbollah et les Gardiens de la révolution. La cause sahraouie, qui touche un peuple arabo-musulman, opprimé par le royaume chérifien, devrait se frayer une voie royale auprès des monarchies du Golf. Cela, au grand dam d’un Makhzen en butte à de nombreux scandales de corruption et de chantage placés aux antipodes des nobles valeurs islamiques et des standards usités en matière de relations diplomatiques. Les évènements et les éléments d’analyses se précipitent à très grande vitesse. Le conflit yéménite devrait par exemple prendre fin incessamment. Le gouvernement d’extrême droite de Netanyahu, sur lequel s’appuie à fond le Makhzen, est poussé vers ses ultimes retranchements. Son effondrement est inéluctable. Son remplaçant devra trouver une voie de salut viable, conforme à la légalité internationale, avec une solution à deux Etats, le respect des frontières d’avant la guerre des six jours, le retour des réfugiés de la Nekba de 1947 et le retrait du Golan syrien. Les BRICS, qui se replacent au centre décisionnel de la planète, devraient même connaitre lors du sommet sud-africain du mois d’août prochain l’arrivée de nouveaux membres de marque. Il s’agit de l’Algérie, de l’Iran et de l’Arabie Saoudite. De quoi finir de déplacer l’échiquier des rapports de forces planétaires, et sceller l’avènement d’un nouvel ordre mondial plus juste et plus équitable. Or, rien de durable ne saurait être édifié sans une ONU entièrement rénovée, avec un Conseil de sécurité plus démocratique et plus représentatif. L’Algérie y travaille d’arrache-pied. Ce n’est pas tout. Il est temps de mettre un terme au mortel clivage entre le sunnisme et le chiisme, patiemment alimenté par un ennemi commun. il a pour nom occupation illégale des terres d’islam palestiniennes et sahraouies. Qu’on se le dise bien. Avis !
M.A.