Edito
Ultime virage vers la victoire…
Par Mohamed Abdoun
C’est donc ce matin que pas moins de 2000 délégués sahraouis doivent prendre part, dans les camps de réfugiés, au 16 congrès du front Polisario. Ce rendez-vous qui se déroule tous les trois ans, intervient en une phase historique et un tournant déterminant dans le combat libérateur de ce peuple, brave, solidaire, mais dont la patience a atteint ses extrêmes limites. Sans trop risquer de m’aventurer trop loin, et de me montrer par trop béat d’optimisme, j’oserais prédire ici-même que nous-nous arrêtons sans doute à vivre l’ultime congrès du front Polisario, avant la libération totale de ce territoire non-autonome. En clair, d’ici à 2026, le Sahara Occidental sera définitivement et totalement libéré ; et la RASD, qui a déjà prouvé à la communauté mondiale qu’elle disposait des compétences requises pour gérer ce territoire en tant qu’Etat digne de ce nom, admise enfin à l’ONU. Les arguments sont nombreux, qui plaident en faveur de ces prédictions optimistes. D’abord, il s’agit du premier congrès qui se tient en état de guerre depuis la rupture unilatérale par le Maroc du cessez-le-feu conclu en 1991 sous l’égide de l’ONU et de l’OUA. Or, il a déjà été décidé à l’unanimité que le choix de la résistance armée est devenu inéluctable et incontournable. Les nombreux cadres et diplomates du Polisario avec lesquels j’ai pu m’entretenir longuement, insistent tout particulièrement sur ce point. Ce conflit armé de « basse intensité » doit interpeller la communauté mondiale, à commencer par le conseil de sécurité de l’ONU. D’autant qu’il est de notoriété publique que si le Maroc ; via ses services secrets, alimente le terrorisme et le trafic de drogue dans toute la vaste bande sahélo-saharienne, le peuple sahraoui, par sa tolérance et son islam modéré, est un facteur essentiel et incontournable de stabilité. De par la proximité immédiate de cette zone avec la méditerranée et l’Europe, c’est toute la planète qui gagnerait à aider à régler ce conflit vieux de pas moins de 47 ans. Un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui s’impose. D’autant que Rabat qui s’y était engagée avant de se rétracter et de se mettre à défier l’ONU, n’a de cesse de prétendre que le Sahara serait marocain. Pourquoi alors empêcher le peuple sahraoui d’exprimer librement et souverainement ses choix ! Mieux, ce congrès intervient sur fond d’un Maroc-gate-planétaire, qui contribue à l’isoler de plus en plus le Makhzen sur le plan international, et à rendre l’essentiel de ses relations entretenues douteuses, sulfureuses, et sujettes à caution. Dans quelques mois déjà, la cour de justice européenne va confirmer son arrêt qui reconnait la représentativité du Polisario, et interdit définitivement la poursuite du pillage des ressources minières et halieutiques de ce pays. Or, l’argent est le nerf de la guerre, en même temps que les dossiers déterminent ceux à caractère diplomatique et politique. En Afrique aussi, le Maroc, qui avait déjà quitté la défunte OUA, de cuisantes défaites sont au programme cette année, après sa condamnation de la part de la Cour africaine. L’incapacité du Maroc de continuer à corrompre les décideurs, doublée du constat venant du terrain se selon lequel le règlement légal de ce conflit latent mettrait fin à pas mal de crises à l’entour, doit pousser (enfin et définitivement) la communauté mondiale à assumer ses responsabilités, quitte à forcer la main au royaume chérifien en adoptant des résolutions contraignantes à son endroit. Oui, l’année 2023 a toutes les chances d’être celle du règlement définitif du conflit sahraoui. Pour pouvoir se pencher enfin à plein temps sur la plaie palestinienne…
M.A.