Exclusif / Rahim Aissaoui, l’Algérien qui a sauvé du viol une fille en France se raconte pour LAPATRIE NEWS : « N’importe quel Algérien aurait fait la même chose »
Natif du quartier populaire d’Hussein Dey, Rahim Aissaoui est sorti de l’anonymat brusquement, et comme par miracle, en sauvant du viol, voire de la mort, au mois de juin passé, une jeune Française.
Pour lui, les choses ont basculé brusquement du tout au tout. Il a même fait la Une de la presse hexagonale pendant plusieurs jours. Joint par téléphone grâce à des amis communs, il a accepté de se confier en exclusivité à LA PATRIE NEWS. « Mon histoire n’est pas celle d’un harraga classique », détaille-t-il.
Tout a basculé pour père de trois enfants, relativement aisé, grâce au commerce du « cabas ». « Je faisais des vas et viens entre l’Algérie et la France durant les années 1990. Ça marchait relativement bien pour moi, jusqu’au jour, raconte-t-il, où nous avons été, moi et mes enfants, invités à passer le réveillon en France ». « Mes enfants ont beaucoup aimé. J’ai donc pris le risque de m’installer en France en vendant tout ce que je possède ».
De fil en aiguille, et pour zapper le détail lassant pour les lecteurs, il a fini, sans papiers, par toucher le fonds. À cause des problèmes surgis entre lui et son frère, résidant en France, qui l’hébergeait, il a failli se retrouver dans la rue alors que sa femme était enceinte de son troisième enfant, âgé aujourd’hui de sept mois. « J’ai vraiment touché le fonds, en me résignant à appeler le 115, raconte-t-il, en ajoutant que lui, sa femme, et ses deux enfant, garçon de quatre ans et une adolescente e 13 ans, on vivait entassés dans une chambre exiguë en Seine-et-Marne. Le jour fatidique, alors que, lui et ses enfants, avaient pris l’habitude de sortir se dégourdir les jambes, dans un coin vert situé aux alentours, son fils, par un miracle inexplicable, avait fraichi un mur par un trou que je n’avais jamais remarqué auparavant alors que je passais devant tous les jours que Dieu fait. « Ce n’était pas un miracle, martèle-t-il avec conviction. C’est la main de ma défunte mère que je n’ai pas revue avant sa mort, qui me guidait. Arrivé sur les lieux, il remarque une fille allongée dans un coin de verdure, qui geignait doucement.
Ses geignements, anormaux, avec cet homme qui la plaquait au sol, ont fini par lui sembler anormaux. N’écoutant que son courage, il s’est résigné à approcher. L’agresseur portait bel et bien un couteau de commando et, lui, n’avait pour arme que misérable petit bâton dont il avait pris l’habitude de se munir lors de ses promenades champêtres. Malgré les risques encourus par ses enfants, lui le sans-papiers, il a volé au secours de cette jeune fille. « J’ai fait mine de le frapper à la tête trois fois avec mon bâton, en lui criant de la lâcher. A la question de savoir s’il avait eu peur pour ses enfants, il avoue n’y avoir pas réfléchi, ajoutant humblement que n’importe quel Algérien aurait fait la même chose à sa place.
Il faut croire que non. C’est avec le téléphone de cette fille, qui l’appelle désormais « mon sauveur » qu’il a appelé les secours, et les policiers ». La fille, hospitalisée trois jours après avoir subi une opération chirurgicale, a bien sûr témoigné en sa faveur. « Les policiers, dit-il en souriant, n’arrivaient pas à comprendre mon geste dans cette patrie de l’égoïsme et du chacun pour soi. C’est discutant avec moi, en me posant des centaines de questions qu’ils ont fini par comprendre, et même par devenir mes amis, moi le sans-papiers ». Leur commissaire, qui lui avait promis d’en parler au préfet, a même été pris de vitesse par celui-ci. Quelques jours les papiers de tous les membres de sa famille étaient prêts. Ils lui ont été remis le 11 juin, jour anniversaire de sa défunte mère, signe que celle-ci veillait sur lui, et guidait ses pas. » Aujourd’hui, toujours sans toit, avec un enfant qui apprend à marcher, il nous raconte qu’il touche de l ‘argent sans travailler. Mais son désir premier, est de trouver un appartement convenable : « lors de certaines de mes procédures administratives, nous dit-il en rigolant, je n’hésite pas à rappeler qui je suis. Un tapis rouge se déroule alors sous mes pas.
Le destin tragique de Rahim Aissaoui a fait qu’il n’a pas pu voir sa mère avant qu’elle ne meurt. Il ne peut d’ailleurs toujours pas se recueillir sur sa tombe. Il en souffre au point que la première fois que je lui ai parlé au téléphone, en évoquant ce sujet douloureux et sensille, il a éclaté en sanglots, et n’a donc pas pu mener à bien notre entretien. Plus tard, il m’a raconté que son frère se recueillait quotidiennement sur cette tombe, et lui récitait par téléphone des versets du coran. Or, il y a de cela environ un mois, le cœur de son frère a lâché brusquement, en plein cimetière, au-dessus de la tombe de sa chère mère.
En attendant de décrocher le graal : un appartement bien à lui, où son petit dernier pourra gambader à son aise, son rêve le plus fou est de rentrer au pays, se recueillir enfin sur la tombe de sa mère. « Une fois de retour Alger, la première chose que je ferais sera d’aller manger des brochettes chez « A… », qui officie à Hussein Dey. Souhaitant, pour finir, plein établissement au président Tebboune, nous apprend que des gens se chargent de lui « apprendre » certaines règles de base de la république française. Ce disant, il rit sous cape en nous rappelant que les Algériens ont beaucoup de choses à apprendre aux Français en matière d’abnégation et d’empathie ce qui n’est pas peu dire…
Un grand salut à « La Patrie News » :
Notre interlocuteur, qui attend encore un toit décent pour sa famille, lance un message de soutien à La Patrie News, à qui il réserve en exclusivité ses premières déclarations et images dès qu’il posera de nouveau le pied sur le sol national avec, pour objectif premier d’aller se recueillir sur la tombe de sa défunte et regrettée maman.
Le consul de Créteil aux petits soins avec la diaspora
En déplacement ce mercredi, pour se faire délivrer quelques papiers, Rahim Aissaoui a constaté le grand empressement, et la sollicitude du consul de Créteil, aux petits soins envers les Algériens, présents en grand nombre au sein de ce consulat. Il a tenu à saluer l’empathie de ce diplomate envers ses concitoyens, à l’écoute de tout le monde, conseillant les uns et les autres, et faisant de son mieux pour venir en aide à ces personnes, le plus souvent en détresse, et loin du pays, à cause de cette pandémie de coronavirus.
Mohamed Abdoun