Entretien
Alhoussène Campel Cissé : « Tout peut se régler grâce au dialogue. La guerre ne résout pas les problèmes, elle les aggrave »
Alhoussène Campel Cissé, militant au long cours, partisan des causes justes et nobles, tant africaines que mondiales, a déjà visité les camps de réfugiés sahraouis, et pris fait et cause en faveur du front Polisario. Il vient d’officialiser sa candidature à la présidence du Conseil National des Guinéens de France, dont l’élection est prévue ce samedi 20 août. Désormais en campagne, il détaille pour nous ses objectifs et sa vision. Pacifiste invétéré, qui pense que le dialogue et la diplomatie peuvent venir à bout de tous les désaccords, pour insurmontables qu’ils soient, il adjure les jeune africains à ne pas tenter l’aventure de l’émigration clandestine, qui tue en mer chaque année des milliers d’innocents. Il dit aussi comprendre que la Russie se soit sentie menacée, sans partager pour autant sa riposte radicale.
Entretien réalisé par Mohamed Abdoun
La Patrie News : Vous êtes candidat à la présidence du conseil national des Guinéens de France. Que proposez-vous, et qu’apportez-vous de mieux ou de plus à vos compatriotes ?
Alhoussène Campel Cissé : Je suis en effet candidat à la présidence de ce conseil. C’est une élection qui se déroule certes à petite échelle, mais elle n’en est pas moins d’envergure nationale. Cela reste un grand pas en avant quand même. Et je suis déjà en campagne. Pour revenir à votre question, ma lettre de candidature dont je vous ai transmis une copie, fait aussi et surtout office de profession de foi. J’y parle de ce que je peux concrètement apporter à mes compatriotes sur un plan strictement pratique, lié à leur vie, et à leurs préoccupations de tous les jours. Je jouis d’un solide parcours en termes de responsabilités, aussi bien en France qu’en Basse-Guinée. J’ai même été élu président de la coordination des associations guinéennes de France. Il existe 5,5 millions de Guinéens résidant en dehors de leur pays. Cela représente une force phénoménale, et j’étais en train d’accomplir un grand travail. Notre ambassadeur m’avait même envoyé à Conakry pour y accomplir une mission. Cela s’est hélas très mal passé. La structure visée n’a pas été mise en place. Depuis, il ya eu le coup d’Etat. Tout a été remis en cause. Les choses commencent petit à petit à rentrer dans l’ordre. Ce projet grandiose est enfin réactivé. je souhaite aussi en profiter pour rassembler les rangs. La Guinée est divisée en quatre régions naturelles. Il est temps de mettre un terme à ces divisions, qui nous affaiblissent. Il faut en finir définitivement avec ces divisions. Ce futur conseil national aidera les Guinéens dans leurs démarches quotidiennes au niveau des ambassades, des consulats et des préfectures. Des centaines de juristes bénévoles sont prêts à se dévouer pour les accompagner et les conseiller bénévolement. Ce conseil devra aussi s’adresser aux parents et jeunes Guinéens afin qu’ils se gardent de tenter l’aventure mortelle de l’émigration clandestine. Pour les convaincre, et les garder sur place, il faut créer des centres de formation, des écoles, des emplois. Ce travail de fond devra aussi être élargi à l’ensemble du continent africain.
Ravi de vous voir élargir le sujet aux autres pays africains. Que pensez-vous de cette montée inquiétante du terroriste en Afrique de l’ouest ?
Ce phénomène est en effet très inquiétant. Du travail de fond doit être accompli en amont. C’est la prévention qui compte avant tout. Mais, pour avoir les moyens s’activer, il faut être représentatif, et jouir d’un mandat délivré en bonne et due forme par le peuple. C’est le seul moyen de peser dans les débats et, surtout, dans les prises de décision. À mon avis, la coopération avec l’occident doit se faire de façon pragmatique. C’est une sorte de pacte gagnant-gagnant. Si vous ne voulez pas que les migrants clandestins vous envahissent, avec les risques terroristes qui vont avec, hé bien, faites en sorte, et aidez-les pour qu’ils restent chez eux. Le terrorisme ne date pas d’aujourd’hui. Quels sont les facteurs qui alimentent ce phénomène ! il faut apporter des perspectives viables aux jeunes, victimes des trafiquants d’armes et de drogues, eux-mêmes complices de certains lobbies occidentaux.
Quelle est votre vision du conflit armé qui vient d’éclater en Ukraine ?
Ce dangereux conflit est pour moi tout aussi regrettable que dangereux. Les grandes puissances occidentales assument une grande part de responsabilité dans ce qui se passe. Il faut s’assoir autour d’une table et trouver des solutions qui puissent épargner des vies et des infrastructures. Ce formidable gâchis n’arrange personne en théorie. La priorité » consiste aussi à éviter que cette guerre ne s’élargisse à d’autres Etats européens limitrophes.