Certes, il ne fallait pas s’attendre à des miracles de la part de l’ONU. Il n’en demeure pas moins que de notables avancées (formelles) sont constatées dans les derniers rapports d’Antonio Guterres, SG de l’ONU ; destiné au conseil de sécurité, et que nous avons pu consulter en exclusivité. Guterres y reconnait enfin que cette région se trouve bel et bien en état de guerre.
Des drones marocains ont été repérés plus de 12 fois dans les zones libérées du Sahara occidental. Le Secrétaire général a également reconnu pour la première fois la mort de 11 civils par des drones marocains.
Le rapport, dans sa partie relative aux opérations militaires, indique que l’armée sahraouie concentrait ses attaques sur la zone de Mahbas et que la MINURSO n’était pas en mesure de confirmer les affirmations des deux parties concernant ces attaques.
Il admet aussi l’existence de plus d’une dizaine de victimes civiles, touchées par les drones marocains, dont l’état d’occupation coloniale applique du terrorisme d’Etat au niveau des zones libérées sahraouies.
Très détaillé, le rapport, qui confirme que la MINURSO n’a guère chômé, comptabilise en détail le nombre d’attaques menées par l’APLS (armée populaire de libération du Sahara Occidental), principalement dans la région de Mahbes.
Le rapport pointe également la plus d’une centaine d’incursions des drones tueurs marocains au niveau des territoires libérés. Même s’il souffle le chaud et le froid, en plaidant en faveur du retour au statut-quo, qui ne sert que les intérêts marocains, ce rapport ne comporte pas moins de notables avancés.
12 incursions de drones marocains dans les territoires libérés
Mieux, il vient confirmer le changement d’attitude de l’ONU vis-à-vis de ce conflit. Le conseil de sécurité, dans son prochain rapport, va très certainement adopter une résolution contraignante aux fins de pousser le Maroc à lâcher du lest, et à permettre à la légalité internationale de reprendre son droit de citer.
Le présent rapport est soumis conformément à la résolution 2654 (2022) du Conseil de sécurité, par laquelle le Conseil a prorogé le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) jusqu’au 31 octobre 2023 et dans laquelle le Secrétaire général a été prié de présenter un rapport sur la situation au Sahara occidental avant la fin du mandat.
Entre les lignes, selon la lecture de la copie préliminaire du rapport du secrétaire général de l’ONU, on lit l’impuissance de Guterres et de son envoyé personnel, Staffan de Mistura, face à un conflit qui dépend entièrement de la décision d’un Conseil de sécurité. dans lequel les acteurs les plus importants veillent davantage à leurs intérêts qu’à l’application du droit international.
Guterres réitère sa conviction qu’une « solution mutuellement acceptable » est possible. Cependant, la seule proposition qui avance pour parvenir à cette solution est l’instauration d’une nouvelle trêve sans conditions ni garanties pour les Sahraouis. Dans ce sens, le chef de l’ONU affirme au paragraphe 95 du rapport qu’il « prend acte de l’intention déclarée (mais mensongère) du Maroc de continuer à respecter le cessez-le-feu et les dispositions des accords militaires et de maintenir une coopération étroite avec la MINURSO » à tous les niveaux.
« J’exhorte le Maroc à rester fidèle à cet esprit et à s’abstenir de mener de nouvelles activités militaires qui impacteraient la population civile et affecteraient directement ou indirectement les opérations de la MINURSO à l’est de la berme », ajoute Guterres, qui semble oublier que celui qui est à l’origine de la reprise des opérations Les hostilités au Sahara occidental sont encouragées par le Royaume du Maroc par ses partisans au Conseil de sécurité et au Secrétariat général de l’ONU.
Au paragraphe 89, Antonio Guterres semble chercher toutes sortes d’astuces pour convaincre les membres du Conseil de sécurité de la nécessité d’imposer un cessez-le-feu du côté sahraoui. «La poursuite des hostilités et l’absence de cessez-le-feu entre le Maroc et le Front Polisario continue de constituer un obstacle majeur à la recherche d’une solution politique à ce vieux différend. Les incursions quotidiennes dans la bande tampon adjacente au berm menacent encore davantage la stabilité de la région, avec un risque réel d’escalade tant que les hostilités perdurent. Les frappes aériennes et les tirs à travers le berme continuent de contribuer à la montée des tensions. Dans ce contexte, il est essentiel que le cessez-le-feu soit rétabli », déclare le SG de l’ONU.
Le Polisario refusera désormais de déposer les armes, comme nous l’a dit Mohamed Sidati, ministre des Affaires Etrangères de la RASD. « Si des négociations doivent avoir lieu, ce sera avec les armes à ma main.
Et uniquement pour s’entendre sur la date de tenue du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui » ; nous a-t-il assuré. De son côté, Guterres se dit convaincu qu’« il est possible de trouver une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, conformément aux résolutions 2440 (2018), 2468 (2019), 2494 ». (2019), 2548 (2020), 2602 (2021) et 2654 (2022) du Conseil de sécurité » pour autant, précise-t-il, « que toutes les parties intéressées agissent de bonne foi et qu’il existe une volonté politique ferme et un soutien constant de la part du Conseil de sécurité ». et de la communauté internationale.
Il reste cependant ambigu, refusant de pointer du doigt les parties qui ne montrent ni intérêt ni bonne foi dans ce processus onusien qui dure depuis plus de 35 ans. On peut donc conclure que le rapport Guterres sur le Sahara occidental n’est rien d’autre qu’un simple plaidoyer en faveur d’un cessez-le-feu dont l’instauration depuis 30 ans n’a pas porté le moindre fruit et dans lequel le perdant est celui dont les ressources sont prises et leurs citoyens. victimes des pires atrocités commises par les forces d’occupation. Il s’ensuit que toute cessation des hostilités est synonyme du rétablissement du statu quo tant souhaité par le soutien du Maroc au Conseil de sécurité.
Guterres a reconnu dans son rapport que la mission de la MINURSO avait collecté 19 rapports provenant de diverses sources sur cette question. Dans ce rapport, il n’est curieusement pas question de la situation dramatique dans les territoires occupés, ni des prisonniers politiques. Normal, nous disent des sources diplomatiques : il a été écrit avant que de Mistura n’arrive à se rendre dans les territoires occupés.
Le prochain rapport sera porteur de bonnes nouvelles, attendu qu’il est devenu évident pour tous que c’est le Maroc qui foule aux pieds la légalité internationale, et qui mérite donc de subir de sévères sanctions.
Faute de quoi, cette affaire de décolonisation, si simple à résoudre, ne connaitra jamais d’avancées notables. Avis !
El Ghayeb Lamine