Expo-photo d’Elli Lorz sur le Sahara Occidental : Des sacs de ciment éventrés en guise de podcasts et d’anti-épitaphe !
La talentueuse photographe Elli Lorz, a réussi l’exploit de se fendre dan la masse et de séjourner incognito18 longs mois dans les territoires occupés sahraouis. C’est au moment de son départ qu’elle a été débusquée, et qu’elle s’est fait discrètement confisquer l’essentiel de sa documentation, laborieusement amassée. Elle y a laissé amour, amitié et courage. Des qualités que l’occupant marocain n’est pas aptes à comprendre ou à apprécier. Elle expose en ce moment en France certaines de ses photos prises dans les territoires occupés. Nous avons pris contact avec elle, et espérons que sa modestie et sa discrétion habituelles, ne l’empêcherons pas de témoigner pour nous de sa riche et irremplaçable expérience. En attendant, nous donnons intégralement le texte annonçant cette expo dont l’originalité artistique le dispute à la qualité du jeu de la lumière sur les couleurs. Voici le texte surprenant annonçant son atypique exposition
La Patrie News
Expo-photo d’Elli Lorz sur le Sahara Occidental : Des sacs de ciment éventrés en guise de podcasts et d’anti-épitaphe !
Camille Szklorz, photographe talentueuse, passionnée et très engagée en faveur de la cause sahraouie, de son nom d’artiste Elli Lorz, a réussi l’exploit de se fendre dan la masse et de séjourner incognito18 longs mois dans les territoires occupés sahraouis. C’est au moment de son départ que les sbires d’Abdellatif Hammouchi, chef des services de sécurité et de renseignements marocains, l’ont débusquée, avant de lui subtiliser la quasi-totalité de sa volumineuse documentation amassée durant son séjour. L’importance de cette prise a fait que Hammouchi s’est déplacée en personne pour superviser son expulsion, et veiller à ce qu’elle n’emporte rien avec elle. Elle y a laissé amour, amitié eu courage. Des qualités que lui et ses hommes ne sont pas aptes à comprendre ou à apprécier. Elle expose en ce moment en France certaines de ses photos prises dans les territoires occupés. Nous avons pris contact avec elle, et espérons que sa modestie et sa discrétion habituelles, ne l’empêcherons pas de témoigner pour nous de sa riche et irremplaçable expérience. En attendant, nous donnons intégralement le texte annonçant cette expo dont l’originalité artistique le dispute à la qualité du jeu de la lumière sur les couleurs.
La Patrie News
Le Sahara Occidental reste le dernier territoire à décoloniser sur le continent africain : Une respiration de combat
« Situé entre le Maroc, la Mauritanie, et l’Algérie, cette ancienne colonie espagnole est envahit illégalement par le Maroc en 1975. La brutalité de l’invasion militaire a forcée la majeure partie du peuple sahraoui à fuir vers des camps de réfugiés dans le désert algérien. Un mur militaire marocain de 2 700 km sépare le peuple. Les Sahraouis restés sur le territoire occupé sont minoritaires face aux colons et subissent la répression exercée par les autorités marocaines.
Depuis 1991, les Nations Unies ont été mandatées d’organiser un référendum d’autodétermination. Cependant un statu quo règne, laissant l’occupation marocaine s’intensifier, au mépris du droit international.
Un combat de respiration oppose au quotidien deux forces : le colon et le colonisé. Plus les Marocains occupent l’espace, et plus la respiration des Sahraouis est étouffée.
Ce projet s’articule autour d’un travail photographique et un travail d’écriture de témoignages mené avec des habitants sahraouis.
Les portraits, pour la plupart anonymes, sont réalisés à l’intérieur des maisons ou sur les toits, afin d’éviter la délation des colons marocains et échapper à la surveillance policière.
Les textes sont écrits sur des papiers d’emballage de sacs de ciment collectés sur les chantiers de construction.
Ce support d’écriture fait écho aux récits des survivants des disparitions forcées du bagne secret de Kalaat M’gouna.
Face à l’augmentation du nombre de disparus (entre 1976 et 1991), des travaux d’adaptation furent réalisés dans ce bagne. Les sacs de ciment glanés par les prisonniers seront un des rares supports clandestins d’écriture et de communication entre les cellules.
Les ex-disparus expriment le sentiment qu’à leur libération ils migrent d’un bagne à une plus grande prison : le Sahara occupé. Un sentiment que partage les sahrouis vivant sous occupation aujourd’hui.
Les autorités marocaines refusent l’entrée au Sahara Occidental et expulsent les observateurs étrangers, qu’ils soient journalistes, membres d’une ONG, juristes, militants, députés…
Inaudibles et invisibilités par cet enfermement depuis 1975, les témoignages des Sahraouis ont ainsi été écrits clandestinement sur ce même support, avec le risque quotidien qu’ils disparaissent aux mains de la police marocaine.
Ce papier de ciment fait également référence à l’expansion urbaine résultant du peuplement marocain. Deux entreprises européennes sont implantées illégalement et produisent le ciment.
Aujourd’hui, le développement du Sahara est un argument central du Maroc pour justifier et légitimer sa présence illégale. Les constructions et l’urbanisme figurent comme une vitrine pour cacher l’oppression et les violations du droit international.
La forme finale de ce projet résulte à la fois de l’aspect clandestin de la réalisation et de la censure opérée par les autorités. Deux disques durs externes seront secrètement volés par la police marocaine et remplacés par des disques vides. Les témoignages manuscrits, volés et remplacés par des feuilles vierges. Enfin, un dernier disque dur disparaît d’un ordinateur portable lors d’une opération policière.
Malgré ces aléas, certaines photos sont sauvées et les témoignages ont été recopiés sur le même papier par les réfugiés sahraouis en France. Les faces extérieures des témoignages sont ici présentées à côté des portraits correspondants, et les textes sont donc présentés à part. Il s’agit de souligner qu’à la censure s’ajoute une autocensure, résultant d’une peur des représailles.
L’ensemble du projet expose l’oppression coloniale et ses mécanismes de dépossession (territoriale, historique, culturelle, économique, documentaire). À la marge de la représentation depuis 1975, la participation des habitants et l’ensemble des témoignages sonnent comme un cri d’existence face à l’interdiction d’être et l’injonction à disparaître.
Les 10 photos sur le Sahara sont visibles à l’hôtel Jules César dans le cadre du prix Arles Expo Off, 9 Bd de Lices, jusqu’au 28 août