Entretien / Esteban, analyste international chilien, à La Patrie News : « Il est clairement mis en évidence les similitudes entre l’occupation, de la Palestine par Israël et l’occupation du Sahara Occidental par le Maroc »
Percutant, incisif, direct, et très pertinent, l’analyste chilien international, Esteban Silva Cuadra, n’hésite pas à établir de troublants, mais avérés, parallèle et similitudes entre les colonialismes sionistes et marocains, respectivement imposés à la Palestine et au Sahara Occidental. Il y met également la phénoménale capacité de Rabat à étouffer les critiques et rappels à l’ordre des institutions internationales, à grands renforts sonnants et trébuchants, sans doute. En ces heures sombres que traverse présentement la question palestinienne, la trahison par Mohamed VI de cette cause noble et sacrée le place en faux vis-à-vis de ses sujets malmenés et humiliés. Son, déjà bringuebalant, est plus chancelant que jamais…
Entretien réalisé par Mohamed Abdoun
La Patrie News : Comment réagissez-vous à l’annonce de Trump sur la prétendue marocanité du Sahara Occidental ? Ses conséquences sont-elles inéluctables ? un retour en arrière est-il possible ?
Esteban Silva Cuadra : La reconnaissance par l’ancien président Trump de la prétendue marocanité du Sahara occidental est une démonstration claire du caractère impérialiste de sa politique internationale et de son alliance avec les monarchies arabes corrompues.
Avec son annonce illégale et arbitraire concernant un territoire qui appartient au peuple sahraoui, Trump a piétiné le droit international et la légalité. Avec son arbitraire annonce sur un territoire qui appartient au peuple sahraoui, Trump se moque totalement de la loi et du droit international.
Pour remplir son rôle d’être le gardien des colonialistes et expansionnistes d’Israël, Trump se livre à un faux deal : la “normalisation” des relations entre le Maroc et Israël, en échange de la “reconnaissance de la souveraineté” de la domination coloniale du Maroc dans le Sahara Occidental.
Avec cela, Trump a attaqué le droit à l’autodétermination pour le peuple sahraoui en violation de la charte des Nations Unies et les résolutions de l’ONU, selon lesquels il est clairement établi que le Sahara Occidental est un territoire non-autonome, qui est toujours en attente de décolonisation. Maintenant, il est même plus clairement mis en évidence les similitudes entre l’occupation, de la Palestine par Israël et l’occupation du Sahara Occidental par le Maroc.
Cependant, la décision de Trump n’a pas modifié la nature juridique de la question du Sahara, car la communauté internationale ne reconnaît pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental.
La situation va maintenant s’éclaircir avec le déclenchement de la guerre dans le Sahara Occidental. Pour l’instant, l’administration, Biden, hésite encore à abroger cette déclaration qui, d’ailleurs, n’e revêt aucun caractère légal, contraignant ou exécutoire. Si les États-Unis ne reculent pas sur cette grave erreur de Trump, ils perdront leur qualité de partenaire crédible en charge du règlement de la crise du Sahara Occidental au sein du Conseil de sécurité de l’ONU.
La dernière réunion du conseil de sécurité de l’ONU n’a débouché sur rien de concret. L’on attend même la désignation d’un nouvel envoyé spécial depuis la démission de l’allemand Horst Kohler. Est-on face au constat patent de l’échec de l’ONU à régler ce conflit, et à décoloniser le Sahara Occidental ?
L’ONU n’a pas réussi à résoudre le conflit et est paralysée depuis près de 30 ans en raison du non-respect des accords signés entre le Maroc et le Front Polisario, qui prévoyaient la tenue d’un référendum de
L’autodétermination qui aurait permis au peuple sahraoui d’accéder pacifiquement à son indépendance. La Mission des Nations Unies pour le référendum sur le Sahara occidental (MINURSO) a été créée pour garantir la tenue du référendum d’autodétermination sahraouie, un référendum qui à ce jour continue d’être bloqué par le Maroc. La France a fait usage, à plusieurs reprises, de son droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies contre des résolutions visant à doter la
MINURSO d’un mandat pour garantir le respect des droits de l’homme de la population sahraouie dans les villes occupées d’El Aain, Dakhla, Bojador et Smara.
D’autre part, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Michelle Bachelet Jeria, a récemment admis que certaines parties nous ont empêchés d’attirer l’attention de la communauté internationale sur la situation des droits de l’homme au Sahara Occidental. “Un aveu sérieux qui montre à quel point le Maroc et ses alliés sont capables d’empêcher et de bloquer l’action des Nations Unies également dans le domaine de la défense des droits de l’homme du peuple sahraoui.
Nous devons lutter pour récupérer les Nations Unies et continuer d’exiger que l’ONU soit un organe qui garantisse véritablement l’autodétermination, la décolonisation et la paix entre les peuples et qu’elle remplisse vraiment son rôle en garantissant le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Pour que cela se produise, nous devons travailler pour que les peuples prennent conscience de la guerre qui se déroule aujourd’hui dans le Shara occidental et se mobilisent pour faire que les Sahraouis peuvent mettre fin à son oppression et conquérir sa pleine indépendance et souveraineté.
Quelles perspectives, ou nouvelles options restent au peuple sahraoui à part la lutte armée, pour obtenir enfin gain de cause ?
La lutte contre le colonialisme français et pour l’indépendance du peuple algérien dans les années 1950 jusqu’à la conquête de sa souveraineté en 1962 a montré qu’une guerre de libération avec la participation de tout le peuple peut vaincre un ennemi puissant et surmonter toutes les difficultés. Ceci est pleinement en vigueur et s’applique aujourd’hui dans la guerre contre l’occupant illégal menée par le Front Polisario.
La lutte sahraouie doit à nouveau être rendue visible au niveau international en fonction des nouvelles réalités mondiales, tout comme les mouvements de décolonisation et de libération de l’Afrique, de l’Asie et du Moyen-Orient l’ont été dans les années 50 jusqu’à la fin des années 70.
Il faut donc accompagner et encourager un nouveau déploiement de l’action diplomatique sahraouie au niveau international avec l’organisation d’une authentique diplomatie des peuples.
sur tous les continents pour soutenir la guerre de libération menée par le Front Polisario.
De la même manière qu’en 1966, la réunion historique du Tricontinental s’est tenue à La Havane, Cuba, en cette année 2021 nous devons avancer vers la formation d’une grande confluence transcontinentale de peuples pour la conquête de la souveraineté et de l’indépendance du peuple sahraoui et de tous les peuples qui combattent aujourd’hui dans le monde.
Quel rôle (nouveau pour l’Union africaine depuis que ce dossier a été repris à bras le corps, et que l’Algérie s’apprête àassumer la présidence de son CPS (conseil de paix et de sécurité) ?
L’Union africaine doit assumer un rôle stratégique pour garantir la fin du conflit et la souveraineté du peuple sahraoui dans le Shara occidental. Pour cela, il est essentiel que l’Union africaine (UA) s’assure que le Maroc respecte les
Accord sur lequel l’Union africaine elle-même est fondée, qui établit qu’un pays membre ne peut pas attaquer ou occuper par la force (même pas avec une logique conialiste) un autre État africain comme le fait le Maroc contre la République arabe
Sahraoui démocratique.
L’Algérie doit jouer un rôle principal au sein de l’Union africaine pour et faire pression pour que le Conseil de sécurité des Nations Unies assure la défense du droit International dans le Sahara Occidental et pour rétablir la paix violée par la monarchie du Maroc.
48 ans après le début de la guerre anticoloniale sahraouie le 20 mai 1973 et avec le nouveau déclenchement de la guerre, il est urgent de multiplier la mobilisation et la solidarité des peuples du monde en soutien à la juste lutte menée par le Front Polisario.
par Mohamed Abdoun