Entretien/ Pr Kamel Rezig, ministre du Commerce et de la Promotion des Exportations : Relever tous les défis
L’année 2022 s’achève, avec tout ce qu’elle nous a apporté comme joies, comme peines, comme réalisations grandioses, comme défis relevés par l’Algérie entière. Le secteur du commerce n’est pas en reste, d’autant plus qu’il a eu à intervenir dans des situations très délicates induites par quelques commerçants véreux qui ont tenté de saboter la dynamique citoyenne engagée par le président Abdelmadjid Tebboune et freiner l’émergence de l’Algérie Nouvelle. Malgré tous ces aléas, le département du commerce et de la promotion des exportations, drivé par Pr Kamel Rezig, a réussi à relever les défis et à porter haut et fort les couleurs de l’Algérie.
Il nous en parle de manière détaillée dans l’entretien qu’il a bien voulu accorder à La Patrie News.
Propos recueillis par Tahar Mansour
« Je tiens avant tout à souhaiter une année 2023 très bénéfique et très heureuse à l’ensemble du peuple algérien ainsi que plus de succès à tous les travailleurs du ministère du commerce et de la promotion des exportations. En effet, dans le cadre de la mise en œuvre du programme d’action du gouvernement, lui-même émanant des orientations et des engagements du président de la république, Abdelmadjid Tebboune, le ministère du commerce et de la promotion des exportations a entamé, en 2022, la réalisation de la partie qui lui échoit, qui s’est caractérisé par des défis, aussi bien dans le cadre de l’encadrement et de la régulation du marché national qu’en ce qui concerne le commerce extérieur », a affirmé Pr Kamel Rezig, ministre du commerce et de la promotion des exportations.
Le ministre rappelle que les défis que devait relever le ministère du commerce ont eu lieu dans des circonstances extrêmes avec une situation économique mondiale asphyxiante qui s’est caractérisée par une très forte hausse des prix de revient à travers le monde et : « nous avons tenté, dans la mesure du possible, de réguler le marché national du point de vue approvisionnement, ce qui représentait un défi que le gouvernement a relevé avec succès en pourvoyant le marché avec tous les produits dont avaient besoin les citoyens, soit plus de 500 000 produits nationaux en plus de milliers d’autres importés. Nous avons donc réussi à relever le défi, en partenariat avec tous les départements ministériels concernés, et, malgré toutes les crises mondiales, rien ne manquait sur les étals des magasins algériens, à travers l’ensemble du territoire national », précise notre interlocuteur.
Concernant le secteur du commerce extérieur : « nous avons employé la méthodologie tracée par M. le président de la république pour l’encadrement de ce secteur, que ce soit pour le côté exportation qu’il fallait maintenir dans la même dynamique en haussant son volume ou pour le côté importation qui se trouvait, malheureusement, avant 2020, pour le moins qu’on puisse dire, anarchique », continue-t-il.
2022, une année économique par excellence
Avec la mise en œuvre des différentes mesures et l’exécution des orientations du président de la république, M. Abdelmadjid Tebboune, l’année 2022 a été, de l’avis de nombreux spécialistes et observateurs, une ‘’année économique par excellence’’ dont le ministère du commerce et de la promotion des exportations a été l’un des acteurs-clés avec toutes les actions qui ont été entreprises dans ce cadre. « L’année 2022 a été l’année qui a permis au ministère du commerce de relever les défis dans la partie dont il est responsable », affirme Pr Kamel Rezig.
Commerce extérieur : le nouveau et le renouveau
Pour ce qui est du commerce extérieur, il faut dire que l’Algérie vivait, avant l’année 2020, une situation d’anarchie qui était certainement unique dans le monde, avec des importations sans commune mesure avec les besoins et les capacités du pays et des exportations – hors hydrocarbures- que nous pouvions qualifier d’inexistantes. Aussitôt élu à la magistrature suprême, le président de la république, Abdelmadjid Tebboune, s’attela à stopper la véritable hémorragie de devises fortes qui se faisait au détriment de l’Algérie et de son peuple : « Les algériens doivent savoir que M. le président de la république a mis en place un plan et un programme d’une durée de cinq années pour ce qui est de l’encadrement et de la régulation du commerce extérieur, composé, comme chacun le sait, de deux volets : l’importation et l’exportation », note le ministre du commerce.
Importation anarchique et surfacturation avant 2020
Concernant le volet ‘importation’ l’Algérie comptait, avant 2020, 43000 importateurs : « un chiffre effarant, estime Pr Kamel Rezig qui ajoute que : la facture d’importation est arrivée, en 2017 et 2018, à 64 milliards de dollars à cause de la surfacturation qui permettait le transfert illicite des devises vers l’étranger. Après l’application des directives de M. le président de la république par le biais d’un projet de décret exécutif instaurant la spécialisation des importateurs, le nombre d’importateurs est passé de 43000 à … 13000 », affirme notre interlocuteur qui explique qu’auparavant chaque importateur importait jusqu’à 400 produits différents avec un seul registre de commerce, alors qu’avec la nouvelle règlementation instaurant la spécialisation, il ne peut importer qu’un seul produit et : « s’il veut en importer d’autres, il n’a qu’à se faire délivrer d’autres registres, un pour chaque produit », explique-t-il. Grâce à cela et à un contrôle strict de l’opération, la facture d’importation a connu une baisse de 50%, ce qui est énorme, surtout lorsque nous constatons que l’approvisionnement du marché se fait le plus normalement du monde et, surtout, que les prix des produits au niveau mondial ont connu des hausses très importantes. « En plus de tout cela, une nouvelle dynamique du produit local a été instaurée et qui a porté son taux d’intégration jusqu’à 100% pour certains produits, ce qui nous a permis d’éviter l’importation dans plusieurs secteurs (chaussures et cosmétiques par exemple) et nous avons même inversé la donne en en devenant exportateur. Ce sont là les résultats préliminaires de la mise en œuvre de la politique sensée et intelligente de M. le président Abdelmadjid Tebboune », déclare encore notre interlocuteur.
Exportation : la véritable révolution du président Abdelmadjid Tebboune
Pour ce qui est du volet des exportations, l’Algérie connait une véritable révolution instaurée par le président de la république et menée par le ministre du commerce et de la promotion des exportations et le simple observateur peut constater les résultats atteints. D’ailleurs Pr Kamel Rezig donne des chiffres probants qui ne laissent aucun doute sur cette nouvelle dynamique d’exportation voulue par le président Abdelmadjid Tebboune : « Déjà, en 2020, et malgré la pandémie de covid19, nous avons réussi à atteindre la somme de 2,2 milliards $ en exportations hors hydrocarbures, puis, en 2021 ces exportations se sont élevées à 5,03 milliards $ et, en 11 mois de l’année 2022, nous avons dépassé 6,04 milliards de dollars US et nous espérons atteindre les 7 milliards pour cette année ». Le ministre du commerce a tenu à préciser aussi que ce chiffre aurait pu être beaucoup plus important s’il n’y avait pas eu l’interdiction d’exporter les produits dont le citoyen algérien a besoin, une décision qui a été prise en Conseil des ministres. Continuant son intervention, Pr Rezig estime que le plus important dans l’opération d’exportation est la continuité de la hausse du volume des produits importés car : « c’est la preuve de la justesse des réformes et des moyens institués par M. le président de la république », affirme-t-il. Quoiqu’il en soit, le montant des exportations hors-hydrocarbures devrait atteindre les 10 milliards de $ à la fin de l’année 2023 et : « je pense que ce montant n’est pas difficile à atteindre, surtout avec ce que réalise actuellement le gouvernement comme expositions au niveau national, africain ou même mondial devrait porter ses fruits et asseoir cette nouvelle dynamique d’exportation afin d’arriver, à terme, à 20 milliards de dollars et, pourquoi pas, à 25 milliards hors hydrocarbures », estime notre interlocuteur.
Des aires d’exposition permanente en Afrique
Afin d’insuffler une dynamique plus forte et promouvoir la production algérienne, notamment dans les pays africains voisins dans un premier temps, le président de la république a instruit le ministre du commerce et de la promotion des exportations de procéder à la création d’aires d’exposition permanente dans certains pays africains. « J’ai profité de ma présence à la Foire Internationale de Dakar (Sénégal) pour engager des discussions avec nos frères du Sénégal qui ont très bien accueilli l’idée de mise en place de ce genre d’infrastructure d’exposition permanente de nos produits et de leur promotion. Une commission interministérielle a donc été mise en place par M. le premier ministre qui planche sur les préparatifs pour la réalisation de cette aire d’exposition à Dakar au Sénégal », annonce le ministre du commerce et de la promotion des exportations.
Mais ce n’est pas uniquement le Sénégal qui est concerné par cela, il y a aussi le Niger et la Mauritanie qui verront la réalisation de la même structure d’exposition, surtout après que Pr Kamel Rezig ait discuté avec les responsables nigériens et qu’il compte faire de même avec les responsables mauritaniens lors de sa prochaine visite lors du déroulement d’une foire à laquelle assistera l’Algérie. Le choix de ces pays (Sénégal, Niger et Mauritanie) n’est pas fortuit car ils constituent des points de passage pour le reste des pays africains où l’Algérie compte conquérir des parts de marché conséquentes, malgré la concurrence très forte qui s’y trouve déjà.
En outre, et dans le cadre de la promotion des exportations des produits nationaux, le gouvernement accorde une grande importance à l’accompagnement des hommes d’affaires et des industriels algériens afin qu’ils puissent vendre leurs produits.
Des expositions en Algérie et à l’étranger
A travers sa politique de promotion des exportations de produits nationaux, l’Algérie participe à un grand nombre d’exposition aussi bien en local qu’à l’étranger mais : « nous participons aux expositions où nous pensons que le produit algérien pourrait bénéficier d’atouts majeurs pour sa commercialisation », assure le ministre du commerce et de la promotion des exportations.
En parallèle, l’Algérie se lance dans l’organisation d’expositions propres à elle et la première sera tenue en Mauritanie avec 150 exposants algériens pour lesquels le gouvernement prendra en charge 80% de leur financement, avec, en plus des subventions pour le transport qui représentent 50% du total des frais de transport. « Nous avons aussi l’accompagnement des potentiels exportateurs par le biais de la diplomatie économique que nous menons en coopération avec nos collègues du ministère des affaires étrangères dans le cadre d’ALGEX qui est l’agence chargée du développement du commerce extérieur », rappelle notre interlocuteur.
Il faudrait aussi relever le rôle joué par les Conseils d’Affaires créés par l’Algérie en partenariat avec les pays frères et amis qui sont au nombre de 37 déjà mis en place à ce jour, qui devraient arriver jusqu’à 70 à la fin de cette année. « Je pense que tous ce que réalise le gouvernement comme mécanismes d’accompagnement des opérateurs économiques, de création d’aires d’exposition permanente dans certains pays et de mesures concrètes de soutien aux opérateurs économiques s’inscrit dans la dynamique instaurée par M. le président de la république dans son programme visant à la promotion de l’exportation de produits algériens hors-hydrocarbures parce que le produit algérien est devenu compétitif et se caractérise par une qualité supérieure aux normes internationales », affirme encore Pr Kamel Rezig.
Numérisation tout azimut
« Pour la numérisation du secteur du commerce, nous pouvons affirmons que nous avons pratiquement terminé cette opération, comme pour le registre du commerce qui est numérisé à 100% et nous avons même l’accord du gouvernement pour la création d’un portail électronique permettant de bénéficier d’un registre de commerce de façon entièrement numérisée », relève M. le ministre du commerce et de la promotion des exportations.
Quant aux autres secteurs du ministère du commerce, des pas de géants ont été réalisés dans leur numérisation, à l’exemple du portail des importations qui est opérationnel et offre divers services aux opérateurs. Le ministère lancera par ailleurs une autre opération numérisée qui est le contrôle par QR code au courant du premier trimestre de l’année en cours après son essai à travers la capitale, elle sera lancée dans 14 autres wilayas du pays avant sa généralisation après approbation du gouvernement.
Concernant le Code Barre, un arrêté interministériel vient d’être publié et entrera en application le 29 mars 2023, ce qui nous permettra un contrôle plus efficace et une lutte contre la tromperie sur la qualité ou toute autre pratique illégale. Grâce au code barre, l’inspecteur du commerce pourra contrôler les produits avec son téléphone portable et même dresser des procès-verbaux sur place. « Nous sommes dans les dernières retouches pour lancer cette opération à travers 14 wilayas (centre, est, ouest et sud) puis nous l’évaluerons et la présenterons au gouvernement pour approbation », indique notre interlocuteur.
Spéculation illicite : quand l’application de la loi porte ses fruits
Alors que l’Etat algérien faisait des efforts colossaux pour maintenir un approvisionnement régulier du marché, certaines parties qui aiment vivre comme des sangsues et sucer le sang des citoyens, se sont lancées dans une spéculation effrénée et ininterrompue touchant les produits subventionnés par l’Etat (huile, lait, semoule, farine) et dont le besoin se fait sentir au quotidien par le citoyen. Le président de la république a alors donné des instructions fermes pour la mise au point d’une loi plus répressive afin de lutter de manière ferme contre ces individus. L’application stricte de cette loi a donné des résultats probants et, actuellement, le marché se trouve approvisionné de manière plus que satisfaisante.
« Depuis 2020, de très grands efforts ont été consentis par l’Etat et le gouvernement a mis tous les moyens pour garantir un approvisionnement de tous les produits dont a besoin le citoyen, supportant même les frais de transport de ces produits vers les régions du sud, même les plus reculées, ces frais se comptent par dizaines de milliers de milliards de dinars. Malheureusement, il y avait une certaine catégorie de personnes qui ramaient dans le sens contraire, je ne dis pas tous les commerçants, juste une infime partie car ils ne sont que 200 ou 300 sur un total de … 2 millions 500 mille commerçants, soit un pourcentage qui est en-dessous de zéro. Il nous est arrivé de distribuer au niveau de la capitale, en une journée, ce que nous distribuons sur l’ensemble du territoire nationale, et toute cette quantité partait dans les magasins de stockage de ces spéculateurs sans foi ni loi. Il fallait donc prendre les mesures nécessaires et c’est M. le président de la république lui-même qui a ordonné de criminaliser la spéculation et d’appliquer la loi dans toute sa rigueur. Donc, et grâce à cela, tout le monde a pu constater que les produits introuvables sur le marché sont réapparus en l’espace d’une semaine et, jusqu’à maintenant, nous les trouvons partout, en quantités plus que suffisantes », précise notre interlocuteur.
Pr Kamel Rezig a tenu à mettre en exergue la décision de l’application stricte de la loi à laquelle se sont attelés tous les intervenants à commencer par le ministère du commerce, celui de la justice ainsi que les services de sécurité. Il rappelle en outre les instructions du président de la république concernant la disponibilité de tous ce dont a besoin le citoyen algérien, que ce soit en biens nationaux et importés ou en services, instructions qui ont été suivies à la lettre pour le bien-être des algériens.
Actuellement, toutes les dispositions sont prises pour éviter toute rupture d’approvisionnement de tout produit, notamment ceux de première nécessité, et tous les intervenants s’impliquent dans cette optique.
« Tout mon respect et mes remerciements aux commerçants honnêtes »
Avant de clore l’entretien qu’il a accordé à La Patrie News, le ministre du commerce et de la promotion des exportations, Pr Kamel Rezig, a tenu à présenter tout : « mon respect et mes remerciements à nos frères commerçants qui sont demeurés honnêtes malgré tout, nous les saluons pour leur engagement à participer à l’approvisionnement régulier et ininterrompu des citoyens avec tout ce dont ils ont besoin en produits et je leur souhaite plus de gains et de bonheur pour l’année 2023 que nous entamons dans les meilleures conditions. Je salue aussi tous les fonctionnaires du ministère du commerce et tous ceux qui coopèrent avec nous pour permettre aux citoyens de trouver tout ce dont ils ont besoin sur les étals des marchés et des magasins ».
Il a enfin souhaité que l’année 2023 soit ‘’une année d’exportation par excellence’’ et profite pour lancer un appel à tous les potentiels exportateurs, notamment ceux qui ne se sont pas encore lancés effectivement dans l’exportation de leurs produits que : « les pays africains attendent vos produits et le ministère du commerce et de la promotion des exportations, avec tous ses démembrements, sont à votre service et vous assurent de leur accompagnement dans cette aventure exaltante, car l’Algérie possède de très grandes capacités d’exportation que nous devons exploiter et mettre à profit. Je rappelle enfin que le produit algérien est devenu très compétitif sur le marché international à tous points de vue et nous devons tous nous engager dans sa promotion ».